21/06/2011

Le grand public considère souvent le cinéma européen comme élitiste et donc difficile d’accès car trop souvent cantonné dans du cinéma d’auteurs, dont le genre de prédilection reste désespérément le drame social. Est-ce une réalité ou une généralisation provenant de films qui ont marqué ces spectateurs? Le Brussels Film Festival vise justement à témoigner de la diversité de ce cinéma, qui n’est pas unique, même s’il est singulier. Car le cinéma européen s’avère bel et bien multiple dans ses formes et ses genres. Drames sociaux bien entendu, mais aussi thrillers haletants, comédies décalées ou hilarantes, biopics, films historiques... tous les terrains fertiles à la création sont visités et exploités, de toutes les manières imaginables. L’approche d’un réalisateur ou d’un auteur espagnol se montrera effectivement très différente de celle d’un suédois ou d’un hongrois. Une richesse donc qu’il faut continuer à encourager et montrer. Tout est dans cette diversité et cette approche personnelle des artistes.

Le Brussels Film Festival se présente aux professionnels du cinéma et de l’audiovisuel comme une plate-forme de rencontres favorisant collaborations, développements de projets et inspiratrice d’idées de création. Depuis 2010, il organise en effet des activités destinées tout particulièrement aux professionnels du secteur. Cette année, ce ne sont pas moins de 6 workshops ou masterclass qui sont proposés. Nous n’avons pas voulu imposer des sujets pour ces rencontres, mais afin qu’elles soient intéressantes et surtout utiles, nous avons accueilli et développé des initiatives suggérées par ces profesionnels, comme la rencontre sur la musique et le cinéma ou le débat sur le numérique ou encore les masterclass mettant en exergue le travail des scénaristes avec la présence de Laurence Coriat (Wonderland de Michael Winterbottom) et Jean-François Halin (OSS 117 de Michel Hazanavicius). Musiciens et cinéastes ne se connaissent pas, mais sont pourtant amenés à travailler ensemble, alors pourquoi ne pas favoriser cette collaboration. Quant au numérique, cette technologie a pris une véritable ampleur en très peu de temps. L’encadrement législatif et technique n’a pas suivi. Nous tenterons d’y voir plus clair lors d’un débat. Ces questions touchent tous les artistes européens. Nous nous situons dans la capitale de l’Europe, nous pensons donc qu’il est temps que les professionnels puissent y avoir un Festival digne de ce nom. Nous relevons ce défi avec passion.

Enfin, si le cinéma européen sera au coeur de la programmation et des débats du Festival, la Belgique et ses films bénéficieront aussi d’un coup de projecteur à travers plusieurs projections, comme l’avant-première du film de Pierre Duculot Au cul du loup [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Pierre Duculot
fiche film], mais aussi lors d’un débat avec Frédéric Sojcher, le réalisateur de Hitler à Hollywood [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film]. Car l’un des paradoxes de la production belge francophone est de rafler de nombreux prix dans des festivals internationaux mais d’avoir aussi beaucoup de difficultés à attirer son public national en salle, d’où la création des Magrittes (dont les résultats restent à discuter sérieusement) et l’importance des intiatives visant à montrer ces films (festivals, salles d’art et essai, rétrospectives, leçons de cinéma...). Du côté du nord du pays, la situation semble différente, car plus de 2 millions de personnes ont été voir des films flamands. Par contre, la reconnaissance internationale commence seulement à pointer le bout de son nez. Un cinéma belge a double vitesse illustrant à lui seul la production européenne?

(Ivan Corbisier, directeur du Brussels Film Festival)