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FILMS / CRITIQUES

Michael Kohlhaas

par 

- Le réalisateur français Arnaud des Pallières a présenté en compétition cannoise son western médiéval avec Mads Mikkelsen en justicier vertueux.

Avec une sélection en six films, on ne peut pas dire que le réalisateur français Arnaud des Pallières soit un habitué de la compétition cannoise. Le 66e Festival de Cannes l’accueille avec une histoire de vengeance valeureuse empruntée à l’auteur allemand Heinrich von Kleist qui publiait sa nouvelle en 1811. Michael Kohlhaas [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Arnaud des Pallières
fiche film
]
(Mads Mikkelsen) est un marchand de chevaux du 16e siècle qui souffre d’une injustice féodale. Sournoisement débouté lorsqu’il demande réparation, victime d’une représailles sanglante, Kohlhaas prend les armes et embarque une poignée d’hommes dans une croisade contre les Seigneurs, se faisant justice tant qu’on ne lui aura pas rendu la sienne par le droit.

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Film en costumes avec un acteur danois dans le rôle principal qui doit apprendre le français pour l’occasion, Les Films d’Ici n’a pas fait le pari le moins ambitieux en montant cette production. La reconstitution demande des moyens, mais s’économise en déplaçant la plupart des scènes en extérieur. Les plaines rocailleuses des Cévennes offrent un décor naturel parfaitement adapté à ce genre de western moyenâgeux régi par de grands principes, la vertu et le positionnement religieux.

Mikkelsen est convaincant et son charisme naturel, à pied ou à cheval, suffit souvent à imposer un personnage qui parle peu, mais qui parle bien dans un français crédible. L’acteur à une facilité physique pour le rôle et l’on comprend pourquoi le réalisateur s’est donné cette peine pour l’imposer dans son film en lieu et place d’un comédien français qui l’aurait lesté d’un pari supplémentaire sur le potentiel de distribution. A ses côtés, des rôles typés, majoritairement bien en place pour la tâche carrée qui leur est assignée. A la croisée entre un Robin des Bois réaliste et un Braveheart à l'étouffée, Michael Kohlhaas évite toute forme de radicalité que ce soit dans la violence ou la mise en scène. Le parti pris est réaliste et remonte à l'essence du fait divers qui avait inspiré la nouvelle de Kleist. Une attention toute particulière a été apportée à la photographie de Jeanne Lapoirie et au son pour valoriser la production et apporter un beau cachet à l'oeuvre. Le montage n’exige aucune patience de la part du spectateur qui se laissera facilement porter par cette histoire sobre que Volker Schlöndorff avait déjà adaptée en 1969 avec une démarche d’auteur plus exigeante et certainement moins accessible pour un large public.

Le film fonctionne aussi dans ses moments d’action, très modernes comme en témoigne une scène emblématique d'assaut à l'arbalète qui intervient très tôt dans le film pour capter le spectateur et tendre le récit. Philosophiquement, Michael Kohlhaas impose un principe à son audience qui ne permet pas toujours une identification émotionnelle avec le personnage, grand supporter de la justice devant l’éternel. Alors que l'armée de Michael Kohlhaas a vaincu et que l'homme a la possibilité de prendre le pouvoir par la force, il renonce à ce dernier en échange de la simple réparation de son droit. Ce fait divers anti-climatique a beau être historique, il n'en demeure pas moins incroyable et il laisse une marque que le spectateur aura retenu chaque fois que le nom de Michael Kohlhaas sera évoqué.

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