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“Mon objectif principal c'est de m’assurer que l’histoire et les personnages résonnent fortement avec le public”

Dossier industrie: L’Europe et le reste du monde

Ariel Nasr et Yanick Létourneau • Réalisateur et producteur de Daudistan

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Le réalisateur et le producteur de ce projet sélectionné au Nouveau Marché de Montréal nous font part des raisons pour lesquelles ils ont décidé de raconter cette histoire en particulier

Ariel Nasr et Yanick Létourneau • Réalisateur et producteur de Daudistan
Ariel Nasr (à gauche) et Yanick Létourneau

Ariel Nasr et Yanick Létourneau, le réalisateur et le producteur du projet Daudistan, sélectionné au Nouveau Marché de Montréal (lire le report), nous font part des raisons pour lesquelles ils ont décidé de raconter cette histoire en particulier et des difficultés qu'elle présente.

Cineuropa : Pourriez-vous nous parler du scénario du film et de ce qui vous a motivé à le réaliser ?
Ariel Nasr :
Notre projet raconte l’histoire d’un coureur vedette afghan qui se retrouve aux États-Unis pour une compétition. Il s’enfuit dans l’espoir de trouver refuge au Canada, mais finit dans un centre de détention. À la fin du premier acte, il est renvoyé en Afghanistan. Ce renversement de l’histoire classique de l’immigration le ramène juste au moment où le gouvernement s'apprête à tomber aux mains des talibans. Il retourne pour aider sa mère et son frère, qui font face à une situation désespérée.

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Au fil de l’histoire, il doit renouer avec son frère cadet. Il avait menti à sa famille sur sa vie au Canada, et maintenant ils doivent reconstruire la confiance et trouver un moyen de fuir ensemble. Ce récit est profondément inspiré de mon histoire familiale.

Mon expérience en Afghanistan entre 2008 et 2012 m’a exposé aux luttes et aux réalisations extraordinaires d'individus dans un contexte tumultueux. Malgré les défis, il y avait toujours un sentiment d’espoir, illustré par des athlètes comme l’équipe nationale de cricket afghane, qui ont accompli des exploits remarquables contre toute attente.

Yanick, qu’est-ce qui vous a motivé à produire ce film ?
Yanick Létourneau :
Je connais Ariel depuis environ huit ans, et nous cherchions un projet sur lequel collaborer. Lorsqu’il a présenté l’histoire initiale, elle était assez différente. Cependant, avec les événements en Afghanistan et le retour des talibans au pouvoir, il a décidé de retravailler le récit pour refléter cette situation urgente.

Toutes les histoires que j’entends autour de moi sont marquées par des thèmes de déplacement. En août 2021, alors que la situation en Afghanistan empirait, j’ai remarqué que tous ceux que je connaissais partageaient de nouveau leurs récits de quête d’aide et de sécurité. Cette nouvelle réalité a rendu notre histoire originale obsolète, et j’ai réalisé que nous devions incorporer ces événements récents.

J’ai été attiré par la perspective unique d’Ariel et son expérience de réalisateur de documentaires. Son court-métrage Bush Gassy Boys, nommé aux Oscars, m’a impressionné par sa qualité de production et son storytelling, ce qui m’a convaincu de sa capacité à transmettre des récits significatifs.

Quels sont les principaux défis que vous rencontrez avec ce film ?
Y.L. :
Le défi principal est le lieu de tournage. Filmer en Afghanistan pose des problèmes logistiques importants en raison du contexte actuel. Nous explorons donc des alternatives comme le Pakistan, l'Inde, la Turquie et le Maroc, tout en recherchant des partenaires de coproduction dans ces régions et en Europe.

À quel stade de production en êtes-vous actuellement ?
Y.L. :
Nous sommes en phase de financement et de préparation. Nous prévoyons de soumettre une demande à Téléfilm Canada, un organisme de financement majeur au Canada, en novembre. Nous discutons également avec des distributeurs canadiens potentiels, car en avoir un est un prérequis pour les demandes de financement. De plus, nous explorons des partenariats avec des coproductions au Royaume-Uni, en France, en Turquie et en Inde, et nous espérons commencer le tournage autour de septembre ou octobre 2025.

Quels retours avez-vous reçus ici au Nouveau Marché ?
A.N. :
Les retours ont été très positifs. Bien qu’il soit encore tôt, beaucoup de personnes sont curieuses de voir comment l’histoire se développe. Nous avons reçu un prix de scénario au Festival international du film de Toronto plus tôt cette année, ce qui nous a permis de travailler avec un excellent coach d’écriture. Cela a renforcé le scénario, qui reste mon objectif principal : s’assurer que l’histoire et les personnages résonnent fortement avec le public.

Quels conseils donneriez-vous à un producteur européen qui souhaiterait travailler avec le Canada ?
Y.L. :
Travailler avec le bon producteur canadien peut faire une grande différence. Cependant, le Canada peut également présenter des défis administratifs. D’après mon expérience, travailler au Canada est un peu similaire à l’Allemagne ; toutefois, la France est souvent plus simple. Il existe de nombreuses sources de financement pour les coproductions minoritaires au Canada, notamment pour les producteurs québécois, qui peuvent être exploitées grâce à divers organismes de financement.

Historiquement, des réglementations imposaient que les films soient en anglais, en français ou dans une langue autochtone, mais cela a changé. Aujourd’hui, nous pouvons collaborer sur des histoires internationales sans obligation de tourner dans ces langues ni d’inclure des éléments canadiens, à condition que le récit soit convaincant.

Il convient de mentionner que le Canada se classe troisième au monde en termes de nombre de traités de coproduction, après la France et l’Allemagne. Nous avons signé environ 60 traités, ce qui ouvre de nombreuses possibilités de collaborations internationales.

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