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BERGAME 2018

Critique : The Third Option

par 

- Cet intéressant documentaire par l’Autrichien Thomas Fürhapter explore les diagnostics prénataux et s’interroge sur la frontière entre normalité et handicap

Critique : The Third Option

Le cinéaste autrichien Thomas Fürhapter est titulaire d’une maîtrise en philosophie, ce qui transparaît dans son premier long-métrage, le documentaire The Third Option [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, dont il a aussi écrit le scénario. Après son avant-première mondiale au Festival international du film documentaire de Copenhague, et après avoir fait le tour de plusieurs festivals internationaux, le film de Fürhapter a été invité au Film Meeting de Bergame, dans la section Vus de près. Ce documentaire fait la lumière sur les lourdes décisions que doivent prendre les couples confrontés à la perspective de donner naissance à un enfant handicapé et engage une réflexion sur ce qui est considéré comme normal dans la société occidentale actuelle, sur la face obscure de la liberté de choix, ainsi que sur d’autres questions éthiques qui suscitent la controverse, le bien porté par un scénario profond, réfléchi et sans provocation.

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"La médecine prénatale est la seule branche de la médecine où nous sommes autorisés à tuer", déclare un des praticiens interrogés dans le film, dont la voix a été doublée et le visage masqué, comme ceux de tous les autres intervenants. Pendant 75 minutes, à ces voix se superposent des images (un homme et une femme sur le point d’avoir un bébé, des docteurs, des psychologues) qui, semblables à des peintures minutieusement composées, souvent filmées en plan fixe, nous dévoilent des maternités et salles d’examen, des magasins emplis de jouets et de poussettes, des gymnases hyper-technologiques, des parcs aquatiques bondés. Les plans s’enchaînent, créant, souvent, un contraste tantôt ironique, tantôt dramatique.

Dans notre société occidentale moderne, des diagnostics prénataux sont réalisés dans 85-90% des cas de grossesse, et quand des anomalies sont détectées, plus de 90% des couples décident d’avorter. La décision incombe principalement aux femmes, qui peuvent choisir d’avorter ou d’élever un enfant handicapé, alors qu’il y a 50 ans, comme on nous le rappelle, avoir un enfant handicapé était considéré comme une fatalité qu’il fallait accepter. Mais dans ce cas, où se situe la frontière entre la normalité et le handicap ? Où s’arrête l’intention d’éviter une énorme souffrance et où commence l’eugénisme ? Que signifie réellement la liberté de choix dans une société allergique à la diversité ? La société ne gagnerait-elle pas à être plus inclusive et tolérante ?

Thomas Fürhapter articule son récit en opposant images et voix-off. Il parle de handicap et nous montre des enfants en parfaite santé faisant de la gymnastique, courant un marathon ou faisant un plongeon dans la piscine (le premier garçon handicapé n’apparaît qu’à la moitié du film). On assiste à la naissance d’un bébé, dans toute sa crudité essentielle, et peu après on apprend dans les moindres détails comment se déroule un avortement au sixième mois de grossesse, une description à glacer le sang qui révèle l’étendue de notre manque de connaissance dans le domaine, même si l’on se plaît à croire le contraire. Les émotions et les réflexions fusent tandis que Fürhapter explore les questions de biopolitique et dresse le bilan des conséquences éthiques et émotionnelles de la décision difficile au cœur de son film, tout en conservant le recul approprié et en inversant parfois les points de vue (peut-être l'obsession de la forme physique, des cours prénataux et des cours de gymnastique pour nouveaux-nés est-elle justifiée ?). Avec subtilité, sans porter de jugements, mais avec une grande richesse d’images, le film laisse à son public le soin d’apporter des réponses à ces nombreuses questions.

The Third Option a été produit par la société viennoise Navigator Film. Les ventes internationales du film sont assurées par l'agence londonienne Taskovski Films.

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(Traduit de l'italien par Séverine Meuleman)

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