email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

INDUSTRIE / MARCHÉ France

Nouvel accord entre Canal+ et le cinéma français

par 

- 600 M€ d’investissement garanti pour les trois prochaines années dans le cinéma français et européen pour Canal+ et Ciné+. Prochaine étape : la rénovation de la chronologie des médias

Nouvel accord entre Canal+ et le cinéma français

Les négociations étaient tendues à l’approche de la deadline (lire l’article et l’interview), mais Canal+ et les organisations du cinéma français (représentées par le BLIC, le BLOC et l’ARP) ont finalement réussi à s’entendre et à signer un nouvel accord (reconductible tacitement). A la clé, un investissement garanti de plus de 600 M€ (avec des critères très précis de volume de préachats, d’acquisition d’œuvres indépendantes et de diversité des budgets) pour les trois prochaines années dans le cinéma français et européen pour Canal+ et Ciné+. Le groupe Canal reste ainsi de très loin la principale source de financement du cinéma hexagonal. En effet, si les puissantes plateformes SVOD sont désormais tenues légalement d’investir dans la production cinématographique française, leur volume d’engagements ne grimpera que progressivement (Netflix estimerait par exemple son investissement dans les films français à 40 M€ en 2023).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Dans le détail, l’investissement de Canal+ jusqu’en 2024 sera d’environ 190 M€ par an auxquels s’ajouteront 32 M€ pour solder sur trois ans les contentieux en cours (Canal+ n’avait pas rempli toutes ses obligations d’investissement les années précédentes). Par ailleurs, une simplification a été opérée qui "offre une bien meilleure visibilité et de la prévisibilité dans cette période charnière de transition" selon Valérie Lépine-Karnik (délégué générale de l’Union des Producteurs de Cinéma), car l’investissement annuel de Canal+ sera désormais forfaitaire et non plus calculé sur une assiette susceptible de variations (liées au chiffre d’affaires et à un minimum garanti par abonné) et sujette à de multiples vérifications et contre-vérifications.

En contrepartie, les organisations du cinéma français signataires de l’accord s’engagent à avancer la fenêtre de Canal+ à six mois après la sortie salles (contre huit mois actuellement) dans la chronologie des médias rénovée en phase finale de discussions (un accord doit être signé impérativement avant le 10 février 2022) et lui promettent une fenêtre de droits exclusifs de neuf mois minimum, pouvant aller jusqu’à 16 mois avec la deuxième fenêtre. "Les signataires appellent donc de leurs voeux l’adoption de la nouvelle chronologie des médias proposée par les organisations du cinéma et un aménagement de la réglementation par les pouvoirs publics pour que cet accord avec Canal+ entre en vigueur le plus vite possible et sécurise de façon pérenne le financement de la filière."

Cette nouvelle chronologie des médias est néanmoins encore loin d’être bouclée puisque dans le schéma préférentiel de discussion actuel, les plateformes SvoD seraient à 15 mois après la sortie salles en cas d’accord avec le cinéma français (Netflix est en négociation assez avancées dans cette direction) et à 17 mois sans accord. Or les streamers ont une approche plutôt film par film et non globale, et ils rechigneraient un peu à comprendre pourquoi, s’ils investissent par exemple davantage d’argent que Canal+ sur une œuvre spécifique, ils n’auraient pas une fenêtre de diffusion au moins équivalente, voire meilleure. Une philosophie extrêmement éloignée du modèle français de structuration méthodique des fenêtres de diffusion successives (afin d’optimiser la création de la valeur d’une œuvre et d’additionner ses sources de financement). Mais pour que la nouvelle chronologie des médias soit entérinée, il faudra bien que quelques plateformes signent et fassent preuve de bonne volonté…

Par ailleurs, les chaînes en clair qui seraient partantes pour une place à 22 mois après la salle, voudraient protéger leurs exclusivités (les films dans lesquels elles ont investi en coproduction et préachat), donc que leur fenêtre de diffusion soit étanche (ce qui impliquerait que les streamers rendent les films inaccessibles pendant ce laps de temps…). Bref, tout est loin d’être totalement résolu, beaucoup d’autres petits détails techniques complexifiant la dernière ligne droite de la négociation… Mais le maintien de l’association historique liant Canal+ et le cinéma français est encore une pierre angulaire névralgique pour la production d’un cinéma français diversifié, une pierre faisant aujourd’hui figure de pont vers l’avenir sans dynamiter le présent.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy