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Anniken Hoel • Réalisatrice

"Quand on a commencé à recevoir des menaces, on a su qu'on cherchait aux bons endroits”

par 

- Cineuropa a rencontré la réalisatrice norvégienne Anniken Hoel, qui a présenté le documentaire d’investigation Cause of Death: Unknown dans la section Discoveries du Festival de Varsovie

Anniken Hoel  • Réalisatrice

La Norvégienne Anniken Hoel enquête sur la mort de sa soeur en 2005 dans Cause of Death: Unknown [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Anniken Hoel
fiche film
]
, qui propose un panorama critique sur l’industrie pharmaceutique et la prescription pour beaucoup excessive de médicaments anti-psychotiques. Le film a été projeté dans la section Discoveries du 33e Festival de Varsovie.

Cineuropa : C’est une histoire qui vous touche très personnellement que vous racontez ici.
Anniken Hoel :
Un an après avoir commencé un journal vidéo, je me suis rendu compte que je n’arriverais pas à aller de l’avant sans savoir ce qui était vraiment arrivé à ma sœur. Au départ, je n’imaginais pas du tout que ce film parlerait de l’industrie pharmaceutique, bien que je sache déjà, en revanche, que cette histoire aurait deux niveaux de lecture : un concernant ma soeur, l’autre rattaché à l’enquête que je me proposais de mener sur la cause de sa mort. Nous sommes allés aux États-Unis, où des documents ayant fait l’objet d’une fuite fournissaient la preuve qu’une société savait qu’un de leur produit pouvait entraîner la mort subite. Ça a été une des premières fuites sur WikiLeaks. Il y avait des centaines de milliers de documents, de sorte que cela m'a pris, ainsi qu’à mon producteur Andrew Grant, des années pour tout lire.

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Aux États-Unis, vous avez reçu des menaces par e-mail et SMS. Quelle a été votre réaction ?
Quand on a commencé à recevoir des menaces, on a su qu'on cherchait aux bons endroits.

Bien que votre sœur soit morte en Norvège, le film se concentre principalement sur l’industrie pharmaceutique américaine. Pourquoi ?
C'est tout un système. Nous avons plus d'informations sur la situation aux États-Unis parce que leur système judiciaire, qui facilite les poursuites en justice, a de fait permis la fuite des documents. Bien qu'il n'y ait pas de procès similaire contre les entreprises pharmaceutiques en Europe, nous savons que c’est un lobby puissant et que ceux qui décident des normes de l’UE se conforment aux voeux de l’industrie.

Avez-vous eu des problèmes avec la justice, en préparant ce film ?
Non. À vrai dire, nous avons le même avocat que celui qui s’est occupé de Citizenfour [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(le documentaire de Laura Poitras sur le lanceur d’alerte Edward Snowden) et il a passé tout le film au peigne fin. Nous ne sommes pas inquiets à ce niveau-là.

À côté des interviews, il y a des scènes qui semblent représenter vos rêveries à propos de votre sœur...
Elle est là, en robe noire, de dos, parce que c’est toujours comme cela que je la vois dans mes rêves, comme une personne que je ne pourrai plus atteindre. Ma silhouette est là aussi, parce que c’est moi qui raconte son histoire et la propose au reste du monde.

Le film parle de “gens qui sont autrement en bonne santé” et pourtant sont morts, c’est-à-dire de gens atteints de maladies mentales. Ne pensez-vous pas qu’il y a dans le cerveau une cause physique à leur maladie ?
Une maladie mentale n’est pas une maladie physique. Il n’y a rien dans le corps du patient atteint d’une maladie mentale qui puisse entraîner une mort subite.

Le film se concentre exclusivement sur les arguments contre les médicaments anti-psychotiques. Était-ce une décision consciente que de ne pas inclure les témoignages de psychiatres indépendants qui préconisent l’usage de ces médicaments ?
Leur histoire, on la connaît déjà depuis plusieurs centaines d'années. Cela ne m'intéresse pas de répéter le discours qui a lavé le cerveau de notre société ; ce qui m’intéresse, c'est l'autre versant. Je pense que les gens qui sont dépressifs ont besoin d’aide et de quelqu’un à qui parler, pas de médicaments. Les médicaments peuvent être utiles dans des situations de psychose aiguës, mais il faut diminuer les traitements dès que possible, et les monitorer de très près, pour maîtriser leurs effets secondaires. À mon avis, les gens ne devraient pas recourir à ces traitements sur le long terme. Il y a, dans le monde de la psychiatrie, un mouvement en faveur d’une réduction du recours aux médicaments, contre l’usage simultané de plusieurs traitements, pour la recherche de solutions alternatives pour traiter les maladies mentales. L’industrie pharmaceutique dépense des millions pour fausser les documents fournis aux médecins, et c’est ainsi que des traitements médicamenteux sont prescrits dont on ignore les effets secondaires. Tout cela est intentionnel.

Avez-vous des projets pour la suite ?
J’ai commencé à écrire le scénario d’un film sur le féminisme intitulé We Are Love, mais il ne sera pas prêt avant un bon moment.

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(Traduit de l'anglais)

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