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BRUSSELS FILM FESTIVAL 2016 Web Report

Se laisser porter Par accident

par 

- Le thriller social de Camille Fontaine nous happe jusqu’à la dernière minute. Un premier film inquiétant et lumineux

Se laisser porter Par accident
Mounir Margoum et Hafsia Herzi dans Par accident

Tout commence par un accident. Un soir, en rentrant chez elle, Amra renverse un piéton qui se retrouve alors plongé dans le coma. Ravagée par sa culpabilité, la jeune femme est finalement innocentée quelques jours plus tard par Angélique, une infirmière décomplexée. Elle affirme avoir vu l’homme se jeter sous les roues du véhicule. Touchée par son geste, Amra se lie d’amitié avec Angélique. Amra retrouve sa joie de vivre, mais petit à petit le doute s’immisce quant aux véritables motifs d’Angélique… Par accident [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
est un premier film français qui s’est glissé dans la compétition de la 12e édition du Brussels Film Festival pour la teinter d’une note de suspense.

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À partir d’un fait divers, Camille Fontaine tire le fil de son histoire jusqu’à le tendre de plus en plus fort. Si au départ, on pense être dans un drame social, on tombe rapidement dans un thriller sinueux comme les routes du sud-est de la France, qui servent de décor à l’intrigue. La réalisatrice est également scénariste. Son film, très écrit et réfléchi, ne laisse rien au hasard. Les hypothèses successives sont vite effacées par un nouveau rebondissement. Elle maitrise son polar sans entrer dans une histoire trop sombre ou psychodramatique. Au contraire, le film est plutôt lumineux et le soleil du sud inonde l’image. Une certaine douceur s’en dégage, plutôt éloignée du genre généralement plus noir.

Par accident est avant tout porté par un beau duo d’actrices à contre-emploi de leurs rôles habituels. Emilie Dequenne étonne en rousse pulpeuse qui porte des robes courtes moulantes et qui trinque sans honte "à la bite". Hafsia Herzi, plus mature, campe une timide mère de famille rongée par les remords et l’envie de protéger les siens. Angélique et Amra sont deux personnages diamétralement opposés. L’une, libre et voleuse, recherche une famille à laquelle s’attacher. L’autre, immigrée, a laissé ses racines et ses amis en Algérie et cherche avant tout à se reconstruire. L’amitié naît entre elles parce qu’elles sont avant tout deux filles seules, qui aspirent chacune à être l’autre. Le duo attachant fonctionne : le public doute avec Amra et se méfie d’Angélique.

Si ce n’est que la toile de fond de son film, Camille Fontaine traite aussi de l’immigration avec beaucoup d’intelligence. La situation d’Amra et de son mari Lyes (interprété par Mounir Magoum) évoque subtilement la situation des sans-papiers sans trop en faire. Leur vie précaire – ils habitent dans une caravane avec leur fille au milieu d’une forêt – repose sur des emplois non déclarés mais n’est jamais source de pesanteur dramatique. Au travers d’Amra, la réalisatrice décrit cette solitude des exilés loin de chez eux. Ces éléments permettent à Angélique de pénétrer leur vie et de susciter la paranoïa. La technique est intelligente et novatrice.

Par accident ne révolutionne pas le genre, mais il ne le trahit pas non plus. Si l’on sent parfois dans la façon de filmer ou dans la musique – peut-être un peu trop présente dans les moments de doute – que la réalisatrice cherche un peu son chemin, elle réussit à apporter de l’amour dans une atmosphère inquiétante. Cette première œuvre prometteuse devrait encourager Camille Fontaine à retourner au plus vite derrière la caméra pour affiner son art.

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