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Andrea Segre • Réalisateur

Interview - Venice Days 2011

La petite Venise, premier long métrage de fiction du documentariste Andrea Segre, a été le film le plus applaudi des Venice Days 2011.

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, premier long métrage de fiction du documentariste Andrea Segre, a été film le plus applaudi de du Venice Days 2011.

Que ressentez-vous en tant que finaliste du Prix LUX ?
Andrea Segre : Je pense que le Prix LUX est l’une des plus intelligentes récompenses que l’on puisse recevoir dans sa carrière. Elle ne donne pas d’argent, ce n’est pas qu’un simple symbole, c’est plutôt quelque chose de pratique et utile pour la distribution de son film. Grâce au Prix LUX, il est possible d’atteindre un public que l’on n’aurait jamais pensé pouvoir atteindre. Tout à l’heure je plaisantais avec un ami de Chioggia [un petit village près de Venise], la ville où nous avons tourné le film, parce que j’aimerais bien savoir comment le dialecte parlé à Chioggia va être traduit en Slovénie, en Estonie ou encore en Lituanie [la plupart des personnages parlent le Chioggia]. En même temps, c’est aussi un prix qui s’intéresse intelligemment à la question du futur de l’Europe, en essayant de ne pas homogénéiser nos différences mais plutôt d’instaurer un dialogue entre toutes ces différences.

Quelle a été la source d’inspiration de votre film ?
C’est un film sur mon enfance et un hommage à ma mère. Chioggia est l’endroit où elle est née et j’y passais beaucoup de temps l’été étant enfant. J’ai grandi à Padoue, mais tous les étés j’allais à Chioggia. Je sentais que je devais raconter quelque chose sur cet endroit. Ensuite j’ai rencontré la vrai Shun Li dans le restaurant où nous tournions le film, et c’est à ce moment que je me suis rendu compte que je devais parler du village de ma mère du point de vu d’un inconnu. Je trouve que le fait de parler de soi-même à travers les yeux d’un inconnu est défi intéressant.

Comment avez-vous choisi avec vos acteurs ?
Dans mon film il y a différentes sortes d’acteurs : internationaux, nationaux assez connus, de théâtre et de cinéma, et aussi des amateurs, comme les pêcheurs ou les villageois de Chioggia. J’ai aimé ce mélange dans le casting parce que le film parle de dialogue entre les différences, différences que j’ai pu exploiter au sein même de ce casting. Les acteurs professionnels ont pu apprendre à parler et à se comporter comme n’importe qui à Chioggia, et vice-versa. L’échange entre acteurs internationaux et nationaux était très intéressant aussi. Je pense que La petite Venise parle de contamination et aussi du courage qu’il faut pour apprendre à se connaître grâce au savoir des autres.

C’est est votre premier long-métrage de fiction après de nombreux documentaires. Pensez-vous que la fiction peut avoir plus d’impact que le documentaire ?
Je n’ai jamais étudié dans une école de cinéma, ni même étudié cette matière. J’ai débuté dans cet art en faisant des documentaires et en voyageant, tout en gardant toujours avec moi ma caméra parce que j’étais convaincu que grâce à la caméra, je pouvais partager avec les autres ce que je découvrais au cours de mes voyages. Ensuite on m’a invité à plusieurs festivals et on m’appelait "réalisateur". Je me suis alors demandé : "suis-je vraiment un directeur ?" Je croyais que je devais travailler avec des acteurs pour être un réalisateur de manière plus officielle. Donc je me suis tourné vers la fiction, mais je pense que l’un des domaines les plus intéressants du nouveau cinéma est la connexion entre le documentaire et la fiction, et le mélange de ces deux genres. Mes documentaires sont très fortement politisés, et je suis ravi de pouvoir utiliser le cinéma afin de transmettre des messages sociaux et politiques. La fiction permet d’atteindre un public qui ne sait pas qu’il va voir film portant un message politique, mais il n’a pas d’autre choix que de faire face à ce message. Mon véritable défi est d’amener le public qui regarde des fictions à regarder des documentaires. Cela m’est arrivé avec Mare Chuiso, le documentaire que j’ai réalisé juste après La petite Venise. J’étais tellement heureux de voir les cinémas rempli de gens qui voulaient voir le nouveau film d’Andrea Segre parce qu’ils avaient vu La petite Venise. Ils ont été totalement surpris de se retrouver devant un documentaire fortement politisé. La réponse à votre question est donc que si je pouvais trouver un moyen de mélanger ma langue et mon public entre mes documentaires et mes fictions, je serais satisfait.

Le cinéma peut-il changer la politique ?
Aujourd’hui la politique des médias a besoin d’effacer l’histoire de l’individualisme de l’être humain, notamment par rapport à l’immigration, un sujet qui m’intéresse particulièrement. Ils ont besoin d’atteindre un grand nombre de personnes au lieu de s’arrêter sur les individus, car dans la communication, il est plus facile d’utiliser des stéréotypes plutôt que des individus différents. Le cinéma à la capacité de concentrer l’attention des gens sur des vies individuelles en utilisant celles-ci comme la métaphore d’un plus grand phénomène. Le cinéma peut aider la politique à éviter ce risque, qui ne menace pas seulement les hommes politiques, mais aussi la connexion entre la politique, la société et les être humains.

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