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Kosovo

Norika Sefa • Réalisatrice de Looking for Venera

“Je ne voulais pas que le film exploite la pauvreté des pays des Balkans”

par 

- Nous avons discuté avec la réalisatrice kosovare, dont le premier long-métrage a été projeté à IFFR et vient d’être soumis aux Oscars, pour lesquels les votes sont en cours jusqu’au 15 décembre

Norika Sefa • Réalisatrice de Looking for Venera

La réalisatrice kosovare installée à Prague Norika Sefa a présenté son premier long-métrage, Looking for Venera [+lire aussi :
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interview : Norika Sefa
fiche film
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, dans le cadre de la Compétition Tiger du Festival de Rotterdam. Ce récit d’apprentissage a été tourné au Kosovo avec une troupe composée principalement d’acteurs non-professionnels. Sefa voulait présenter du Kosovo une image éloignée des stéréotypes. Elle nous a parlé des challenges principaux en abordant ce film et de son travail avec ses acteurs.

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Cineuropa : Comment avez-vous développé l’histoire ? Qu’est-ce qui vous l'a inspirée ?
Norika Sefa :
Je voulais raconter une histoire qui se passerait au Kosovo, mais qui ne reproduirait pas les stéréotypes pour lesquels le pays est connu à l’étranger. En gros, je ne voulais pas montrer de costumes traditionnels ni invoquer quelque chose d'exotique. Je ne veux pas que le film exploite la pauvreté des pays des Balkans. Cela dit, c'est bien la tradition qui est au coeur de cette histoire, ainsi que la famille. J’ai moi-même grandi dans une famille nombreuse et c’est un sujet qui m'est cher. Cependant, comme cela fait de nombreuses années que je vis à l’étranger, je n'étais pas tout à fait sûre de moi quant à l'approche que j'envisageais. Je voulais que le film ait beaucoup de strates, mais avec un accent sur les relations humaines, et que tous les éléments extérieurs (la nature, par exemple) n’apparaissent qu’à travers les personnages. J’étais curieuse de voir ce qui se dégagerait en développant les personnages et dans quelle mesure l’interprétation des acteurs pourrait Influer sur le film.

A-t-il été difficile de financer le film ?
Nous avons obtenu un financement du Centre de la cinématographie du Kosovo, mais ce n’était pas suffisant. C’est pour cela que nous avions aussi besoin de monter le projet comme une coproduction avec la Macédoine. Ça s'est avéré fondamental, c'est grâce à cela que toute la post-production a été possible.

Comment avez-vous trouvé vos deux actrices principales ?
Nous avons vu beaucoup de filles, environ mille, en visitant différentes villes. À un moment, la fille qui allait finir par jouer le rôle de Venera chantait à tue-tête devant l’école, et c’est comme ça qu’on l’a trouvée. Au Kosovo, les gens ont une relation compliquée à la caméra. Le pays et ses habitants sont très présents dans les actualités, donc la presse pointe souvent des caméras vers eux. Il était important qu'en commençant le travail sur le film, nous nous assurions qu'ils ne pensent pas trop à la caméra, dans un premier temps. Nous avons décidé de loger dans la maison même où nous allions tourner et répéter, de manière à ce que les acteurs se sentent à l'aise avec leur nouvel environnement. Au début, la caméra n’était pas allumée. Je voulais qu'on garde bien les pieds sur terre en toute chose et pour accentuer cela, j’ai demandé à ma propre grand-mère de jouer la grand-mère dans le film.

Comment avez-vous formé le groupe des garçons ?
Comme je logeais avec mon chef-opérateur là où nous allions tourner, nous avons bien observé les réactions des jeunes, là-bas. Après, nous les avons abordés, sans mentionner le film et sans leur en dire trop sur le scénario, du moins au début.

Vous choisissez ici de placer la caméra très près des personnages. Pourquoi était-il important de procéder ainsi ?
D'aucuns diraient qu'être près des personnages est la marque d’une approche documentaire. Pour moi, il s'agissait surtout d'être près des filles pour suivre leur logique. Je m’adaptais à leur âge, suivant le sens de leur curiosité et recréant leurs réactions, qui peuvent aller d'un extrême à l’autre. Avant qu'on n'allume pour de bon la caméra, nous avons travaillé sur leur énergie, sur la construction de leurs réactions et de leurs personnages, et ensuite nous avons filmé ce qui a procédé de cela. Je suis demeurée curieuse par rapport à ce qui pouvait se passer une fois la caméra branchée, c'était excitant pour moi.

Quel concept d'ensemble vous a guidée sur le plan esthétique ?
Le plus important, c'était que tout puisse être expliqué du point de vue du personnage principal. Elle est consciente de ce qui se passe autour d’elle, mais on ne voit pas nécessairement toutes ces choses. On a appliqué ce principe à l'environnement de l'action, notamment la nature, mais aussi par rapport au mixage son.

Quel est le grand message que vous vouliez transmettre à travers ce film ?
Ce que je voulais, c'était raconter l’histoire d’une jeune fille dans une société traditionnelle et patriarcale. Ce n'est pas nécessairement elle qui doit changer, mais plutôt les autres gens autour d’elle, sur la base de sa réaction face à eux. Mon souhait était que ce ne soit pas tant les personnages centraux qui se développent et évoluent au fil du film que le public. Le spectateur entreprend ici un parcours et idéalement, il sent les émotions des personnages.

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(Traduit de l'anglais)

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