25/05/2006

Grand succès à l’applaudimètre ce matin à l’issue de la projection de presse d’ Indigènes [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Jean Bréhat
interview : Rachid Bouchareb
fiche film] du cinéaste franco-algérien Rachid Bouchareb. Porté par un remarquable quatuor d’acteurs (Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Samy Nacéri), ce film de guerre épique et émouvant lève le voile sur un pan occulté de l’Histoire de France : la participation active des tirailleurs d’Afrique du Nord à la Libération en 1944 - 1945 face au fascisme et au nazisme. Réunis en 1943 par le conflit qui vient chercher des volontaires jusque dans les villages les plus reculés, Saïd le gentil illettré, Messaoud le tireur d’élite sentimental, Abdelkader le caporal ambitieux épris de justice et Yacir le pillard sauvage s’initient au métier de soldat, traversent la Méditerranée et se retrouvent l’année suivante au feu en Italie, à Monte Cassino. Suivront la libération festive de Marseille en août 1944, puis la vallée du Rhône, les Vosges enneigés et enfin l’Alsace. Un parcours semé de mort et de moments intimes de la vie militaire qui se transformera peu à peu en une prise de conscience que même l’uniforme n’estompe pas l’inégalité raciale (« les bougnoules ne sont pas fait pour commander »), bien loin de la devise française « Liberté, Egalité, Fraternité ».

Histoire d’hommes et film d’action mélodramatique, le long métrage de Rachid Bouchareb s’inscrit dans la tradition d’un cinéma classique, mélange réussi de fidélité à la véracité historique et de moments de forte intensité fictionnelle. Montant en puissance dans la dernière demi-heure, il s’avère un hommage à ces combattants de l’ombre tout en contribuant à apporter un nouvel éclairage aux débats animés qui secouent actuellement la société française sur les thèmes de l’immigration et de l’intégration.

Production franco-maroco-algéro-belge pilotée par la société hexagonale Tessalit Productions (fondée et dirigée par Jean Bréat et Rachid Bouchareb), Indigènes a bénéficié d’un budget de 14,4 millions d’euros. Soutenu notamment par France 3 Cinéma (1,3 million d’euros), France 2 Cinéma (1,1M€), l’avance sur recettes du CNC ((500 000 euros) et de multiples soutiens régionaux, le film a été coproduit à hauteur de 10 % par les Belges de Versus Production et est vendu à l’international par Films Distribution.