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“Le public des documentaires ont une conscience politique plus prononcée et cherchent à ouvrir leur esprit"

Dossier industrie: Documentaire

Beata Saboova • Productrice, Naoko Films

par 

La productrice belge sélectionnée à Emerging Producers évoque le lien entre documentaire, expérimentation, petit budget et intérêt du public

Beata Saboova  • Productrice, Naoko Films

Entretien avec Beata Saboova, productrice au sein de la société belge Naoko Films, sélectionnée pour participer au programme Emerging Producers 2023. Cliquer ici pour consulter son profil EP.

Pourquoi produisez-vous des documentaires ? Voyez-vous le cinéma documentaire comme un instrument du changement social et politique ?
Beata Saboova : Les documentaires, les films hybrides et les films de fiction tournés dans les conditions d'un documentaire offrent plus de liberté créative. Le cinéma documentaire d’auteur est un champ très vaste ouvert à l’expérimentation. Les budgets sont plus bas que dans la fiction, mais la pression de l’industrie liée à la rentabilité des films est plus modérée aussi, de sorte qu’il est possible de trouver des solutions créatives pour transformer le moins en plus, et prendre le temps de trouver la forme adaptée pour chaque film. C’est une manière moins industrielle de produire des films, qui encourage à déployer davantage de savoir-faire.

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La plupart des films ne vont pas changer le monde, et ce n’est pas leur objectif, mais ils proposent en effet de nouveaux angles et de nouvelles perspectives. Le public des documentaires a une conscience politique plus prononcée et cherche à s'ouvrir l'esprit. Quand je produis des films, je me concentre avant tout sur la vision artistique du réalisateur et la forme du film, mais j’essaie aussi d'être très attentive aux implications politiques de chaque choix.

Où trouvez-vous le public pour vos films ?
Le premier public de nos films est celui qu’on trouve aux festivals. Notre premier long-métrage documentaire a fait sa première à l'ACID de Cannes en 2022 et il sera projeté à Thessalonique. Nous annoncerons bientôt d’autres premières festival, mais nous considérons aussi que la sortie en salle est capitale. En France, en Belgique et en Suisse, il y a un public qui vient en salle voir du documentaire d’auteur, donc c’est plus une question de trouver le bon partenaire de distribution, qui croit dans le potentiel du film à toucher ce public. Ce n’est pas toujours possible sur le marché des salles, fragile depuis le Covid, de sorte qu’il nous faut relever nos manches et nous auto-distribuer.

Quels films avez-vous vus récemment que vous pourriez nous recommander ?
Je suis une jeune maman donc j’ai beaucoup de films récents à rattraper. Juste avant d’accoucher, j’ai vu Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, qui est mon favori dans les films récents. Il y a aussi des films que je vois et revois plus souvent que je n’ose le reconnaître : The Big Lebowski des frères Coen et 40 ans : mode d'emploi de Judd Apatow. J’adore les films d’été pleins de légèreté, comme Eva en août [+lire aussi :
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Quels projets préparez-vous en ce moment (en comptant les fictions et autres projets) ?
Nous sommes en train de finaliser le montage du premier long-métrage d'une jeune photographe talentueuse, Salomé Hevin, qui a filmé des garçons dans un orphelinat situé dans l’Oural russe pendant plus de cinq ans.

Nous produisons un documentaire sur le légendaire jazzman Sun Ra et sa ville natale, Birmingham dans l’Alabama, qui sera réalisé par Pablo Guarise, le scénariste des derniers films de Joachim Lafosse, et par Guillaume Maupin, musicien, programmateur de cinéma et un des plus grands spécialistes de Sun Ra en Europe.

Nous développons par ailleurs le prochain long-métrage documentaire du réalisateur portugais-belge Miguel Moraes Cabral. Nous avons produit son dernier court-métrage en date, Les Larmes d'Adrian, réalisé à partir de found footage allant des années 1930 à 1970, un titre qui fera sa première festival ce printemps.

Nous tournons actuellement un film de fiction dans les conditions d'un documentaire, Le Plus Beau Village du monde de Noëlle Bastin et Baptiste Bogaert, sur la ville natale de Noëlle, qui est un petit village en Wallonie.

Nous développons plusieurs films de fiction, notamment un film sur la santé sexuelle dans les années 2020 qui sera écrit et réalisé par Arnaud Dufeys, un jeune réalisateur belge, et Charlotte Devillers, qui est infirmière dans un centre de santé sexuelle. Nous travaillons aussi avec Hugo Jeffrault, dont nous avons produit le court-métrage l'été dernier et qui écrit en ce moment un film inspiré de La recherche du temps perdu de Proust.

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EMERGING PRODUCERS est un important projet promotionnel et éducationnel qui réunit de talentueux producteurs de documentaires européens. Le programme est organisé et curaté par le Festival international du documentaire Ji.hlava.

La date limite d'inscription pour EMERGING PRODUCERS 2023 est le 31 mars 2023.

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(Traduit de l'anglais)

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