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Alberto Rodríguez • Réalisateur

“Chaque film est tout un monde”

par 

- SAN SEBASTIAN 2016 : Après le succès de La isla mínima, le Sévillan Alberto Rodriguez revient avec un thriller politique ambitieux, L'Homme aux mille visages, inspiré de faits réels

Alberto Rodríguez • Réalisateur
(© Gari Garaialde/SSIFF)

L'Homme aux mille visages [+lire aussi :
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vient de faire son avant-première mondiale en compétition au 64e Festival de San Sebastian, une semaine avant sa sortie en Espagne. Après l’excellent accueil fait par le public, la critique et les jurys au film précédent du Sévillan quarantenaire Alberto Rodriguez, La isla mínima [+lire aussi :
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, lui-même sélectionné au grand événement basque il y a deux ans et couronné par deux prix (meilleur acteur pour Javier Gutierrez et meilleure photographie pour Alex Catalán), les attentes sont grandes pour ce nouveau thriller.

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Cineuropa : Dans notre précédente interview, juste avant la sortie de La isla mínima, vous disiez que vous aviez déjà L'Homme aux mille visages en tête.
Alberto Rodríguez
: C’est un projet qui attendait de voir le jour depuis longtemps, un projet presque maudit qu’on a d’abord proposé à Enrique Urbizu et à d’autres. Quand il y a renoncé, c’est à moi qu’on en a confié les rènes, alors que je terminais Grupo 7 [+lire aussi :
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. Hélas, on n’a pas trouvé de financements et le projet a été arrêté. Il a repris après quand l’argent et les opportunités sont arrivées. Le film avait donc nécessité beaucoup d’années de travail, mais pour moi, il en valait la peine. C’était aussi un changement de cap professionnel que je voulais, car ce projet n’a pas grand chose à voir avec le précédent et que c’est très difficile, après un succès de la sorte, de répéter cette expérience très spéciale, de sorte que j’y ai vu une bonne occasion de me faire plaisir et de changer de direction.

C’est aussi un film produit avec un gros budget.
L’histoire, très complexe, le requérait, parce qu’elle s’étale sur de nombreux lieux différents. Idéalement, il aurait même fallu un peu plus d’argent, comme toujours. On m’a fait lire le livre de Manuel Cerdán, Paesa: el espía de las mil caras, car je n’avais qu’un vague souvenir de l’affaire. Ce qui m’a interpellé, c’est que bien qu’elle se passe en 1994, en découvrant le texte, je me suis dit que l’affaire pourrait tout aussi bien se passer en 2011. Cela m’a plu, ainsi que le bruit qu’a fait l’affaire Roldán et les détails peu connus que reprenait le livre, surtout que les gens ne se souviennent que mal de l’affaire Paesa y Roldán : ils se la rappellent telle qu’elle est restée dans la mémoire collective, déformée et changée.

Qu’avez-vous dû sacrifier, adapter ou modifier du livre dans le film ?
Beaucoup de choses, parce que le livre est un texte journalistique, alors que pour nous, il s’agissait de bâtir une fiction sur des faits réels. Il fallait créer un récit de fiction avec un sujet central. Pendant la phase de documentation, nous avons ingénument tenté d’arriver à quelque chose de semblable au réel, mais nous nous sommes rendu compte que c’était impossible. Le nombre de versions fournies par les gens que nous avons interrogés et par les livres que nous avons lu sur la question nous ont amenés à conclure que personne, sauf peut-être trois ou quatre individus, ne connaissait la vraie histoire et que nous ne ferions jamais l’exception. Ainsi, mon co-scénariste Rafael Cobos et moi avons décidé de raconter quelque chose qui aurait pu se passer. Beaucoup d’événements se sont passés comme nous les rapportons, de manière avérée, mais nous en avons inventé d’autres, parce qu’il s’agissait d’évoquer ce qui s’est passé, pas d’en faire un documentaire. C’est une histoire que vous raconte quelqu’un, c’est-à-dire un récit plein de toute la vérité et de tout le mensonge qu’on trouve dans n’importe quel récit.

Vous avez ré-engagé pour ce film toute l’équipe de La isla mínima.
L’équipe est la même pratiquement depuis mon premier film, El factor Pilgrim. Des gens s’y sont ajoutés à mesure que les films se sont compliqués.

Est-ce un gros fardeau qu’un projet aussi vaste qu’El hombre de las mil caras, nécessitant des prises de vue dans tant de pays étrangers ?
Oui, c’est compliqué. Nous avons intégré dans le scénario des lieux où nous n’étions jamais allés. On se documente, bien sûr, mais la réalité surprend toujours. Par exemple, à Singapour, je pensais trouver un ciel dégagé et bleu, et voilà que je me retrouve dans une city immense, avec des édifices géants bloquant la lumière avant qu’elle vous arrive. En Malaisie, ils brûlent les champs, ce qui crée une telle quantité de fumée qu’elle laisse un affreux brouillard permanent : c’est pour ça que dans le film, le ciel semble toujours nuageux. Dans chaque lieu, les équipes étaient différentes, mais ça m’a appris beaucoup, parce que chaque film est tout un monde.

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(Traduit de l'espagnol)

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