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“Je travaille sur les films comme s'ils étaient des oeuvres d'art”

Dossier industrie: Documentaire

Orlane Dumas • Productrice, L'image d'après

par 

La productrice française explique pourquoi elle produit des documentaires et où elle leur trouve un public

Orlane Dumas  • Productrice, L'image d'après

Entretien avec Orlane Dumas, productrice au sein de la société française L'image d'après, sélectionnée pour participer à l'édition 2024 du programme Emerging Producers. Cliquer ici pour voir son profil.

Pourquoi produisez-vous des documentaires ? Voyez-vous le cinéma documentaire comme un instrument du changement social et politique ?
Orlane Dumas :
À la fin de mes études, au moment où je faisais mon premier film, un court-métrage de fiction tout à fait idiot, mon frère est mort. Mon travail pour mes cours était si éloigné de ce qui se passait dans ma vie que je me suis promis d'arrêter de faire de la fiction. Très vite après, quand j’ai commencé à travailler sur des documentaires chez L'image d'après, j’ai découvert une multitude de manières de faire du cinéma. Parfois, les films se frottent à la fiction mais peut-être plus intensément, les pieds fermement plantés dans l'élément "cru" de la vie, la réalisation de films documentaires me permet de travailler, de dénoncer, de rencontrer, de transpirer… Tous les films sur lesquels je travaille posent un regard très personnel sur une partie très spécifique du monde du point de vue de leur(s) auteur(s). Bien avant que les films soit terminés, y travailler change déjà les choses, dans leur propre vie, dans ma vie et dans les vies des gens qu'ils filment. Ceci dit, je travaille sur les films comme s'ils étaient des oeuvres d'art, pas des instruments qu'on peut utiliser pour transmettre un message.

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Comment maintenez-vous l'équilibre entre votre travail et votre vie personnelle, et parvenez-vous à un bien-être d'ensemble ?
Généralement, mon corps m'envoie des signaux d’alarme quand je travaille trop dur et que j’ai besoin de ralentir, ce qui me permet de travailler beaucoup, tard, tôt, mais aussi de prendre régulièrement des pauses, des pauses longues, des micropauses… selon le besoin. La production prend beaucoup de place dans ma vie, mais c’est celle que j’ai choisie. Par exemple, tandis que j’écris ces lignes, je suis malade. J'ai décidé de rester chez moi, mais je travaille un peu tous les jours. L’équilibre à trouver est entre la passion et la santé plus qu'entre le travail et la vie. Donc j'ai très souvent le sentiment de sacrifier mon bien-être à un métier qui me consume, auprès de gens exigeants, pour faire des films que personne ne verra…, mais ce sentiment ne dure pas plus de dix minutes.

Où trouvez-vous le public pour vos films ?
Les films que je produis peuvent être largement distribués comme avoir une sortie très intime… rarement par ma faute. Ils sont d'abord projetés en festival. Parfois, ils sont dévoilés à un festival et puis se retrouvent dans une sorte d'entre-deux. Parfois, il faut attendre plus d’une année avant qu'ils n'arrivent dans les salles. Ensuite, des projections sont organisées dans des cafés ciné, à travers des associations et dans des petits cinémas. Les films et les équipes rencontrent des gens qui sont déjà des passionnés de cinéma, des amis d’amis, des locaux, des gens attirés par le sujet du film, etc. Certains passent à la télévision française et sont vendus sur support DVD, principalement pour le réseau national des médiathèques.

Quels projets avez-vous en cours (en comptant aussi les films de fiction et autres le cas échéant) ?
Je travaille actuellement sur la production de trois films : La Maison immobile de Caroline Le Roy, qui décrit un endroit destiné à accueillir les migrants et puis à disparaître (en post-production), Les Mouettes de Nadejda Tilhou, qui suit trois actrices de 45 ans qui dessinent leurs vies professionnelles dans une petite ville de province française (en cours de montage), et Lo de Thanassis Vassiliou, une enquête très personnelle menée par le réalisateur sur l’implication de son propre père dans la dictature des colonels en Grèce. Ce film est en fin de montage. Il est présenté en ce moment à l'Agora du Festival international du documentaire de Thessalonique.

Pour succéder à ces projets, six films sont en cours d'écriture et de développement : 68 ans d'Anne Faisandier, qui propose une redécouverte poétique de mai 68, The Fortress de Romain Kosellek, un parcours semé d'embüches à travers l’Europe avec des exilés, Liyoutha d'Emmanuel Piton, coécrit par le personnage éponyme, un jeune venu de Mayotte qui vit à Rennes, KnAM de Lionel Retornaz, qui suit une compagnie de théâtre russe dissidente installée à Lyon, La Saison du feu de Geoffrey Lachassagne, coécrit avec Quentin Faucheux-Thurion, sur des pompiers qui luttent contre de terribles incendies et de terribles démons à Kanaky-Nouvelle-Calédonie, et Au bonheur des morts de Clara Sanz, sur un cimetière espagnol et les gens qui s’en occupent.

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EMERGING PRODUCERS est une initiative promotionnelle et pédagogique de premier plan qui réunit de talentueux producteurs de films documentaires européens. Le programme est organisé et curaté par le Festival international du documentaire de Jihlava.

La date limite d’inscription pour l’édition 2025 de EMERGING PRODUCERS a été fixée au 31 mars 2024.

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(Traduit de l'anglais)

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