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CANNES 2017 Industrie

Réaliser des documentaires à l’heure de la post-vérité

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- CANNES 2017 : La discussion du 23 mai a ouvert le second Doc Day à Cannes, organisé par le Marché du Film avec, notamment, le soutien du CNC

Réaliser des documentaires à l’heure de la post-vérité

“Les documentaires sont très importants pour le CNC. Chaque année, nous donnons plus de 80 millions d’euros à la production de documentaires français parce que, pour nous, ils sont nécessaires pour comprendre le monde et éduquer les citoyens," a déclaré Christophe Tardieu (directeur général du CNC) en s’adressant au public de "les documentaires à l’heure de la post-vérité", une conférence organisée dans le cadre du Marché du Film de Cannes, modérée par Wendy Mitchell (Screen International).

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"En fait, le terme post-vérité est un joli surnom de fake news, non ?" a lancé Wendy Mitchell avant de donner la parole à Carrie Lozano (directrice générale d’IDA Enterprise Documentary Fund), Kathleen Lingo (productrice déléguée pour The New York Times Op-Docs), Kathy K Im (directrice de The John D and Catherine T MacArthur Foundation), Laurent Richard (Premières Lignes) et Gonzalo Lamela (directeur de Films For Transparency), qui ont abordé différents sujets, tels que la nécessité d’aborder des sujets complexes, la réduction des financements, et les fake news.

“Je suis heureux de parler de la nécessité de combattre les fake news, parce qu’aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’informations. Nous devons rendre sa grandeur au journalisme," a déclaré Laurent Richard en faisant référence au fameux slogan de Trump. Kathleen Lingo a semblé être d’accord : "En ce qui concerne la vérification des faits, nous avons remarqué que plus d'erreurs sont commises lorsque les réalisateurs n’ont pas une formation en journalisme. Les réalisateurs de films documentaires doivent suivre la même ligne de conduite que les journalistes, que ce soit en termes de recherches ou d’éthique," a-t-elle confié à Cineuropa.

Il est également nécessaire de permettre aux journalistes de se sentir en sécurité. Pour cette raison, Laurent Richard a lancé une nouvelle initiative : Freedom Voices Network. Il s’agit d’une plateforme collaborative visant à publier le travail des journalistes d’investigations qui seraient harcelés, menacés ou même assassinés. Une chose est sûre, en termes de sécurité, on ne peut jamais prendre assez de précautions. "Un journaliste devrait prendre l’habitude de crypter tous ses messages," a souligné Carrie Lozano. "J’utilise Signal [messagerie chiffrée] même lorsque je parle de la liste de courses avec mon mari, ça devrait devenir un automatisme pour tout le monde."

Bien que la situation politique en constante évolution mette sans cesse les réalisateurs en difficultés, les documentaires jouent encore un rôle crucial. Comme les participants l’ont mentionné, à l’ère du populisme et des réseaux sociaux devenant les principales (voire seules) sources d’information, nous en avons plus besoin que jamais. "Presque plus personne ne regarde les infos à 18 h ou lit le journal le matin," a déclaré Kathleen Lingo. "Maintenant, chacun a ses propres sources d’informations selon ses préférences : que ce soit des sites spécifiques ou les fils d’actualités Facebook et Twitter. Les réalisateurs doivent continuer à chercher de nouveaux moyens d’aborder des sujets intéressants et faire en sorte qu’ils touchent un public le plus large possible."

"Afin que les documentaires retrouvent leur heure de gloire, je crois qu’il va falloir attendre que les "merveilleux" réseaux sociaux perdent un peu de leur splendeur. Il semblerait qu’aujourd’hui, ce que les gens veulent, c’est plus de sang et moins d’informations," a affirmé le réalisateur Amos Gitaï au cours d’une discussion avec le critique Jean-Michel Frodon. Amos Gitaï, dont le dernier film À l’ouest du Jourdan [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
a été sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs, a souligné la nécessité pour les documentaires de ne pas s’éloigner des sujets à controverse, mais de permettre au public de se forger sa propre opinion. "Le meilleur dans un documentaire, c’est qu’on peut voir les gens se transformer, contrairement à la fiction," a-t-il dit. "C’est la raison pour laquelle je ne suis pas en accord avec certains des grands films récompensés à Cannes. Je partage leur vision politique, mais je trouve qu’il ne laisse aucune place au doute, qui est pourtant la base de la réflexion. Les documentaires devraient nous pousser à nous poser des questions, aujourd’hui plus que jamais."

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(Traduit de l'anglais)

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