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VENISE 2022 Orizzonti

Michal Blaško • Réalisateur de Victim

“Il y a un équilibre entre une histoire intime et une histoire sur un individu contre la société”

par 

- VENISE 2022 : Entretien avec le réalisateur slovaque sur son premier long-métrage, où il examine en profondeur la xénophobie fermement ancrée dans la société

Michal Blaško • Réalisateur de Victim

Lorsque le fils d’une immigrée ukrainienne en République tchèque est placé en soins intensifs, la rumeur court qu’il aurait été agressé par des Roms du quartier. Alors que le camp des libéraux d’extrême droite s’agite, la mère et son fils doivent décider comment gérer la situation, toujours avec cette crainte autour de leur statut dans le pays. Nous avons évoqué avec Michal Blaško son premier long-métrage, Victim [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Michal Blaško
fiche film
]
, présenté en avant-première dans la section Orizzonti de la 79e édition de la Mostra de Venise.

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Cineuropa : Vous écrivez souvent sur les gens, en particulier les étrangers évoluant dans des situations difficiles et confrontés à la xénophobie, aux intimidations ou à la discrimination. Qu’est-ce qui vous fascine chez eux ?
Michal Blaško: je pense que le dénominateur commun de ces histoires est qu’elles s’articulent autour d’un personnage principal fort avec lequel nous passons du temps. Leur situation est tout juste acceptable et nous tentons de comprendre ce qui motive leurs réactions. Il y a un équilibre entre une histoire intime et une histoire sur un individu contre la société.

Son histoire à elle, celle d’une minorité persécutée, est détournée par des groupes extrémistes et se retourne contre une autre minorité. Certains événements spécifiques vous ont-ils inspiré ?
Il y a eu quelques incidents similaires. L’un s’est produit en Slovaquie, un autre en France et un en Italie. Leurs points communs sont l’implication de certaines figures politiques, une manifestation et la présence non seulement de médias spécialisés dans la "fausse information", mais des médias de masse en général. Nous avons tenté d’intégrer certains éléments à l’histoire, car, nous pensions que ce genre d’événements pouvait se produire n’importe où dans le monde.

Pour pouvoir s’intégrer, Irina doit piétiner d’autres minorités.
En effet. Au début, les personnages principaux n’étaient pas censés être ukrainiens. Cela s’est décidé en cours de développement. Nous avons pensé qu’il serait également intéressant qu’ils puissent appartenir à une minorité ethnique, ce qui génère un conflit.

Vend-elle son âme au diable ou essaie-t-elle seulement d’utiliser les failles d’un système défectueux qui lui est défavorable pour obtenir une certaine sécurité ?
Elle protège avant tout son fils. Elle sait qu’elle doit continuer à mentir, car, ils pourraient perdre la seule chance qu’ils ont d’obtenir la citoyenneté du pays. Et je ne pense pas qu’elle demande à bénéficier de quoi que ce soit. C’est un personnage très intéressant. Lorsqu’elle pense faire quelque chose de mal, elle a besoin de faire quelque chose de bien. Je ne la vois pas comme quelqu’un de mauvais.

Le mensonge du fils va de pair avec la crainte que lui inspire sa mère et l’angoisse liée à son statut d’étranger.
Exactement. Ils sont seuls. Ils dépendent l’un de l’autre. La situation est vraiment compliquée. Lors de la première du film, certains ont compris les raisons qui l’ont poussée à mentir.

Les extrémistes dans l’histoire sautent sur l’occasion de détourner le débat, alors que les représentants politiques les inondent de cadeaux. Mais personne ne se soucie véritablement du peuple rom et des attaques dont ils sont victimes.
Les représentants politiques d’extrême droite en Slovaquie et en République tchèque ont vu leur popularité grandir car, ils ont trouvé un moyen de séduire ceux qui sont frustrés. Des situations comme celle-ci sont pour eux une aubaine. Ils utilisent également les réseaux sociaux aujourd’hui parce que c’est un domaine qu’ils maitrisent parfaitement.

L’histoire de votre film pourrait se passer n’importe où dans l’Europe d’aujourd’hui. Vous n’indiquez pas précisément où, ce qui confère au film un ton universel.
Absolument. Nous souhaitions conserver cet anonymat et ce flou.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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