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Sylvain Chomet • Réalisateur

«L'animation est comme le mime»

par 

- Rencontre avec le réalisateur des Triplettes de Belleville, le film d'animation présenté avec succès au dernier Festival de Cannes: «Dans les films il y a trop de dialogues»

Présenté à Cannes Hors Compétition, Les Triplettes de Belleville [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
a fait sensation. Un film qui est destiné à faire parler de lui, de sa beauté esthétique époustouflante et de son absence de dialogues. Malgré les difficultés rencontrées Les triplettes de Belleville, premier long-métrage de Sylvain Chomet, est dessiné avec un style «rétro» très raffiné. L’équipe de Cineuropa a eu occasion de rencontrer le réalisateur et le producteur français, Didier Brunner.

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Pourquoi avoir fait le choix d’un film de ce genre?
Sylvain Chomet: «Je fais de la bande dessinée en plus de mon travail d’animateur. J’ai eu la chance d’apprendre l’animation en Angleterre. Pour moi l’animation c’est l’art du mime, quand on peut se passer des dialogues je trouve qu’on met en relief la beauté des gestes, la beauté des regards. La prouesse, surtout dans les films hollywoodiens, est de faire des gags très rapides, plus que de travailler sur le mouvement. Quand on regarde les Walt Disney on se rend compte que les premiers films étaient beaucoup moins bavards.
L’animation est un art en évolution. C’est souvent le hasard qui trouve des solutions. A mon avis les 12 principes de l’animation pensés par Walt Disney dans les années ’40 ont figé l’animation. Pour moi le travail d’animateur consiste à montrer que des personnages dessinés peuvent être des bons acteurs».

Avez-vous travaillé avec Nicolas de Crécy pour les décors de ce film?
«Non pas sur ce film. J’ai travaillé avec Nicolas sur mon premier film, le court La vieille dame et les pigeons. Je le connais depuis 15 ans. Nous sommes des facettes d’une même médaille. Lui a continué dans la db moi dans l’animation. Moi j’aborde le problème par le mouvement. Pour Belleville je eu envie de faire des panoramiques verticales. En ce qui concerne le style je pense qu’on s’est influencé l’un l’autre. Lui a été connu avant moi, moi j’apprenais le métier d’animation. Nous avons un univers et sensibilité commune. Tous les deux nous avons été influencés par André Gossens».

Le personnage de Champion, le coureur, ressemble à Fausto Coppi, vous êtes-vous inspiré à lui?
«Champion est le premier personnage que j’ai dessiné. Quand j’ai pensé à la tête d’un cycliste j’ai pensé à quelqu’un de gentil. Je me suis documenté sur les cyclistes de l’époque, et c’est vrai que Fausto Coppi avait ce coté taillé au couteau. Pour moi les cyclistes sont des personnages qui ressemblent à des enfants. Au même temps j’ai pensé: à quoi ça doit ressembler quelqu’un qui court toute la journée? Dans un reportage des années ’50 on voyait que les cyclistes ne savaient plus marcher. Ils avaient l’air magnifiques sur leur ‘monture’ et dès qu’il étaient à terre il n’arrivaient pas à marcher. L’idée des montures m’a fait penser à insérer des bruits de chevaux derrière».

C’est un film nostalgique mais avec un rythme envoûtant. Le début est très cartoon, et au fur et à mesure on a l’impression de rentrer dans le live. C’est comme ça?
«Ce c’est que je voulais faire. J’ai commencé avec un dessin animé cartoon, le son mono et l’image abîmée. En rentrant dans le corps du film j’ai voulu donner l’impression qu’on regardait autre chose, pas uniquement un dessin animé».

Quel rôle joue la musique ? «Toutes le musiques sont originales et fantastiques. Les musiciens dans le film jouent avec des outils ménagers. La musique réalisée avec le frigo et l’aspirateur est très émouvante».

On dirait que les personnages sont dirigés par un metteur en scène…
Didier Brunner: «Oui, il y a eu un vrai travail de direction d’acteur. J’ai vu travailler Sylvain avec les animateurs d’une manière très gestuelle. Chaque caractère a un mouvement, bouge avec sa propre personnalité».

S.C.: «L’animation c’est du cinéma, on ne peut pas faire du cinéma avec des mauvais acteurs».

Quel a été le temps de réalisation?
«Nous avons commencé le film avec la 2D et nous nous sommes aperçus que nous avancions très lentement, 2 secondes à la semaine. C’est pour ça que nous avons fait appel aux studios belges et français pour la dernière scène, celle de la poursuite en voiture qui est très longue et très complexe. Je suis très content de cette collaboration qui en définitive a permis de finir le film dans les temps. Nous avons travaillé à distance. Même pour ça nous avons perdu beaucoup de temps, mais j’ai compris que l’esprit de la 3D est le même que celui de la 2D. Je suis arrivé à garder l’esthétique 2D avec la 3D».

A quel public s’adresse le film?
«A l’origine je n’ai pas fait un film pour les enfants. Il y a des références à Charles de Gaulle et au Tour de France. Finalement le film peut être vu par des enfants, qui comprennent tout mieux que les adultes. Il n’y a pas de scènes violentes; il y a une personne qui est tué, mais on ne la voit pas».

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