04/09/2005

Pourquoi avez-vous choisi cette approche tendre mais tout de même ironique de cette situation tragique?
RM: J'ai déjà réalisé près de vingt films sur la Palestine vue sous différents angles. Cette fois, puisque je suis moi-même devenu un réfugié (ne pouvant pas rentrer chez moi à Ramallah), j'avais envie de faire quelque chose de nouveau. D'Intifada en Intifada, notre Histoire se répète trop depuis cinquante ans, et j'avais envie d'expliquer, surtout aux non Arabes, pourquoi la Palestine donne l'impression de n'avoir plus rien à raconter. Mon approche est ironique parce que je veux montrer que nous savons encore nous distancier de notre situation, même si tout le monde en souffre; nous rions encore, nous plaisantons, en somme nous continuons à vivre.

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L'espoir que les Palestiniens puissent enfin être réuni est présent dans votre film et pourtant, vous présentez aussi ce rêve comme une utopie. N'est-ce pas contradictoire?
RM:Il y a manifestement deux cartes de la Palestine: une carte historique, embellie par le souvenir, et une carte humanitaire, qui montre à quel point notre nation est morcelée ¬—depuis 1948, les nombreux réfugiés ont évolué différemment. Il n'en reste pas moins que la Palestine était auparavant un pays magnifique, avec des orangers, avec la mer et des villes superbes, et que même séparés les uns des autres, nous continuons à espérer...

La réception du film a été très bonne pour son avant-première vénitienne. Après la série d'interviews qui s'est ensuivie, y a-t-il une question à laquelle vous aimeriez répondre qu'on ne vous ait pas posée?
RM: Celle là! Et bien, personne ne m'a demandé, "pourquoi le cinéma?" Évidemment, il est impossible pour un réalisateur palestinien de ne pas traiter de politique, mais j'ai aussi réalisé des films expérimentaux sur le cinéma et sur l'art, j'ai participé à des expositions. Je suis avant tout un cinéaste.

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