email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LOCARNO 2014 Compétition

Cure-The Life of Another : un portrait brutal et fascinant d’une ville tourmentée

par 

- Le film d’Andrea Staka, en compétition à Locarno, est un voyage risqué mais séduisant dans une ville (Dubrovnik) où le bruit des bombes se fait encore entendre

Cure-The Life of Another : un portrait brutal et fascinant d’une ville tourmentée

1993, Dubrovnik après le siège : la ville est encore dévastée et mutilée par les horreurs de la guerre. Les traces de ce passé-présent angoissant sont encore visibles sur les murs des maisons mais surtout dans les cœurs et les esprits de ses habitants. La vie doit reprendre son cours et la ville doit tenter de se reconstruire, petit à petit, comme un vase brisé dont on recolle les morceaux à grand peine. L’inquiétude et l’instabilité règnent, malgré l’apparence monotone du quotidien. Le silence tout juste retrouvé en devient inquiétant et spectral, comme s'il était encore un écho des horreurs de la guerre. Dans ce climat de dualité permanente, entre désir d’aller de l’avant et peur du futur, Linda, 14 ans, quitte la Suisse avec son père pour retrouver un pays qu’ils avaient abandonné depuis longtemps. Là-bas, un jour apparemment comme les autres, sa meilleure amie Eta et elle se perdent dans les hauteurs de Dubrovnik. Les deux jeunes filles s’abandonnent à un jeu ambigu d’échange de rôles et d’identités plein de sous-entendus érotiques, qui se termine par une chute fatale. Restée seule, dans un pays qu’elle ne réussit pas à comprendre totalement, Linda se perd. Sa personnalité se scinde en deux : il y a d’un côté son moi profond, de l’autre, la mémoire lointaine mais persistante de son amie disparue. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cure-The Life of Another [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Andrea Staka
fiche film
]
est le portrait amer et fascinant d’une ville qui tente de se reconstruire malgré les horreurs du passé, en vue d'un avenir pour le moins incertain. La Zurichoise originaire d’ex-Yougoslavie Andrea Staka pose un regard intime et personnel sur cette ville, qui la lie à ses origines, et aux étés passés avec sa grand-mère quand elle était petite. Malgré le lien familial et les souvenirs d’enfance qui la ramènent à cet endroit, le rapport qu’elle entretient avec Dubrovnik est fait d’amour et de haine ; il repose sur un mélange d’attirance et d’admiration pour sa beauté et de trouble et d'obsession, du fait de son histoire politique. 

Dubrovnik est aussi le théâtre d’un fait divers réel raconté à la réalisatrice par un membre de sa famille tandis qu’elle se trouvait en Croatie. C'est de ce récit qu'est parti Cure-The Life of Another, un film entre réalité et fiction où le subconscient prend le pas sur la raison et où le monde qui entoure les protagonistes (interprétées par les magnifiques Sylvie Marinkovic et Lucia Radulovic) devient subitement mystérieux, brutal, fascinant. L’expérience directe d’Andrea Staka pendant la triste période qui a immédiatement précédé le début de la guerre de Yougoslavie est palpable et nimbe le film d’une aura inquiétante : tout semble sur le point de s’effondrer, de franchir la ligne entre le bien et le mal, entre l’équilibre et le chaos. Linda incarne le vide laissé par la guerre, le mal-être d’une vie qui doit continuer malgré la violence qui flotte encore dans l’air. Cure est un film volontairement ambigu, un voyage intérieur dans l’esprit d’une adolescente qui essaie de se retrouver dans un pays qui lui est désormais étranger, un pays qui l’attire mais semble la rejeter. C'est un film fascinant qui a un arrière-goût de poison.

Cure-The Life of Another a été coproduit par Okofilm Productions,Ziva Produkcija,Deblokada, Schweizer Radio und Fernsehen et ZDF/ARTE.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy