email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2016 Panorama Special

Tomcat : quand le chat n'est pas là...

par 

- BERLIN 2016 : Un geste inexplicable met la relation idyllique d'un couple de musiciens dans l'impasse

Tomcat : quand le chat n'est pas là...

Dans son premier long-métrage en tant que réalisateur, le film encensé März, l'acteur autrichien Klaus Händl faisait basculer un village tyrolien dans l'incompréhension après le suicide inexplicable de trois amis. Dans son deuxième film, Tomcat [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, présenté dans le volet Panorama Special du Festival de Berlin, la pastorale est transposée à un couple de musiciens qui vivent parmi les vignes, aux abords de Vienne. Stefan et Andreas, se sont construit une vie idyllique. Entre deux concerts avec leur orchestre (dont Andreas est le manager et où Stefan joue du cor), quand ils ne sont pas entourés par leur joyeuse bande d'amis musiciens, tous différents mais tous chaleureusement en harmonie (sur scène comme quand ils se mettent à chanter spontanément à plusieurs voix, en voiture ou autour de quelques bouteilles de vin), ils font des confitures avec les fruits du jardin, dansent sur du jazz d'une pièce à l'autre de leur belle maison, discutent, se câlinent. Même Moïse leur chat est parfait, qui ronronne à leurs côtés et qu'on voit tantôt se prélasser dans un rayon de soleil pour chauffer sa douce fourrure, tantôt investir leurs genoux pour quelques caresses ou promener ses adorables papattes sur les touches du piano. Le joli félin complète bien l'enviable tableau, celui d'une famille heureuse, aisée, cultivée, aimante et bien entourée, au-dessus de laquelle le ciel est toujours bleu.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Et puis soudain, un matin, Stefan a un geste brusque inexplicable qu'on a à peine le temps de comprendre et le chat se retrouve là, immobile, sur la table du petit déjeuner. En une seconde, le couple idéal est soudain mutilé. La volonté de rester unis et de surmonter la crise est là encore, mais elle ne suffit pas à écarter le doute, la honte, la peur, la répulsion même, du côté d'Andreas. Les deux amants, si beaux dans les regards qu'ils posaient l'un sur l'autre jusqu'à ce matin-là, n'arrivent même plus à se regarder, sans savoir précisément pourquoi (puisque l'origine du geste brutal de Stefan, généralement si tendre, reste une énigme), et le mur d'incompréhension et d'impuissance qui se dresse entre eux est renforcé par la peur que la situation soit irréparable quoiqu'ils fassent.

Ainsi, bien soutenu par les interprétations tout en finesse de ses acteurs, Lukas Turtur et Philipp Hochmair, Händl réussit dans Tomcat deux tours de force. D'abord, il nous offre un tableau réaliste de l'amour idyllique en frôlant, sans jamais le toucher, l'excès de perfection qui rendrait ce bonheur écoeurant (comme par exemple dans le film de Varda qui porte ce nom), mais surtout, il met le doigt sur un phénomène parmi les plus troublants qui puissent affecter les relations humaines : le fait qu'un seul mot ou un seul geste laissant entrevoir dans un être cher le fragment d'un individu qui semble totalement étranger peut en un instant scinder la plus fusionnelle des affections et que toute la volonté du monde ne peut rien faire pour réparer cette brèche – dont il est souvent impossible de dire si elle est irrémédiable ou susceptible de disparaître aussi facilement qu'elle est venue, par une opération d'alchimie tout aussi mystérieuse. Et à cette alchimie qui fait et défait l'amour, Händl a eu la bonne idée de donner une forme parmi les plus gracieuses et énigmatiques qui soit : une forme féline.

Tomcat a été produit par le brillant collectif viennois Coop99.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy