La productrice luxembourgeoise partage son expertise en matière de coproductions internationales

Katarzyna Ozga est associée et productrice au sein du Groupe Iris, au Luxembourg. Elle a été sélectionnée pour cette édition du programme Producers on the Move de l'EFP-European Film Promotion à Cannes. Parmi les plus gros succès de sa société figurent le film d’animation Icarus de Carlo Vogele, qui a représenté le Luxembourg aux Oscars en 2023, et sa collaboration sur la série Bad Banks, qui a gagné de plusieurs prix. Nous avons interrogé la productrice sur ses ambitions professionnelles et ses projets actuels.

Cineuropa : Votre carrière n'a pas commencé dans la production, c'est venu après. Qu'est-ce qui a motivé ce changement de direction ?
Katarzyna Ozga : Je suis née en Pologne, dans une petite ville ; la profession de productrice de cinéma ne faisait pas partie du vocabulaire de ma famille. J'ai donc étudié d’abord les relations internationales, puis le droit. J’en suis venue à faire du cinéma par hasard, pour tout vous dire. Après mes études, j’ai fait un stage au Conseil de l’Europe et j’ai été acceptée dans la section Eurimages, où je suis restée deux ans au lieu de faire les trois mois initialement prévus. C'est là que j'ai su que je voulais travailler dans le cinéma. J’ai fait la Masterclasse franco-allemande, qui est un cursus d’un an. J’ai étudié avec 18 autres Européens, entre la Femis de Paris et l’Académie de cinéma de Ludwigsbourg, et j'ai beaucoup appris. Ça a été le tournant qui a fait bifurquer ma carrière.

Vous gérez le Groupe Iris, qui a des sociétés dans plusieurs pays. Pouvez-vous expliquer ce que vous faites ? Est-ce que les coproductions sont votre marque de fabrique ?
Le Groupe Iris a été fondé il y a 38 ans par Nicolas Steil. J'y travaille depuis huit ans et je suis maintenant associée et productrice. Nous avons commencé avec Iris Productions au Luxembourg et puis nous avons construit le groupe à partir de là. Une société a été fondée en Belgique, Iris Films, une en Allemagne, Rezo Productions, et une en France, Rezo Films. L’objectif n'était pas seulement de coproduire au sein du groupe : cette structure aide aussi quand on travaille sur un projet et qu’on a besoin de financements complémentaires. Le western Never Grow Old [+lire aussi :
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fiche film]  d'Ivan Kavanagh, produit par Dominic Wright pour Ripple World Pictures il y a quelques années, est un exemple réussi de cela. En plus de cela, les coproductions sont essentielles pour nous. Le Luxembourg est un très petit pays et nous ne pouvons pas financer nos projets uniquement avec de l’argent luxembourgeois. Au-delà de l'aspect financier, nous adorons travailler avec d'autres pays. Chaque projet est différent et chaque pays est différent, de sorte que c'est une expérience nouvelle à chaque fois, sur les plans artistique et culturel. Iris est très active sur les marchés français, belge et allemand depuis des années, et comme je produis aussi pour la société, j'essaie d'élargir un peu ce spectre. Nous travaillons actuellement sur notre troisième coproduction avec la Pologne.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets en cours ? 
Deux projets sont actuellement en post-production : un long-métrage et une série, à savoir Winter Under the Sign of Crow, qui est une coproduction avec la Pologne et le Royaume-Uni. Il est réalisé par Kasia Adamik, la fille d’Agnieszka Holland, qui est elle-même productrice déléguée sur ce projet. Nous sommes maintenant en phase de montage. Nous allons bientôt commencer la post-production. Le deuxième projet est une série intitulée 41 - The World Divided, qui est une coproduction avec l’Allemagne, la Belgique et la Pologne. C’est un format spécial qui mélange matériel d’archives et fiction. La série est déjà dans sa deuxième saison. Nous la coproduisons avec SWR, ARD et ORF. La post-production est en cours, pour une diffusion prévue pour cet automne. Nous allons commencer de travailler sur une grosse série à la fin de l’année. Iris a déjà coproduit l'importante série Bad Banks avec Letterbox Filmproduktion. Nous collaborons de nouveau avec eux sur un projet ambitieux, tiré du roman Drone Land de Tom Hillenbrand et interprété par Oliver Masucci, Sibel Kekilli et Alexander Scheer, qui a un budget de 40 millions d'euros et réunit le Luxembourg, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne. Les ventes en sont assurées par Global Screen Telepool. Nous travaillons aussi sur une autre série, également tirée d’un roman de Tom Hillenbrand, dont le personnage principal, Xavier Kiefer, est un chef luxembourgeois qui se retrouve impliqué par hasard dans des affaires criminelles compliquées. La dernière chose que je peux mentionner, c'est le nouveau film d’animation du Luxembourgeois Carlo Vogele, dont nous avons déjà produit le premier film, Icarus. Enfin, nous travaillons aussi, avec le Portugal, sur une série qui parle de la gentrification en Europe, et sur un projet de film documentaire polonais qui se passe dans la forêt Białowiecka.

Qu'attendez-vous de votre participation au programme Producers on the Move à Cannes ? 
Avant toute chose, c’est une excellente occasion de rencontrer des collègues et de faire du réseautage. J'aimerais notamment trouver des partenaires de coproduction potentiels dans les pays nordiques et en Europe de l'Est. J'ai toujours trouvé surprenant que cela n’ait pas encore été fait avant, au Luxembourg. Le pays a aussi un nouvel accord de production avec l’Islande, ça va être une occasion d'élargir nos horizons.

(Traduit de l'anglais)