25/10/2011

Cette année, l'industrie du cinéma de Malte s'est merveilleusement portée, en particulier en juin, qui a été le mois le plus chargé de l'Histoire maltaise sur le plan cinématographique. Les techniciens et fournisseurs de matériel et services ont fonctionné au maximum de leur capacité, car la petite île a été investie non seulement par la production Paramount World War Z, mais aussi par la série télévisée britannique de long cours Sinbad, la grosse production norvégien Kon Tiki, la pub Volvo suédoise et d'autres productions.

Cependant, un passé reluisant ne garantit par un futur brillant pour l'industrie des services à la production maltaise, à moins que le pays ne prenne de sérieuses mesures pour rester concurrentiel.

C'est que d'autres pays abondent en techniciens qualifiés et en incitations financières attrayantes, en plus d'avoir des départements gouvernementaux, systèmes et politiques en place pour soutenir l'industrie du cinéma, ainsi que des commissions du film qui font des pieds et des mains pour séduire les réalisateurs – de nos jours, de beaux décors naturels ne sont en effet plus suffisants.

Les formations en cinéma créées cette année par le Media Desk local et la Commission du film de Malte sont d'excellentes initiatives qui devraient être renouvelées annuellement à l'avenir. Il faut souligner toutefois qu'elles servent surtout à construire une industrie "indigène", or les producteurs étrangers qui viennent à Malte ne cherchent pas de scénaristes, de producteurs/créatifs ou de documentaristes (c'est-à-dire de responsables créatifs ou de personnel exécutif) : ils veulent des responsables du repérage, des coordinateurs de production, des régisseurs de plateau, des responsables des décors, des caméramans et des preneurs de son, et chacun de ces métiers requiert une formation spécifiquement adaptée au cinéma.

Même quand le nombre de productions présentes sur l'île ne dépasse pas la moyenne, Malte a du mal à fournir le personnel nécessaire aux productions, en quantité comme en termes de compétence. En conséquence de ce manque, les producteurs sont obligés d'amener des équipes, ce qui gonfle les coûts, car les remises financières offertes par Malte passent entièrement dans les salaires de ces techniciens venus de l'étranger.

Le plus gros problème de l'île est le manque d'efficacité de certains départements du gouvernement concernant les lieux de tournage, les permis de construction ou de travail. Le pays n'a jamais mis en place de politique du cinéma bien établie qui assure que les rouages des institutions conviennent aux besoins de l'industrie.

La commission du film locale a néanmoins beaucoup évolué cette année, et les investisseurs privés ne cachent pas leur impatience d'en voir les premiers résultats. Un des changements opérés est l'instauration d'un commissaire qui devra veiller à ce que les départements gouvernements soient ajustés de manière à fonctionner main dans la main avec l'industrie. Ce rôle politique du nouveau commissaire est certainement exactement ce qu'il fallait pour résoudre tous les problèmes une fois pour toutes.

La Commission du film de Malte est la seule institution nationale consacrée à plein temps à la promotion de l'industrie du cinéma et au conseil en politique cinématographique. Sa mission est d'épauler l'industrie dans son ensemble sans discrimination. Son énergie renouvelée va lui permettre d'ouvrir des voies intéressantes pour le progrès et la croissance de l'industrie des services à la production du pays. Ses choix présents vont fortement déterminer la direction que l'industrie prendra ces prochaines années.

(Malcolm Scerri-Ferrante, producteur, travaille dans l'industrie du cinéma et de la télévision depuis plus de 20 ans.)