email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2013 Compétition / Pologne

In The Name Of : la porte étroite de Szumowska

par 

- Portrait sensible et puissant d'un représentant de l'amour de Dieu qui se débat contre son besoin de lui-même se sentir aimé

On pourrait décrire In The Name Of [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Malgorzata Szumowska
fiche film
]
, de la Polonaise Malgoska Szumowska comme un film qui s'en prend sans ambages au tabou de l'homosexualité au sein de l'Église. Nul doute que c'est l'argument que beaucoup en retiendront, et il correspond en effet à l'intention de la réalisatrice, à en croire l'épilogue qu'elle a choisi de donner au récit. Pourtant, ce film qui dépeint les tourments d'un prêtre de province dévoué à sa foi et aux jeunes délinquants dont il s'occupe, mais aussi en proie à des sentiments confus qu'il essaie de réprimer, a bien plus à offrir qu'un simple parfum de scandale.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

On pourrait par exemple le voir comme un portrait contemporain d'une petite communauté provinciale polonaise. Dans le "trou paumé" où se déroule l'action, les habitants n'ont que l'alcool et les écarts de conduite pour anesthésier l'ennui – et la religion et le travail manuel pour redresser ces torts irrépressibles. La scène d'ouverture est révélatrice : on y voit à quels jeux de garçons bêtes et méchants les jeunes ouailles du Père Adam passent le plus clair de leur temps. C'est l'été, et à les voir toujours à moitié nus se comporter comme des singes (ce que le prêtre et son pupille préféré rejouent sur le mode poétique dans une scène drôle et tendre où ils glapissent comme deux gorilles dans la brume dans un champ de maïs), on est frappé par la primitivité de leur existence. La religion fait ainsi office de bouée pour raccrocher ce petit échantillon d'humanité à un semblant de civilité et de respect, et Adam y ajoute la douceur et la compréhension d'un guide qui ne juge pas.

L'aspect le plus intéressant du film, et le plus touchant, est bel et bien ce personnage aux yeux limpides comme l'azur et aux expressions d'une bonté ineffable qu'incarne Andrzej Chyra, et la pureté qui se dégage de sa manière d'évoluer parmi les jeunes gens n'est pas contredite, au contraire, par sa lutte acharnée de tous les jours (et de toutes ses nuits sans sommeil) contre ses désirs d'homme – et ce quels qu'ils soient : on n'en découvre d'ailleurs pas immédiatement la nature, et il s'interdit aussi cigarettes et alcool. Quand le thème de l'homosexualité se présente, il ne fait que rendre le combat quotidien d'Adam plus bouleversant, car on en imagine mieux les affres, et l'opprobre supplémentaire qu'il encourt. S'il amuse ses protégés quand il leur recommande de courir une heure par jour pour chasser les tentations, on est forcément touché par la manière dont il s'applique à lui-même cette discipline qui fait figure de passion au sens biblique du terme.

Les liens particuliers qu'il noue avec certains de ses pensionnaires au fil de cet été torride scandé par les séances de plongeons dans l'eau du lac (ici l'eau confère une innocence au "péché" plus qu'elle ne le lave) rendent son dialogue avec la foi de plus en plus difficile et déchirant, à l'image de cette nuit désespérée où il se saoule et danse avec un portrait de Karol Wojtyła. Ce qui se joue cette nuit-là, c'est le vrai coeur du conflit, qui n'est pas tout à fait une question de sexualité mais quelque chose de plus sensible. Au moment où tout implose, et où il fait à sa soeur une confession complète, la dernière question qui lui vient est  la suivante : "Et toi ? Est-ce que tu as quelqu'un à prendre dans tes bras ?". 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy