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CANNES 2014 Compétition

The Search: Message anti-guerre après la bataille

par 

- CANNES 2014 : Michel Hazanavicius rompt l'indifférence face à la tragédie tchétchène dans un mélodrame ambitieux qui n'évite pas tous les écueils du genre

The Search: Message anti-guerre après la bataille

Dénoncer le cercle vicieux des conflits armés, la violence aveugle exercée contre les populations civiles, l'asservissement des soldats à l'inhumanité et la prudence coupable de la diplomatie internationale, tout en mettant en lumière l'abnégation des organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme, est une intention tout à l'honneur du cinéaste français Michel Hazanavicius qui aurait pu se contenter de toucher sans risque au jackpot après le triomphe de The Artist [+lire aussi :
critique
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interview : Michel Hazanavicius
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. Avec The Search [+lire aussi :
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, dévoilé en compétition au 67ème Festival de Cannes, le réalisateur remplit parfaitement son rôle de messager d'une juste cause, mais les très grandes ambitions du film produisent un résultat paradoxal avec un ensemble d'une indéniable véracité dégageant pourtant une impression indicible de factice, une alternance de séquences très fortes, émouvantes et/ou percutantes et d'autres rendues un peu répétitives par la volonté d'en dire beaucoup et d'enfoncer le clou du propos. En dessous des grandes attentes de certains et attendu au tournant par les jaloux, le film n'en demeure pas moins d'une grande amplitude en entrecroisant les trajectoires autour de trois personnages principaux au coeur du cercle d'une guerre sans fin. Et la patine très grand public de l'emballage n'efface pas la justesse du message qui s'incarne dans les yeux d'un enfant précipité dans le vortex de crimes gratuits et impunis.

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"Bienvenue dans un gros pays de merde: la Tchétchénie". L'écran d'une caméra vidéo amateur affiche la date du 16/10/99 et la voix d'un soldat russe commente en direct les exactions commises (aux cris de "Vive la grande Russie") sur des villageois qualifiés ironiquement de terroristes (et traités de "culs noirs") avant d'être froidement abattus. De sa fenêtre, Hadji (Abdul Khalim Mamatsuevi), un garçon de neuf ans et demi assiste à l'assassinat de ses parents. Il tient dans ses bras son petit frère, un bébé. Echappant aux soldats, il erre sur les routes, se cachant des colonnes de chars. Totalement démuni, il finit par abandonner son frère sur le perron d'une maison dont il vérifie avant de s'enfuir qu'elle est bien habitée par des Tchétchènes. Mutique, il est alors embarqué dans l'exode des populations locales jusqu'à Nazran, en Ingouchie, sur le territoire de la Fédération de Russie, où la Française Carole (Bérénice Bejo) recueille des témoignages pour la commission des Droits de l'homme de l'Union Européenne. Les destinées de Hadji et de Carole vont se croiser et s'apprivoiser, tandis que la soeur aînée du jeune garçon le cherche désespérément jusqu'à la mission locale de la Croix Rouge pilotée par Helen (Annette Benning). Des check-points aux camps de réfugiés, des déambulations de l'orphelin hanté par la peur des soldats aux démarches téléphoniques de Carole pour tenter de secouer la bureaucratie politique européenne, le film fait le portrait de la détresse et des petits pas vers la renaissance à la vie. Mais il plonge aussi en parallèle du côté de l'armée russe avec l'initiation à la guerre de Kolia (Maxim Emelianov), engagé de force afin d'éviter la prison pour possession de cannabis et qui fera l'apprentissage brutal de la renonciation à ses principes pour entrer dans l'Hadès du conflit. Un enfer éternel dont Michel Hazanavicius épluche les conséquences dans un style certes sentimentalement appuyé, mais dont l'humanisme ne peut pas se démentir.

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