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ZURICH 2022

Edward Berger • Réalisateur de À l'Ouest, rien de nouveau

“Ce que nous associons avec les deux guerres, c’est la honte, la douleur, la destruction et la culpabilité. Je voulais faire un film de cet héritage”

par 

- Nous avons discuté avec le réalisateur de son adaptation, financée par Netflix, du best-seller d'Erich Maria Remarque, également sélectionné pour représenter son pays dans la course aux Oscars

Edward Berger • Réalisateur de À l'Ouest, rien de nouveau
(© Christian Schoppe)

Après sa première à Toronto, À l'Ouest, rien de nouveau [+lire aussi :
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bande-annonce
interview : Edward Berger
fiche film
]
d'Edward Berger vient de jouer au Festival de Zurich. Cette production Netflix est la première adaptation du livre À l'Ouest, rien de nouveau d'Erich Maria Remarque, sur les atrocités de la Première Guerre mondiale, qui adopte une perspective allemande. Nous avons interrogé le réalisateur sur ses raisons pour faire ce film et sur son approche personnelle de ce sujet.

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Cineuropa : Pourquoi était-il important pour vous de faire ce film ?
Edward Berger : Pour plusieurs raisons. D’abord, je voulais faire un film de guerre qui serait différent des films de guerre américains. Il me plaisent et j’aime vraiment en regarder, mais j’ai l’impression qu’ils racontent toujours les mêmes histoires : des histoires de héros. Par rapport à la perspective américaine, je suppose que c’est une approche valide, mais la perspective allemande est différente. Ce que nous associons avec les deux guerres, c’est la honte, la douleur, la destruction et surtout un grand sentiment de culpabilité, et je voulais faire un film à partir de cet héritage. Il était clair qu’il aurait une autre allure et dégagerait quelque chose de différent de ce que nous voyons d'habitude. Cet héritage n’appelle pas le récit du parcours d'un héros, il serait impossible pour moi de raconter cette histoire. Ensuite, c’est ma productrice Malte Grunert qui m’a demandé si ça m’intéressait de faire une adaptation. J’avais lu le roman dans ma jeunesse, et il avait continué de m'accompagner. Et enfin, je parle souvent de mes plans avec ma famille, or dès que j’ai mentionné le titre du roman, ma fille a réagi. Elle a dit qu’elle venait de le lire à l’école, et qu’elle avait été émue aux larmes et que je devais absolument faire ce film. Pour moi, ça a été une confirmation que le roman n’avait rien perdu de son impact.

Dans la situation actuelle, le film acquiert encore un niveau de pertinence supplémentaire. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Bien sûr, ce n’était ni prévu, ni désiré. Quand j’ai commencé le projet, il y a deux ans et demi, j’étais motivé par l'impression que j'avais que le nationalisme était en train de progresser en Europe. Prenez la Hongrie ou la France, l’Angleterre ou même l’Allemagne. Le film est né de cette ambiance. À présent, on voit bien où la démagogie et la propagande peuvent mener : regardez ces jeunes gens, en Russie, qui partent à la guerre en pensant que c’est légitime. Bien sûr, à présent la guerre semble plus proche, mais hélas, il y a toujours une guerre quelque part dans le monde. Le sujet est toujours pertinent.

A-t-il été difficile de trouver les financements pour le film ? Comment la collaboration avec Netflix s’est-elle présentée ?
Il a été très difficile de financer le film, parce que ce n’est pas une production bon marché. Netflix était sincèrement intéressé par le film dès le début. Ils voulaient l'avoir, le distribuer et le soutenir tout du long. C’est un sentiment vraiment plaisant, de sentir que votre projet compte autant. C’est pour cela que nous avons décidé de faire le film avec Netflix. Je suis ravi de cette décision, car ils n'ont pas fait cette promesse de me soutenir en l'air. Et nous avons eu tout du long une liberté créative incroyable.

Comment vouliez-vous vous différencier des deux autres adaptations qui ont déjà été réalisées, et du livre lui-même ?
D’abord, c’est la première adaptation de ce roman allemand qui soit interprétée par des acteurs allemands. Deuxièmement, près de cent ans ont passé depuis la publication du livre, nous avons maintenant une approche différente de cette guerre. Pour les gens de l’époque, la guerre, c'était d'actualité alors que pour nous, la Seconde Guerre mondiale, avec ses crimes inimaginables, a fait de l’ombre à la première. Cet héritage a informé toutes les décisions créatives qu’on a prises en faisant le film. C’est pour cela que nous avons introduit un nouveau fil narratif avec la figure de Matthias Erzberger, joué par Daniel Brühl. Erzberger représente un moment bien connu de l’Histoire allemande. Les nationalistes l'ont ensuite accusé d’avoir bradé la paix en signant l'Armistice : ils l’ont accusé de trahison et assassiné. En répandant ces mensonges, ils ont posé les fondations de la guerre suivante. Les mensonges sont au cœur de ces conflits, et c’est aussi ce qui me fait peur dans les mensonges qu'on entend aujourd’hui.

Comment avez-vous trouvé Felix Kammerer pour le rôle du jeune soldat ?
Nous avons organisé des auditions sur trois mois pendant lesquelles nous avons vu quelques centaines de jeunes gens, mais nous en revenions toujours à Felix, que nous avions vu en premier. Il est comédien au Burgtheater de Vienne. Nous voulions quelqu’un de nouveau, qui ne porte pas encore le fardeau d'autres rôles auxquels on l'associerait. Cela allait nous permettre de rendre compte de l’innocence du personnage d’une manière qui soit crédible. De plus, j’aimais beaucoup le fait qu’il ait un visage un peu à l’ancienne.

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(Traduit de l'anglais)

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