email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BRUSSELS FILM FESTIVAL 2015

Rough Road Ahead, ou le point de non retour d’une adolescence persécutée

par 

- Le réalisateur autrichien Christian Frosch livre une histoire d’amour tragique réprimée par la société patriarcale de la fin des années 60

Rough Road Ahead, ou le point de non retour d’une adolescence persécutée
Anton Spieker et Victoria Schulz dans Rough Road Ahead

Rough Road Ahead [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, de Christian Frosch, a été présenté en compétition officielle du Brussels Film Festival. Ruby (alias Rosemary dans le civil) et Martin ont 17 ans, ils sont jeunes, ils sont beaux, et ils s’aiment. Mais s’aimer en 1967 quand on a 17 ans, c’est excitant, mais c’est aussi prescrit par une société patriarcale qui ne laisse pas beaucoup de place aux jeunes filles pour raccourcir leurs jupes ou aux garçons pour avoir les cheveux longs. Et tant pis si les pères qui régissent cette société sont loin d’être exemplaires, voire s’ils sont perclus de déficiences affectives et sociales. Ruby et Martin ont soif du vent de liberté qui souffle sur leur époque, mais seule la nuit leur permet d’étancher cette soif. Le jour, Martin bouillonne sur les bancs du lycée, tandis que Ruby a dû arrêter l’école pour aider son père à subvenir aux besoins de sa famille. On a beau ne pas être sérieux quand on a 17 ans, comme le revendiquait Rimbaud, l’idole de Martin, c’est pourtant ce que l’on attend d’eux. Les adolescents résistent tant bien que mal, entre persévérance et rêves un peu fous, jusqu’à ce que Ruby se fasse surprendre par son père au retour d’une escapade nocturne. La sanction est immédiate : avec le soutien de l’état, les parents de deux jeunes gens envoient Ruby dans un couvent, et Martin dans un centre de redressement pour délinquants juvéniles. Leur passage dans ces institutions n’est pour l’un comme pour l’autre qu’une longue succession de brimades, de persécutions et d’humiliations.  Les deux jeunes gens, dont l’amour survit à l’enfermement, n’ont qu’une idée en tête, se retrouver à la sortie. Pourtant, à l’extérieur, rien n’est plus comme avant. Ruby a trouvé son salut dans la musique et le chant. Le chant qui la mettait en transe lors de ses escapades amoureuses, le chant qui lui sauve la vie dans son couvent en lui attirant les bonnes grâces de la mère supérieure, le chant dont elle va faire une vocation à sa sortie du couvent. Ruby est une jeune fille de son temps, qui évolue avec lui – à tel point qu’elle finit par se muer en héroïne disco. Elle a la capacité de se réinventer au pied de chaque obstacle, en changeant de prénom, en devenant enfant de chœur, puis star de la chanson. Martin lui ne parvient pas à rattraper la révolution qui lui a échappé. Traumatisé par son expérience dans le centre de redressement, il ne peut se résoudre à renoncer à ce qu’on lui a volé, son insouciance et son innocence. Sa sortie du centre précipite sa chute inexorable, et ses retrouvailles avec Ruby ne suffisent pas à le propulser dans l’avenir.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Le réalisateur autrichien Christian Frosch nous livre un conte formaliste à l’esthétique sagement psychédélique illustrant à travers les destinées de Ruby (Victoria Schulz) et Martin (Anton Spieker) la formule hédoniste sex, drugs and rock’n’roll. Et malgré l’acharnement de la société à faire rentrer la jeunesse dans le rang, aussi dépassé soit-il, la trajectoire des deux héros, qu’elle soit filante ou tragique, vient illustrer leur esprit de révolte, et leur volonté farouche de décider eux-mêmes de leur sort, quitte à ce qu’il soit fatal.

Le film a été produit par les Allemands de Jost Hering Filme et les Autrichiens de Prisma Film- und Fernsehproduktion GmbH.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy