Genève lance une film commission et mettra en place une remise de 30 % à partir de 2026 ; Neuchâtel teste un programme offrant jusqu’à 15 % de remboursement sur les dépenses effectuées sur place

de gauche à droite : Joëlle Bertossa (conseillère administrative de la Ville de Genève en charge du département de la Culture et de la Transition numérique), Thierry Apothéloz (directeur du département Cohésion sociale et président du conseil de l’état) et Delphine Bachmann (conseillère de l’état en charge du département Économie et Emploi) à Locarno lors de l’annonce de l’ouverture de la Geneva Film Commission

Deux nouveaux cantons suisses ont rejoint le réseau de plus en plus vaste des collectivités territoriales proposant des incitations à la production en Suisse. En effet, Genève et Neuchâtel ont mis en place de nouveaux programmes de remises en comptant visant à attirer les tournages nationaux et internationaux.

Le Canton et la Ville de Genève ont profité du Festival de Locarno (6-16 août) pour annoncer la création de la Geneva Film Commission, qui sera développée en deux temps. D'abord, Genève dispose d'ores et déjà du Geneva Film Office, géré par la Fondation Genève Tourisme et Congrès, qui va servir de centre névralgique pour assister les productions (gérer les autorisations de tournage, rationaliser les procédures administratives...) et promouvoir l’écosystème audiovisuel de Genève à des événements professionnels organisés en Suisse et à l’étranger.

La deuxième étape, qui commencera en 2026, consistera en l'introduction d'une remise en argent comptant qui pourra couvrir jusqu’à 30 % des dépenses éligibles, avec un plafond de 500 000 francs suisses par projet. Samuel Mellot, attaché au développement économique au sein de l'Office Cantonal de l'Économie et de l'Innovation, a fait observer que chaque franc investi devrait générer 3,5 à 4,5 francs de retour pour la région.

Genève, qui accueille près de la moitié des tournages s’effectuant en Suisse francophone, a notamment reçu les tournages de productions nationales comme Opération Casablanca [+lire aussi :
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fiche film] de Laurent Nègre ou Aimons-nous vivants de Jean-Pierre Améris, ainsi que de titres internationaux comme Syriana de Stephen Gaghan et Largo Winch 2 [+lire aussi :
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fiche film] de Jérôme Salle. On peut citer parmi les sociétés de production locales Akka Films, Close Up Films et Rita Productions. La région dispose aussi de studios de post-production, Masé Sound Studios, ainsi que d'établissements comme la HEAD – Haut école d'art et de design de Genève et le SAE Institute. On y trouve aussi l'association professionnelle Fonction Cinéma et la chaîne publique RTS. 

Marie Barbey-Chappuis, chargée du Département de la sécurité et des sports de la ville, a salué l'initiative, qui va booster l'attrait économique et culturel de Genève. Cléa Redalié, cheffe du service cantonal de la culture, a souligné le fait que le programme allait compléter, plus que remplacer, le fonds Cinéforom, qui soutient les programmes culturels de toute la Suisse francophone à raison d'environ 10 millions de francs suisses par an (10,4 millions d'euros).

Non loin, Neuchâtel va inaugurer une incitation plus modeste : une remise en argent comptant pilote pouvant couvrir jusqu’à 15 % des dépenses de production éligibles, avec un plafond de 150 000 francs (156 000 €) par projet. Cette décision fait suite à quatre ans de lobbying par l’association professionnelle  Neuchâtel Films.

Ce projet pilote a été instigué par la volonté de Rita Productions de tourner le thriller psychologique en six épisodes Placée dans le canton. Cette production, en cours de tournage, devrait dépenser localement environ 1 million de francs (1,04 million d'euros), ce qui va lui valoir la remise maximum qui puisse être accordée. La vice-présidente de Neuchâtel Films, Florence Adam, a confirmé que le canton avait commandé un rapport sur l'impact économique de la série, qui informera la création d’une commission du film et d'un programme de remises permanents.

Genève et Neuchâtel rejoignent les cantons du Tessin, du Valais et de Zurich, qui proposent déjà des systèmes de remises comptant. Le Valais est devenu le premier canton suisse à annoncer, en 2022, une remise automatique couvrant entre 15 % et 35 % des coûts éligibles (avec un plafond de 100 000 francs soit 104 000 euros). Zurich vise les projets internationaux et les coproductions minoritaires à travers une remise pouvant aller jusqu’à 30 000 francs (31 000 euros), tandis que le Tessin évalue les productions au cas par cas, des dépenses de pré-production à la post-production.

Ces programmes locaux complètent le programme de remise en comptant national de la Suisse, le PICS (Production Incentive Cash Rebate Scheme), doté d'un budget annuel de 6 millions de francs (6,2M €). Le PICS soutient environ 30 projets par an en offrant 20 à 40 % des coûts éligibles, le meilleur taux étant réservé aux coproductions minoritaires. Le montant maximum par projet est de 600 000 francs (623 000 €). Le PICS peut être combiné avec des incitations régionales.

Avec l’addition de Genève et Neuchâtel, l'offre d’incitations disponibles en Suisse est plus concurrentielle et positionne le pays comme un lieu de tournage plus attrayant pour les productions audiovisuelles de haut niveau.

(Traduit de l'anglais)