email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

"Ces entrées englobent toute la diversité du cinéma français"

Dossier industrie: Tendance du marché

Gilles Pélisson • Président, Unifrance

par 

Le nouveau président d’Unifrance décrypte les résultats des films français à l’international en 2023

Gilles Pélisson  • Président, Unifrance
(© Christophe Chevalin/TF1)

Après la révélation du bilan du cinéma français à l’international en 2023 (lire l’article) dans le cadre des 26es Rendez-Vous d’Unifrance à Paris qui se sont ouverts hier (news), le président d’Unifrance, Gilles Pélisson, élu en juillet dernier (article) a donné à Cineuropa son point de vue sur les marchés, la conjoncture et l’avenir.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Quelle est votre analyse du bilan des films français à l’international l’an dernier avec 37,4 millions d’entrées enregistrées ?
Gilles Pélisson
: Nous sommes très heureux de la progression de 38,5% par rapport à 2022 et de constater que ces entrées englobent toute la diversité du cinéma français, mais nous sommes aussi parfaitement conscients que c’est en deçà des 45-47 millions d’entrées de 2018-2019, sans parler des grandes années comme 2017 qui pointait à 83 millions d’entrées. Il faut donc rester modeste car même s’il y a eu de très grand succès l’an dernier, nous ne sommes pas encore revenus au niveau pré-Covid. En sachant également que tous les résultats de Miraculous, notre champion à l’international en 2023, ne peuvent pas être pris en compte puisqu’une partie de la distribution dans le monde s‘est faite sur Netflix.

Ce qu’il faut également souligner, c’est d’une part la force du marché de l’Europe occidentale qui reste notre première zone géographique en termes de spectateurs, et d’autre part la diversité de notre cinéma avec, parmi les meilleurs résultats, de l’animation (notamment Miraculous et Pattie et la colère de Poséidon [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
), des comédies comme Astérix et Obélix : L’Empire du milieu [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, des films d’action avec Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, mais aussi des drames comme Anatomie d’une chute [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Justine Triet
fiche film
]
, des films historiques tel que Jeanne du Barry [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, etc. : tous les genres participent à la circulation du cinéma français à l’international.

Les films en langue française dominent largement les résultats 2023. Est-ce une fierté ou regrettez-vous l’époque où quelques rares "blockbusters" français d’action en langue anglaise pouvaient propulser le bilan dans le monde à de très hautes altitudes d’entrées ?
Ce que l’on attend d’abord des films français, c’est qu’ils soient tournés en français et on peut être fier de leurs performances à l’étranger. Par ailleurs, ce n’est pas le rôle d’Unifrance de se faire le chantre de films qui seraient tournés en anglais pour le marché international. S‘il y en a, tant mieux, mais les fondamentaux, ce sont les films d’origine française et tournés en français.

L’Europe a toujours été un socle pour la circulation des films français à l’international, mais elle l’est de plus en plus puisqu’elle a concentré l’an dernier 78,9 % des entrées. Est-ce une bonne nouvelle ou la reconquête d’autres territoires est-elle nécessaire ?
D’abord, il y a encore des marchés compliqués en Europe et la situation est très contrastée car les spectateurs ne sont pas encore revenus partout dans les salles avec par exemple une fréquentation globale en Allemagne encore à -15% par rapport au pré-Covid et à -25% en l’Italie et en Espagne. Ensuite, l’Asie reste un défi. Au Japon, où Unifrance organise un festival à Yokohama, nous avons un public de francophiles et de cinéphiles, mais nos résultats sont loin d’être fantastiques. Quant à la Chine où Unifrance est présent à Pékin, nous sommes en train d’établir une nouvelle stratégie avec nos vendeurs internationaux pour bien analyser la réouverture de ce marché et améliorer nos exportations sur un horizon à trois ans. C’est un vrai enjeu en devenir. Enfin, il faut souligner qu’aux États-Unis, Anatomie d’une chute notamment a très bien marché et que sa carrière y est loin d’être finie.

Quid de l’Amérique Latine, présentée il y a quelques années comme un gisement de croissance pour les films français mais où leurs performances ont baissé de 39% l’an passé ? Une baisse conjoncturelle ou plus structurelle ?
Les plateformes y jouent désormais un rôle majeur dans la distribution des films et dans les habitudes de visionnage. S‘y ajoute là aussi une fréquentation des salles en retrait par rapport à 2019. Globalement, les marchés sont encore convalescents mais nous espérons qu’il y aura petit à petit un retour des spectateurs vers les salles, notamment des jeunes générations.

Vous êtes maintenant président d’Unifrance depuis six mois. Quelle va être la " Pélisson touch" ?
Surtout poursuivre le travail engagé par Serge Toubiana et Hervé Michel et œuvrer aussi bien pour le cinéma que pour la télévision. On voit très clairement que de plus en plus d’artistes et de producteurs travaillent sur les deux médias et c’est important qu’Unifrance puisse les accompagner. Quant il y a de purs moments de cinéma, c’est du cinéma et c’est formidable ! Quant ce sont des moments de télévision comme nos Rendez-vous de Biarritz (qui vont devenir les Rendez-vous du Havre) ou comme Séries Mania, on se concentre sur la télévision. Mais il y a aussi des moments comme ces Rendez-vous de Paris avec des temps très forts pour le cinéma mais également depuis deux ans une présence pour la télévision. Le tout évidemment en essayant également de mener du mieux possible le volet promotion. Nous avons d’ailleurs une chance inouïe avec Anatomie d’une chute qui est un champion dont on rêvait tous et qui, semaine après semaine, récolte tous les fruits de ses talents : on attend donc les Oscars avec impatience, en espérant aussi que La Passion de Dodin Bouffant [+lire aussi :
critique
fiche film
]
aura sa chance. Tout cela milite pour un cinéma français qui s‘exporte bien et des séries qui commencent à percer dans le monde comme D’argent et de sang [+lire aussi :
interview : Xavier Giannoli
fiche série
]
récemment. C’est le rôle d’Unifrance d’accompagner à l’international nos artistes, nos cinéastes, nos actrices et nos acteurs, nos productrices et nos producteurs, pour mieux les faire connaître. C’était moins habituel pour la télévision et beaucoup plus pour les films, mais cet accompagnement, cette mise en valeur de l’ensemble des talents commence à se faire et c’est là-dessus, je pense, qu’Unifrance peut jouer un rôle.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy