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SAN SEBASTIAN 2022 Compétition

Petr Vaclav • Réalisateur d'Il Boemo

“J’ai trouvé excitante cette histoire d’ascension et de chute à la Icare”

par 

- Cineuropa a interrogé le réalisateur tchèque sur son nouveau film, en particulier sur les origines de ce drame historique qui ressuscite une musique qu’on n’avait pas entendue depuis 250 ans

Petr Vaclav • Réalisateur d'Il Boemo
(© SSIFF/Jorge Fuembuena)

Le réalisateur tchèque Petr Vaclav est de retour au Festival international du film de San Sebastian, où il avait dévoilé son deuxième long-métrage, Parallel Worlds, en 2001. Vaclav est ici pour présenter en compétition son nouveau film, Il Boemo [+lire aussi :
critique
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interview : Petr Vaclav
fiche film
]
, dédié à la vie et l’œuvre du compositeur baroque oublié Josef Mysliveček. Il Boemo est le film le plus important et le plus ambitieux du réalisateur à ce jour. Cineuropa l'a rencontré pour parler des origines du projet, de l'opération consistant à tourner un film en costumes et de l'envie de ressusciter une musique qu’on n'avait pas entendue depuis 250 ans.

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Il Boemo a également été choisi pour représenter la République tchèque dans la course aux nominations aux Academy Awards dans la catégorie meilleur film international.

Cineuropa : Vous travaillez sur ce projet dédié à Josef Mysliveček depuis près d’une décennie. Pourquoi avez-vous décidé de consacrer autant d’énergie à un biopic sur un compositeur qui a presque disparu des livres d’histoire ?
Petr Vaclav : J’ai été attiré par Josef Mysliveček précisément parce qu’il est oublié et inconnu. L’histoire de sa vie est tout à fait passionnante. Josef veut devenir compositeur de musique et d’opéra. Afin de réaliser ses ambitions, il doit quitter sa famille et son pays et déménager au centre de la scène musicale : en Italie. Là, il va se forger une belle carrière et vivre la vie de compositeur très demandé à laquelle il aspirait. Cependant, son destin malheureux va vite lui voler son succès. Josef sait que sa carrière et sa vie ne vont plus durer très longtemps, et pourtant il continue de composer la musique la plus belle qui soit.

J’ai trouvé excitante cette histoire d’ascension et de chute à la Icare, ainsi que l’esthétique et l’esprit de l’époque : les costumes, les meubles et les chandelles. Et bien sûr, je voulais donner un nouveau souffle à la musique de ce grand compositeur. Mon idée n'était pas d'élaborer une fresque biographique à l'allure générique. Il Boemo est plus un film intime, et il s'articule autour de thèmes qui me sont chers. Malgré la mort tragique de Josef, le film n’est pas une tragédie. Pendant les 15 années qu'a duré sa carrière, Mysliveček a composé beaucoup de pièces très belles qui nous parlent encore maintenant, 250 ans après. Il fait partie des rares chanceux qui ont laissé un héritage durable.

Je n’ai pas exactement passé une décennie non plus à travailler là-dessus. Il y a eu beaucoup trop d’attente et de rejets ; ce projet a connu plusieurs "morts cliniques". Entre le moment où le scénario a été terminé et le moment où on s'est mis à préparer le tournage, il s'est passé six années. Cela dit, sur cette période, j’ai écrit et tourné trois longs-métrages de fiction et un long-métrage documentaire. Les recherches que j'ai faites pour le scénario d'Il Boemo m’ont pris un an et demi de travail très intensif. Ça a été une belle aventure, pendant laquelle j’ai beaucoup appris, beaucoup lu, rencontré plusieurs experts merveilleux et merveilleusement érudits, et acquis des connaissances que je n’avais pas avant.

Le documentaire que vous mentionnez est Confession of the Vanished [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui parle aussi de Josef Mysliveček. Quelle influence ce documentaire a-t-il eu sur Il Boemo ?
Une influence fondamentale. C’est un portrait documentaire de Josef Mysliveček. Le tournage s'est divisé en deux phases. J’ai tourné la partie principale dans des salles de répétition pragoises, où Vaclav Luks a répété le captivant opéra L'Olimpiade pendant de très longues semaines. Mysliveček a écrit cet opéra à un moment où il était déjà défiguré, et vivait caché derrière un masque. Il a vécu une période très dure. Vivre pendant des semaines et des mois enveloppé de cette musique m’a permis de comprendre quel caractère bien trempé Mysliveček devait avoir.

La musique joue ici un rôle très important. Pour le film, vos collaborateurs et vous avez redécouvert des travaux qui n’avaient pas été joués depuis près de 250 ans. Pouvez-vous nous décrire ce processus de résurrection de l'oeuvre de Josef Mysliveček ?
Quand j’ai commencé à penser à Mysliveček, seuls trois de ses opéras avaient été enregistrés. Il a écrit ces arias pour les plus grands castrats, ténors et sopranos de son époque, ce qui signifie que sa musique ne peut pas être jouée sans les meilleures voix de notre temps, car les rôles des castrats et des sopranos coloratures restent extrêmement difficiles, même pour les chanteuses et les contre-ténors d’aujourd’hui. Sauf qu'à ce moment-là, je m'y connaissais peu en opéra, de sorte que je craignais que Mysliveček fût en réalité un mauvais compositeur.

Vaclav Luks, un des plus grands chefs d’orchestre contemporains dans le champ de la musique baroque, qui a été mon conseiller dès le départ, m’a rassuré : il m'a parlé de Mysliveček, m’a joué les trois opéras au piano en chantant, tout en me faisant la démonstation du grand talent dramaturgique de Mysliveček à partir d'exemples précis, ainsi que de son sens de l’intrigue et du contenu du livret. Sa capacité à exprimer les âmes et les tourments des personnages était incroyable.

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(Traduit de l'anglais)

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