email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Álex de la Iglesia • Réalisateur

"Ne pas être esclave de soi-même"

par 

- Un des talents espagnols les plus solides et les plus couronnés de succès au box-office tourne pour la seconde fois en langue anglaise un film enrichi par son ironie coutumière

Álex de la Iglesia, né à Bilbao, est un des talents espagnols les plus solides et les plus couronnés de succès au box-office, grâce à des titres comme Le Jour de la bête, Mes chers voisins et Le Crime farpait entre autres. AvecCrimes à Oxford, il tourne pour la seconde fois en langue anglaise (après Perdita Durango) pour un film de commande qu'il a enrichi de son travail et de ces doses d'ironie caractéristiques de son style si particulier. Il s'agit de nouveau d'une adaptation littéraire (tirée du roman de l'Argentin Guillermo Martínez) qui s'appuie sur une affiche de prestige (John Hurt, Leonor Watling et Elijah Wood) et qui a été intégralement tournée dans l'illustre ville anglaise du titre.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Quelle a été la plus grosse difficulté pour mettre ce livre en images?
Álex de la Iglesia : Il s'agit d'un roman où l'action est éminemment psychologique, ce qui est difficile à adapter à un medium essentiellement visuel. C'est cela qui a été le plus difficile pour nous : adapter les idées à l'image sans les perdre en chemin. Par ailleurs, le film se fonde sur les dialogues, mais il fallait qu'ils soient brefs et que plus ils soient brefs, plus ils soient intenses. Dans un roman, on a le temps d'expliquer les choses, dans un film non. C'était cela défi du film.

C'est votre second film tourné en anglais. Cela nécessite-t-il un effort supplémentaire ? Et tourner à Oxford, loin de votre chère Madrid?
Bien au contraire, je trouve cela facile de tourner en anglais. Peut-être grâce aux acteurs qui sont excellents. J'adore tourner dans des lieux que je ne connais pas car cela m'oblige à les parcourir et à les connaître. Ce fut un vrai plaisir que de tourner à Oxford.

Bien qu'on retrouve votre humour dans les scènes de la mère et la fille du début, comment êtes-vous parvenu à réprimer votre sens de l'ironie et du sarcasme pendant tout le tournage?
Il ne faut pas être esclave de soi-même, ou mieux, de l'image que l'on a de soi-même. Je ne passe pas mes journées à considérer la vie sous l'angle du cynisme ; parfois, il est sain de l'envisager d'un point de vue moins excentrique.

C'est votre film le plus "intellectuel" et/ou mature. Ne pensez-vous pas que cela pourrait déconcerter nombre de vos plus jeunes fans?
Oui, ce film n'est pas comme les autres, mais il n'est pas non plus complètement distinct. On ne peut pas éviter de voir les choses du point de vue qui nous est propre, mais je crois que nous différons tous de l'image univoque de nous-mêmes que nous projetons généralement. Pour comprendre les choses, il faut les définir, or définir signifie établir des limites et parfois, on ne cadre pas avec ces limites. Il semble que vous ayez eu un très bon feeling avec les stars de votre film dès le début. Comment les avez-vous convaincus de s'en remettre à un réalisateur de Bilbao?
Grâce au scénario. Il a plu à Elijah et quelques jours après, nous étions déjà au travail. C'est une des meilleures personnes du monde du cinéma que j'ai rencontrées. Cela a été une chance incroyable pour moi que de travailler avec lui.

On sent planer l'ombre de Hitchcock. Quels autres modèles vous ont inspiré dans le cinéma de genre?
Mankiewicz, Lumet, Welles. Il n'est pas difficile de retrouver des influences parce que de toute façon, notre cerveau fonctionne en combinant des idées qui ont été générées par d'autres. Il en va de même en littérature ; en peinture aussi ce n'est que trop le cas. En l'espèce, dansCrimes à Oxford, certaines séquences étaient déjà hitchcockiennes dans le roman lui-même. Un meurtre pendant un concert renvoie tout de suite au récit hitchcockien, jusqu'à chez Scorsese. Hitchcock est probablement le créateur qui a produit les images les plus puissantes du langage cinématographique et il faudra encore des décennies pour que ces éléments deviennent des parties intégrantes de la syntaxe et ne soient pas seulement des "hommages".

Crimes à Oxford est un projet européen. Est-ce le bon moyen pour monter des films de grande envergure comme le votre ? Et est-ce l'avenir du cinéma espagnol?
Je crois que c'est la seule manière de faire. Il faut sortir de chez soi pour comprendre comment les choses se font ailleurs et pour les voir avec de la distance.

Quels sont vos nouveaux projets ?
Je suis en train d'écrire le scénario de La marque jaune), un film d'aventures inspiré de la bande-dessinée d'Edgar P. Jacobs.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy