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Kim Rossi Stuart • Réalisateur

"Suivre la vérité maximale"

par 

- Rencontre avec un acteur se révélant cinéaste lorsqu'il explore l'enfance et la complexité de l'humain avec un réalisme sans fard

Fils d'acteur apparu à l'écran dès l'âge de quatre ans dans la Grande Bourgeoise aux côtés de Catherine Deneuve et ayant véritablement démarré sa carrière avec Le Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud en 1986, l'Italien Kim Rossi Stuart s'est imposé récemment avec Les clefs de la maison [+lire aussi :
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de Gianni Amelio et Romanzo Criminale [+lire aussi :
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de Michele Placido (lire le Focus). Et à 36 ans, voilà que l'acteur se dédouble en réussissant son passage derrière la caméra avec son premier long, Libero [+lire aussi :
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. Rencontre en octobre à Paris où le néo-cinéaste venu superviser le doublage de son film démontre que le charisme instantané du comédien masque une profondeur trouvant un nouveau champ d'exploration dans la réalisation.

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Cineuropa: Quand avez-vous décidé de passer derrière la caméra ?
Kim Rossi Stuart : Entre 17 et 20 ans, j'avais écrit un scénario, mais je n'ai pas réussi à monter le film. J'avais aussi un fort intérêt pour le métier d'acteur et cela m'a permis d'étudier la manière de travailler des réalisateurs. Etre maintenant connu en Italie m'a probablement aidé à monter Libero, mais au départ je ne voulais pas jouer dans le film. J'ai dû m'y résoudre à la suite de la défection d'un acteur. Deux semaines avant le tournage, la production m'a dit : "Ou tu joues ou le film saute." Donc... C'est un beau rôle, mais j'aurais sincèrement préféré une expérience de pure réalisation. Sur le plan de l'engagement, y compris physique, c'était épuisant.

Pourquoi avoir choisi le sujet de l'enfance ?
A cet âge surviennent des événements qui marquent pour toute la vie. C'est peut-être le moment le plus important de l'existence. Sous cet angle, le sujet me semblait totalement universel. L'histoire est née trois ans avant la réalisation et j'ai tenu à travailler énormément avec mes co-scénaristes car j'ai vu trop souvent des films arriver au tournage avec des scénarios peu approfondis. Fellini a peut-être fait du mal en ce sens car beaucoup ont pensé qu'ils pouvaient l'imiter et arriver sur le plateau avec presque rien. A l'écriture, nous avons essayé de décrire des personnalités complexes, réelles donc contradictoires, sans bons ni méchants même si les adultes dévoilent beaucoup d'égoïsme. Je voulais raconter l'histoire d'un malaise, d'un jeune garçon qui a une enfance sans franche insouciance, mais plutôt faite de solitude et de souffrance. Mais j'ai cherché à éviter un traitement unilatéral et j'ai essayé de tirer la première moitié du film quasiment vers la comédie.

Très réaliste, Libero recèle une grande violence psychologique ? Quels étaient vos parti-pris dans ce domaine ?
Je ne me suis rendu compte qu'a posteriori, du réel degré de violence psychologique existant dans les relations entre cet enfant et les adultes, même si j'en étais partiellement conscient à l'écriture. Cette vérité, c'est un code que j'ai suivi dès le scénario, d'abord par goût personnel, ensuite car je pense que pour réaliser un film avec des enfants et si l'on veut un rendu sincère et non patiné, on ne peut que suivre la vérité maximale. La vie de Tommy n'est pas triste, mais dure, car les sentiments existent parmi les membres de sa famille. C'est pourquoi j'ai choisi Barbora Bobulova pour incarner la mère. Ce personnage avait besoin d'une certaine pureté, de ne pas être une femme qui a besoin de coucher à droite à gauche, mais d'exprimer des problématiques plus complexes : se fuir soi-même, avoir peur que sa vie ne soit pas là, mais peut-être ailleurs, donc s'échapper avec ses névroses.

Comment s'est déroulé le casting des enfants ?
J'ai trouvé le garçon après une très longue recherche, un beau voyage qui m'a donné la possibilité de m'immerger très concrètement dans l'enfance. J'ai redécouvert à quel point à cet âge, les enfants sont tous différents alors que nous, adultes, sommes beaucoup plus facilement classables sur le plan du comportement, un constat terrible.

Libero utilise très peu de mouvements de caméra
Je voulais que la caméra ne se déplace qu'en fonction des mouvements intérieurs des personnages, de leurs âmes. Et je souhaitais rester le plus possible proche de la vision humaine, mettre le spectateur dans la position d'espionner la réalité. Quant aux sons, les techniciens étaient épouvantés car nous tournions dans des situations réelles avec les bruits de la rue. Cela aurait pu être un problème, mais cela m'a plu au mixage d'entendre ce monde en mouvement, la vie qui continue dehors alors que nos personnages vivaient des événements aussi graves et j'ai préféré de ne pas filtrer ces sons. Il y a aussi très peu de musique, car cela m'aide personnellement à pénétrer plus profondément dans les ambiances.

Quelles sont vos influences majeures ?
Je ne suis pas un grand cinéphile et je ne veux pas me conditionner en voyant trop de films. Car j'ai l'ambition de créer quelque chose d'unique, ce qui ne veut pas dire beau ou laid, mais personnel. Néanmoins j'aime beaucoup Paul Thomas Anderson, Pasolini, Cassavetes, Bergman, Truffaut, De Sicca, Kieslowski, Téchiné... Il est plus difficile d'aimer le cinéma américain, mais quand je l'apprécie, c'est extraordinaire. Globalement, je préfère le cinéma européen, en particulier français, car il est plus porté vers l'introspection.

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