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CANNES 2002

Tous les scandales des français

par 

- Dans la sélection des films français il y a tout le nécessaire pour faire discuter critique et public

Si l´objectif était celui de faire discuter, Gaspar Noé y est parvenu: son Irréversible est en effet un des films français les plus controversé de ce Festival de Cannes 2002. Les bases pour choquer la critique y sont toutes, comme en 1998 quand le réalisateur débarqua sur la Croisette avec son Seul contre tous, un portrait teinté de rouge sang sur la démence d´un boucher devenu fou. « Violence sans jugement » et « ambiguïté idéologique » furent les accusations à son égard. Mais aujourd´hui Noé promet : encore de la transgression. En scène l´histoire d´une violence et de la vengeance que le compagnon de la victime exécutera. Réalités extrêmes et milieux sordides touchent un sommet de violence tel, qu´il frôle le dégoût du spectateur : « Je fais des films qui parlent de l´angoisse de l´existence, du malaise et de tous les côtés obscurs de la condition humaine » raconte Noé qui pour Irréversible a choisi, et ce n´est pas un hasard, le couple plus glamoureux du jet set français, Vincent Cassel et Monica Bellucci, ensemble dans la vie comme sur l´écran. Troublante la beauté de l´actrice italienne et inquiétant le visage nerveux et violent de Vincent Cassel (lancé par La haine de Matthieu Kassovitz, on l´a vu récemment dans Birthday girl et maintenant il est sur le plateau de Blueberry de Jan Kounen) : sur leur parcours ne pouvait manquer la rencontre avec le metteur en scène le plus transgressif du moment. Irréversible est une production Eskwad et Nord Ouest Production.
Sous le drapeau français trois autres films en compétition : L´adversaire de Nicole Garcia, Marie-Jo et ses deux amours de Robert Guédiguian et Demonlover de Olivier Assayas.
Il y a beaucoup d´attente pour l´œuvre de la cinéaste et actrice maintes fois récompensée Nicole Garcia, qui pour son L'adversaire s´est inspirée au roman d´Emmanuel Carrère. Encore une fois une histoire de violence et de mort. Fou de douleur un homme massacre toute sa famille : sa femme, ses enfants et ses parents. Et il pourra vivre plus de vingt ans dans le mensonge. La réalisatrice respecte les thèmes centraux de sa poétique née de son expérience au théâtre, et poursuit l´approfondissement dans l´intériorité de ses personnages : elle l´avait fait en traçant celui de Catherine Deneuve dans Le fils préféré et aujourd´hui elle permet à Daniel Auteuil, l´interprète de L´adversaire, d´éclater sur scène en tant que symbole des hommes arrivés à un carrefour décisif de leur vie.
Demonlover, le film qu´Olivier Assayas présente au Festival, a déjà une définition : thriller Hi-Tech. L´histoire se déroule entre Paris, le Japon et les Etats-Unis, dans l´univers des Manga porno en 3D où une jeune femme devient un espion dans la compétition entre des multinationales milliardaires. C´est un film très coûteux (7.32 millions d´euros) taillé sur mesure sur une composition féminine d´exception : avec Connie Nielsen (Gladiator et Ghosts of Mars) Chloë Sevigny (muse inspiratrice du cinéma américain indépendant) et Gina Gershon (Showgirls). Pour Assayas c´est un défi : « C´est un film violent et inquiétant qui avance sur des plans différents -affirme t´il - inhabituel pour le cinéma français d´aujourd´hui. Il y a des images de sexe explicites et d´autres éléments qui me causeront des problèmes avec la censures aux Etats-Unis ». Demonlover a des points en commun avec le précédent Irma Vep, lui aussi basé sur une idée internationale du cinéma, et selon l´école des Cahiers du Cinéma, écrit de façon expérimentale.
Après La ville est tranquille et A´ l´attaque (proclamé par la critique britannique meilleur film de la saison passée) Robert Guédiguian a changé de genre et est passé au mélodrame romantique avec Marie-Jo et ses deux amours, sélectionné à Cannes cette année. Pour le cinéaste de Marseille, centré depuis toujours sur les problèmes du prolétariat et des discriminations sociales, passer au mélodrame a représenté un défi qu´il a relevé avec sa compagne, l´interprète du film, Ariane Ascaride. C´est l´histoire d´une femme qui vit dans l´angoisse du choix d´amour entre deux hommes ; Marseille et ses problèmes urbains sont sur le fond. La forme change mais le travail du metteur en scène français est toujours le même, comme lui-même l´affirme: « Je ne pense pas qu´un genre soit supérieur à un autre. Je crois que la comédie soit importante comme l´est la tragédie. Elle est sous-estimée en France et moi je la revendique ».
Production franco-israélienne le film du palestinien Elia Suleiman Intervention Divine. Il semble vraiment que le film soit destiné à devenir le cas politique du festival : il s´agit d´une histoire d´amour qui s´accomplit dans les terres les plus tourmentées de notre époque, Ramallah et Jérusalem. Le réalisateur sophistiqué, qui a vécu plusieurs années à New York, avait fait discuter l´année dernière avec son Cyber Palestine, focalisé sur la recherche de l´identité palestinienne.
En compétition on trouve aussi un film belge, Le fils de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Après la Palme d´Or pour Rosetta, les frères Dardenne racontent une fois de plus leur terre, la Wallonie, riche en contradictions, misères et désagrégations. « Parce que le cinéma - comme l´ont souligné les deux réalisateurs belges - se doit d´avoir toujours une fonction sociale ».

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