email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CINÉMAMED 2013

Gare du Nord : Une apologie du non-lieu

par 

- Toute l'action du film de Claire Simon se passe à l'intérieur de la gare parisienne, qui est la première d'Europe en termes de traffic, où différentes trajectoires de croisent

Gare du Nord : Une apologie du non-lieu

Gare du Nord [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le cinquième long métrage de fiction de Claire Simon, a été projeté dans le cadre de la compétition internationale du Festival du cinéma méditerranéen de Bruxelles. Toute l'action du film se passe à l'intérieur de la gare parisienne, qui est la première d'Europe en termes de traffic et de nombre de quais. Là, différentes trajectoires de croisent. On suit d'abord Ismaël, un étudiant en sociologie qui est tellement fasciné par la Gare du Nord qu'il veut en faire le sujet de sa thèse. Un jour, il entre en contact avec Mathilde, une enseignante à la Sorbonne qui passe tous les jours dans le quartier à cause de sa maladie. Un lien étroit se crée entre eux deux qui se transforme petit en petit en amour, tandis que d'autres personnes croisent leur chemin : l'acteur de télévision Sacha, qui recherche sa fille, Joan, une ancienne élève de Mathilde qui est devenue agent immobilier...

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

L'entreprise dans laquelle s'est lancée Claire Simon est particulière : elle voulait développer un film à partir d'un lieu, ou plutôt d'un non-lieu. À l'intérieur de ce non-lieu par excellence qu'est la gare de chemin de fer, un tissu complexe de relations et d'histoires se fait jour qui renverse la définition donnée au "non-lieu" par Marc Augé, qui voit dans la surabondance propre à ce genre d'espace un obstacle aux constructions relationnelles et identitaires. La réalisatrice, fortement influencée par son expérience du documentaire, tente d'explorer l'intimité de ses personnages, à grand renfort de premiers plans isolant les individus du contexte, et de réorganiser ceux-ci en une mosaïque qui prend forme au fil du récit. Dans le sens, le point de vue de la caméra est proche de celui d'Ismaël, qui se livre à une opération similaire et constitue de fait une sorte d'expression concrète de ce regard d'enquêteur.

L'oeuvre s'appuie sur un vrai travail de documentation proche de celui auquel ont eu recours des cinéastes comme Jerry Schatzberg, Jean Eustache ou les frères Dardenne. Simon s'est en effet livrée, avec les étudiants de la Fémis, à un travail de recherche effréné dont les nombreux éléments filmés ont été réunis dans le documentaire Géographie humaine.

“Peu de lieux ont comme celui-ci une fonction de lieu public réunissant toutes les classes sociales", affirme la réalisatrice pour expliquer les raisons qui l'ont convaincue de tourner à l'intérieur de la Gare du Nord. "Je voulais que la gare se présente comme une sorte de caverne mythologique contenant les personnages et leurs histoires, révélant graduellement leurs peurs et leurs désirs. La gare est un cadre qui représente la vie et ses aspects éphémères, une porte de l'enfer, un lieu de transition après lequel on disparaît". Cette fugacité des rencontres montrées, suivie par le retour de chacun à ses propres préoccupations quotidiennes, est d'ailleurs ce qui semble fasciner le plus la réalisatrice.

On note aussi la qualité de la bande originale composée par le guitariste américain Marc Ribot, qui a collaboré avec Tom Waits, Elton John, Mike Patton et Elvis Costello.

Gare du Nord, produit par Les Films d'Ici, a fait son avant-première mondiale au dernier Festival de Locarno. Il a ensuite été projeté à Londres et Thessalonique. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy