Le monde repart à zéro dans Archeo de Cvitkovič
par Vladan Petković
Archeo, de Jan Cvitkovič, a remporté les prix du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure photographie au Festival du cinéma slovène (lire l'info). Ce triomphe d'un film sans dialogues rappelle la victoire aux prix nationaux, l'année dernière, de Silent Sonata [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film] (alias Circus Fantasticus) de Janez Burger. Ces films ont d'ailleurs tous deux été produits par Staragara, mais leurs ressemblances s'arrêtent là.
Sonata était une allégorie vivante et colorée avec des décors et costumes sophistiqués, peuplée de personnages de cirque et comprenant une scène où un avion de chasse détruit un tank. Archeo est un travail minimal, spartiate même, tourné entièrement en extérieur et interprété par trois personnages seulement.
Le film commence quand Homme (Niko Novak), Femme (Medea Novak) et Garçon (Tommaso Finzi) tombent, littéralement, à terre (ou sur la Terre ?), l'un après l'autre, à différents endroits. Les voilà dans un monde inconnu où ils doivent tenter de survivre. Cet univers est complètement inhabité : hors les forêts, les montagnes, les rivières et mers, pas de maisons ou de camps et pas d'êtres humains, seulement des animaux. Cependant, les vêtements que portent nos personnages, dans la veine des costumes de Mad Max, sont témoins qu'il ne s'agit pas du début du monde, mais d'un nouveau début dans un monde post-apocalyptique.
Quand les trois personnages se rencontrent, ils expriment des émotions humaines primaires : peur, faim, désir sexuel, curiosité... Ils ont aussi naturellement tendance à se regrouper (Femme est instinctivement protectrice par rapport à Garçon) et à communiquer (Homme attire Femme en cognant deux cailloux en rythme).
Archeo, décrit par certains comme un "Tree of life slovène", combine habilement des plans épiques sur la nature et des gros plans sur les personnages (orchestrés par le chef-opérateur Jure Černec). Le film fait aussi quelques renvois à 2001 de Kubrick, parfois non sans une ironie cocasse, mais contrairement au film qui a valu la Palme d'or à Terrence Malick, il ne dure que 72 minutes.
Cvitkovič a une belle carrière dans les festivals (il a été primé à Venise, San Sebastian, Cottbus), Archeo va sans doute imiter son exemple.
(Traduit de l'anglais)
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