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"J’aime que le spectateur découvre une question politique de manière très intime”

Dossier industrie: Documentaire

Florent Coulon • Producteur, VraiVrai Films

par 

Le producteur français, désigné Emerging Producer, nous confie qu’il voit le cinéma documentaire comme un instrument du changement, social et politique, et nous parle de ses prochains projets

Florent Coulon  • Producteur, VraiVrai Films

Entretien avec Florent Coulon, producteur au sein de la société française VraiVrai Films, sélectionné pour participer à l’édition 2023 du programme Emerging Producers, Cliquer ici pour voir son profil EP.

Pourquoi produisez-vous des documentaires ? Voyez-vous le cinéma documentaire comme un instrument du changement social et politique ?
Florent Coulon : Produire des documentaires est très important pour moi ; cela procède d'une immense implication personnelle qui amène à partager des histoires qui déclenchent le débat et attirent l’attention de toute la société sur des sujets humains. Je fais toujours très attention à mettre le public dans une position très spéciale : j’aime que le spectateur découvre une question politique de manière très intime. Dans les films que je produis, le spectateur est laissé libre d’interpréter le sujet dans sa complexité. J’essaie de ne pas offrir de réponses toutes faites, afin d’ encourager une réflexion profonde et nuancée sur des parcours humains qui m’intéressent, parce qu’ils ne sont pas toujours simples. Dans ce sens, nos films contribuent à replacer l’être humain au centre du débat public et à rendre les gens plus conscients de certaines choses, apportant leur pierre à l'édifice d'un changement qui pourra se produire au niveau mondial. Les documentaires ont résolument un grand rôle à jouer, et j’ai l’intention de faire partie de ce mouvement.

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Où trouvez-vous le public pour vos films ?
Nos films sont projetés à des festivals, en salle, et presque dans n’importe quel espace public. Les séances publiques sont les plus belles occasions de partager nos films. De fait, nous travaillons souvent avec les partenaires de la société civile qui s'intéressent au sujet du film, pour organiser et promouvoir les séances publiques, particulièrement en France, où nous nous trouvons, et où il y a un vaste réseau de cinémas. Nous distribuons nos films nous-mêmes quand c’est nécessaire, et c’est vraiment intéressant d’avoir cette connexion avec les programmateurs des salles et avec le public. En tant que producteur, j’ai le sentiment que ça aide beaucoup. Nous essayons aussi de travailler avec des vendeurs à l’international et des distributeurs. Après, nous avons aussi une boutique VOD et DVD sur notre site.

Quels films avez-vous vus récemment que vous recommanderiez ?
Un documentaire que j’ai vu à l'IDFA m'a fait forte impression, un film très différent du genre de documentaires que je souhaite produire, intitulé Manifesto et réalisé par Angie Vinchito. Le film se compos entièrement de vidéos que des adolescents russes ont posté sur les réseaux sociaux et le montage est vraiment incroyable : ça montre à quel point la violence et l’oppression sont communes au sein de la jeune génération.

Sur quels projets travaillez-vous en ce moment (y compris des projets de films de fiction ou autre) ?
Notre prochain film, présentement en salle de montage, s'intitule Shenghen, Open Up ! L’histoire se passe dans une agence d’émigration d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, qui aide les étudiants et d’autres gens à obtenir des visas pour des pays occidentaux. Pour certains des étudiants, le documentaire montre que leur projet est plus un projet de vie qu'un projet de carrière. J’ai vu le premier montage la semaine dernière et j’ai remarqué que le gérant de l’agence conseille souvent aux étudiants de choisir le Canada, car ce pays est vraiment plus ouvert aux immigrants. Je trouve très intéressant de voir, quand on produit des documentaires, combien la réalité peut changer vos intentions premières, celles que vous formez avant d’aller sur le terrain, mais au bout du compte, ça reste un film sur l’immigration légale qui interroge la relation entre l’Afrique et les pays occidentaux.

Je développe aussi Lonan tché, le troisième film de Joël Akafou après Vivre riche (primé à Visions du Réel en 2017) et Traverser [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui a fait sa première dans la section Forum de la Berlinale en 2020. Lonan tché – The Stranger suit Bourgeois et Kader, deux amis ivoiriens qui sont arrivés clandestinement en Europe, en risquant leur vie, il y a plusieurs années, et qui ne rêvent que d’une chose : le grand retour dans leur pays natal. Ce film parle d'une jeunesse ivoirienne en pleine crise identitaire, une jeunesse qui n’arrive pas à exister dans son pays et se tourne vers le mirage du rêve européen. L’objectif du réalisateur est de déconstruire le mythe du succès de ceux qui émigrent. C’est aussi l’histoire d’un retour impossible, de la fin d’un monde pour les gens déplacés.

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EMERGING PRODUCERS est un important projet promotionnel et éducationnel qui réunit de talentueux producteurs de documentaires européens. Le programme est organisé et curaté par le Festival international du documentaire Ji.hlava.

La date limite d'inscription pour EMERGING PRODUCERS 2023 est le 31 mars 2023.

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(Traduit de l'anglais)

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