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Woody Allen: l´ami américain

par 

- Avec Hollywood Ending Allen ouvre hors compétition le Festival de Cannes. L'opinion de Callisto Cosulich sur le plus européen des realisateurs americain

«Auteur complet déjà à son sixième film, on ne peut qu´admirer un comique qui, tenté par l´exploitation intensive de ses thèmes, les domine tellement qu´il y introduit, sans violence ni timidité, une grâce nouvelle et rare». Positif s´exprimait ainsi sur Woody Allen en 1977. Je n´aurais sans doute pas choisi cet éloge, parmi les milliers qui ont accompagné le film qui a permis à Allen de monter aux étages supérieur du «condominium des auteurs», si ce n´est que c´est Emmanuel Carrère à l´avoir écrit.
Curieuse coïncidence : aujourd´hui, 25 ans après cet événement, Allen présente à Cannes son trente-troisième film, tandis que Carrère est l´auteur de l´extraordinaire livre-enquête L´adversaire qui a inspiré Nicole Garcia, le film le plus attendu parmi les quatre français en compétition. Curieuse et significative coïncidence puisque d´une certaine manière elle scelle par des noces d´argent le mariage célébré en 1977 entre l´Europe et ses festivals, et le comique de Manhattan. Annie et moi représenta pour Allen un vrai tournant: à partir de ce moment-là ses fortunes américaines commencèrent à décroître tandis que celles européennes augmentaient. Considérons la monographie que Giannalberto Bendazzi lui dédia en 1976. En consultant la bibliographie, jointe au texte, on s´aperçoit que jusqu´alors les livres et les essais sur Allen étaient tous d´origine américaine. En France, ainsi qu´en Grande Bretagne, il n´avait encore suscité aucun intérêt. En Italie il existait seulement quelques textes d´information. L´indifférence de la critique française, qui rassemblait les plus doctes experts du cinéma comique est étonnante. Pourtant la France célébrait Jerry Lewis, qui entre autre, avait signalé Allen à ses amis parisiens, lui préconisant un brillant futur.
Mais tout change à partir de Annie et moi. D´un versant à l´autre de l´Atlantique les rôles s´inverssent. Il est facile d´imaginer l´origine de cet amour pour Allen de la part des critiques et des spectateurs européens, ainsi que des directeurs de Festivals. On saisit moins le détachement progressif à son égard des spectateurs et des critiques américains. Une explication pourrait être celle que Allen est née et a grandi en tant qu´auteur, et non seulement comme acteur, dans les années soixante-dix, quand Hollywood faisait de l´œil au cinéma français. C´était le temps où les Majors avaient cessé de se tourner uniquement vers ce qu´on appelait le grand public. Ils préféraient partager le public en trois tranches distinctes (métropolitain, provincial et étranger) et offrir à chacune d´entre elles un produit différent. Enfin les stratégies changèrent. Hollywood reprit à faire la cours au grand public, après avoir trouvé le spectateur moyen dans les jeunes de treize ans. Allen au contraire s´adressait à un public plus mûr, forcement minoritaire.
S´il est parvenu à réaliser un film par an, c´est surtout grâce au succès continu qu´il obtient en Europe. C´est justement le succès européen qui lui a permis de profiter, aux Etats-Unis, de la notoriété nécessaire pour rester maître absolu de son œuvre, en choisissant ses collaborateurs techniques, les stars plus côtées disposées à travailler avec lui au tarif syndical. Et c´est seulement grâce à ces conditions que le public européen à bénéficié du film annuel de Allen, apprécié comme peuvent l´être un cadeau de Noël ou d´anniversaire.
Qu´est-ce qui reste de l´Hollywood des années soixante-dix, de l´inoubliable saison du cinéma USA, qui semblait capable de changer les règles du jeu des Majors ? Des cinquante, ou plus, réalisateurs qui à cet époque donnèrent à Hollywood un surprenant changement de direction vers le cinéma d´auteur, certains sont décédés, d´autres sont à la retraite ou disparus ou bien ils se sont adaptés à la routine de la télévision ou encore ils se défendent comme il peuvent, renonçant petit à petit à leur personnalité. Il y en a d´autres encore qui se sont déplacés en Europe, par amour (James Ivory), ou quelque fois par obligation (c´est le cas de Polanski). Le dernier de ce groupe semble être Brian De Palma, qui porte à Cannes Femme fatale, tourné justement à Cannes avec un producteur français.
Restent l´impérissable Altman, les puissants Coppola et Lucas, ainsi que Martin Scorsese, qui au contraire, avec le temps a augmenté son charme. Il y a aussi Spielberg, nouveau roi américain, et Woody Allen, l´autre survivant, qui travaille depuis quelque temps justement pour la Dreamworks du premier. Spielberg ne semble pas disposé à se contenter du succès limité à l´Europe.
Pourra -t-il conduire à nouveau Woody Allen aux honneurs américain ? Et à quel prix ? Dans tous les cas Allen continue à profiter des festivals européens (Cannes ou Venise indistinctement) pour ouvrir une brèche sur notre continent, tandis que sur le marché des Etats-Unis il reste un auteur de créneau. On ne sait pas si son futur restera dans ses mains ou passera dans celles de Spielberg. Pourvu qu´il nous fasse encore cadeau de ses films chaque année, sans vider pour autant l´entrepôt de ses histoires.

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(Traduit de l'italien)

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