02/12/2014 - Le film de Gust Van den Berghe, couronné à Tallinn, est une histoire religieuse dans un cadre rond, qui utilise la nouvelle technologie Tondoscope

Avec Lucifer [+lire aussi :
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fiche film], le film qui a remporté la compétition internationale du Festival Nuits Noires de Tallinn, le réalisateur belge Gust Van den Berghe achève sa trilogie de films étranges sur la religion commencée avec Petit Bébé Jésus de Flandres [+lire aussi :
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fiche film]. Cette fois, l’étrangeté tient pour beaucoup au format du film, qui a été réalisé avec une la nouvelle technologie "Tondoscope". Cela signifie que l’image est circulaire, ce qui peut être rebutant pour le spectateur même si cette forme sert le sujet du film,, car l’image se situe seulement sur la partie centrale de l’écran.

L’intrigue, inspirée de la pièce éponyme publiée en 1654 par l’écrivain hollandais Joost van den Vondel, est très simple et se divise en trois chapitres : "Paradis", "Péché" et "Miracle". Sur sa route, entre le Paradis et l’Enfer, Lucifer (le diablement convaincant Gabino Rodriguez) traverse un village mexicain aux environs du plus grand volcan du monde, Parícutin (qui est connu pour ses nombreuses références religieuses). Là-bas, il rencontre la vieille bergère Lupita (Maria Toral Acosta) et sa petite fille, Maria (Norma Pablo), qui lui annonce que le frère de Lupita, Emanuel (Jeronimo Soto Bravo) est très malade: à 60 ans, l’homme ne peut plus se lever ni marcher.

En fait, Emanuel ment sur sa maladie : il l'a inventée pour que Lupita ne le soupçonne pas ses excès, avec l'alcool et les jeux de hasard. Lucifer saisit l’opportunité au vol et prétend avoir guéri Emanuel, alors qu'il lui a simplement murmuré à l’oreille qu’il était au courant de sa supercherie. Pour célébrer ce miracle, la famille d'Emanuel organise alors une fête pour le village, conviant tout spécialement les malades, pour qu’ils puissent être guéris par l’“ange”, qui finit par coucher avec Maria et, sans effectuer aucun miracle avant de disparaître, parvient à ce que tous les villageois remettent leur foi en question (en particulier la très pieuse Maria).

La technique du Tondoscope, développée par le directeur de photographie habituel de Van den Berghe, Hans Bruch Jr., consiste à placer la caméra au-dessus d’une demi-sphère réfléchissante. Cette technique a des antécédents dans l’histoire de la photographie et du cinéma, par exemple la magic lantern et le daguerréotype. Thématiquement, cette technique se justifie quand on pense aux premières représentations de la Terre, du Paradis et de l’Enfer comme un disque (comme chez Dante, ou dans le célèbre tableau Les Sept Péchés capitaux de Jérôme Bosch, qui s'inscrit dans le courant des tondi propre à la Renaissance.

Concrètement, cela signifie que les objets au milieu du plan paraissent plus distants que ceux qui se situent sur les bords ou, en grand angle, que le sol et les personnes sont déformés et occupent le bord extérieur du cercle, tandis que le ciel est au milieu, autour d'un rond noir, au centre de l’image, ce qui engage le spectateur à interpréter du film de manière philosophique.

Cinématographiquement cependant, cette œuvre dépasse l’histoire simple (et moraliste ?) avec des scènes puissantes comme celle dans laquelle Lupita, en proie à la culpabilité, rejoint un groupe de prisonniers en pénitence qui doivent avancer a canossa autour du volcan jusqu’à ce que l’un d’eux meure, après quoi le reste du groupe sera libéré.

(Traduit de l'anglais)