email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

"Des films politiquement, socialement ou artistiquement engagés"

Dossier industrie: Tendance du marché

Delphine Schmit • Productrice, Tripode Productions

par 

La représentante française des Producers on the Move revient sur son parcours, sa ligne éditoriale, ses projets et sa vision de la conjoncture du marché

Delphine Schmit • Productrice, Tripode Productions

Co-fondatrice en 2017 avec Guillaume Dreyfus de la société française Tripode Productions (basée à Montpellier), la représentante française des Producers on the Move de l’European Film Promotion Delphine Schmit compte notamment à son actif Nuestras Madres [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Cesar Diaz
fiche film
]
de César Diaz (Caméra d’or à Cannes en 2019), Dalva [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Emmanuelle Nicot
interview : Emmanuelle Nicot, Julie Es…
fiche film
]
d’Emmanuelle Nicot (primé à la Semaine de la Critique 2022), Le Syndrome des amours passées [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Ann Sirot & Raphael Balboni
fiche film
]
d'Ann Sirot et Raphaël Balboni (Semaine de la Critique 2023) ou encore Elbow [+lire aussi :
critique
interview : Aslı Özarslan
fiche film
]
d’Asli Özarslan (Berlinale Generation 2024).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Comment êtes-vous devenue productrice et quelles ont été les principales étapes de votre parcours ?
Delphine Schmit : Après des études d’anthropologie, j’ai fait des formations de scénariste à La Fémis et de réalisatrice de documentaire aux Ateliers Varan. J’avais surtout un attrait pour l’écriture car j’ai toujours beaucoup lu et beaucoup écrit, et j’avais d’ailleurs co-écrit un court métrage qui avait gagné au Festival Premiers Plans d’Angers en 2004. Ensuite, complètement par hasard, comme cela arrive souvent dans ce métier, alors que j’allais partir vivre à Berlin, je me suis retrouvée à travailler sur le tournage d’un court métrage qui se déroulait dans le petit village où mes parents vivaient, où j’étais de passage et où ils tenaient une chambre d’hôte qui hébergeait les deux enfants interprètes du film. J’ai sympathisé avec la productrice Isabelle Mathy de Perspective Films, et elle m’a ensuite proposé d’être directrice de production. Puis je suis devenue son bras droit et enfin son associée. Quand elle a changé de vie, j’ai repris la société avant de créer Tripode Productions avec Guillaume Dreyfus en 2017.

Quelle est la ligne éditoriale de Tripode Productions ?
J’ai l’habitude de dire qu’il n’y en a pas, mais nos films sont quand même tous politiquement, socialement ou artistiquement engagés. Dalva d’Emmanuelle Nicot, c’est l’inceste, Mexico 1986 de César Diaz (en post-production, coproduit avec Need Productions), c’est l’engagement politique, Tear Gas de Uta Beria que nous devons tourner en Géorgie (en coproduction avec 1991 Productions et 70 STEPS) évoque l’invasion russe du pays, et c’est la même chose sur le plan formel avec des gestes artistiques forts comme pour Bilingual, le prochain film d’Alexandre Koberidze (en compétition à Berlin en 2021 avec Sous le ciel de Koutaïssi [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Alexandre Koberidze
fiche film
]
) que allons coproduire avec les Allemands de New Matter Films. Nous fonctionnons au coup de cœur et nous adorons les coproductions internationales en investissant très en amont en développement, mais nous produisons aussi des longs métrages majoritaires français comme Three Times Jenny de Milena Beurer Doenst que nous allons coproduire avec les Allemands de Weydemann Bros. et que je vais porter à Producers on the Move.

Quels sont vos autres projets en cours ?
Nous développons aussi Solastalgie (titre provisoire) de Kathy Sebba et Culioli d’Anthony Lemaître. Mais je m’intéresse également à l’animation puisque je viens notamment de participer au CEE Animation Workshop TV Special avec le projet La grande guerre de Marie Curie (The Great War of Marie Curie) de Camille Alméras (qui a co-réalisé Le grand Noël des animaux qui sera présenté à Annecy). Le tout sans oublier Our Wildest Days de Vasilis Kekatos (coproduit avec les Grecs de Blackbird Productions, les Belges de Hélicotronc et les Allemands de Achtung Panda)qui est en post-production et La otra orilla (une coproduction avec les Péruviens de Chullachaki Producciones et les Mexicains de Piano Producciones) qui est en financement.. Et dans quelques semaines va démarrer le tournage de Sauvons les meubles de Catherine Cosme (avec Vimala Pons et Yoann Zimmer au casting) que nous coproduisons avec les Belges de Hélicotronc et les Suisses d’Alva Film.

Quelle est votre analyse de la conjoncture pour la production des œuvres de qualité ?
Le but est d’arriver à financer correctement des films "arty", mais nous ne produisons pas non plus les films les plus radicaux du monde. Le parcours qui nous inspire le plus et qui nous donne confiance, même si cela n’arrive pas tous les ans et pas à tout le monde, c’est celui de Justine Triet avec un premier film à 30 000 entrées France, un second à la Semaine de la Critique, un troisième en compétition à Cannes et la Palme d’or et tous les succès que l’on sait pour le 4e. Cela nous montre qu’on peut faire des films beaux, intelligents, engagés et qui touchent un large public. Il faut que les auteurs aient le temps de développer leurs idées et leurs talents afin qu’ils puissent devenir des cinéastes solides capables de réaliser de grands films. Ce n’est pas facile néanmoins car j’ai le sentiment que beaucoup de monde lâche sur la qualité. Je ne sais pas si c’est à cause de la télévision ou des plateformes, mais il y a une tendance à vouloir aller vite, une pression. Il faut tenir bon, rester innovant et heureusement que les coproductions européennes existent. D’ailleurs, quand on voit les 20 Producers on the Move, on se dit que l’on pourrait être très puissant tous ensemble. On a sûrement de plus en plus besoin les uns et des autres, et c’est plutôt joyeux comme idée, une jolie vision de l’Europe, d’autant plus qu’il y a cette année 15 femmes et 5 hommes, ce qui est aussi agréable à voir.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy