Box Office - France
Dossier industrie: Distribution, exploitation et streaming
127 M€ de recettes à l’exportation pour les films français en 2023
par Fabien Lemercier
L’étude annuelle du CNC confirme une dynamique de reprise des ventes, et dévoile une recomposition des territoires d’exportation et d’un marché de plus en plus polarisé
Organisée par le CNC (avec Cécile Lacoue, directrice des études, des statistiques et de la stratégie), Unifrance (avec Gilles Renouard, directeur du cinéma) et l’Association Des Exportateurs de Films (représentée par Anne-Sophie Martel, responsable des ventes internationales cinéma de Gaumont), une conférence de presse articulée principalement autour d’une étude sur les résultats communiqués par 38 société françaises de ventes internationales, a dévoilé les principales tendances de l’exportation des films français en 2023.
L’un des principaux enseignements des résultats est l’importance croissante sur les ventes des sélections et des prix en festival, de la notoriété des talents et de la couverture médiatique face à une plus grande frilosité des acheteurs qui préachètent de moins en moins et qui préfèrent souvent attendre de découvrir les films finis. Selon Anne-Sophie Martel, "le film doit cocher des cases : un cast, un(e) cinéaste, une thématique, une sélection en festival, un prix…, pour qu’on puisse communiquer autour de lui. Les achats coup de cœur du passé existent toujours, mais de manière beaucoup plus raisonnée. Quant aux plateformes de SVOD, elles achètent moins".
Sur le plan global, 127 M€ de recettes ont été encaissés par les vendeurs internationaux français en 2023, soit 6% de plus que l’année précédente : 98 M€ pour les films français récents (9,3% de plus qu’en 2022 et 19 M€ de plus qu’2019) et 29 M€ pour les films français de catalogue. À noter que 93,4 % des recettes proviennent de la fiction avec un poids important des films de catalogue (82,3 % des fictions vendues et 22,3 % des recettes du genre). L’animation reste très dynamique à son échelle (2,5 % des films vendus et 5,8 % des recettes) alors que les documentaires cinéma se signalent surtout par des prix bas (hormis quelques primés en festivals comme c [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Nicolas Philibert
fiche film]) puisque qu’ils représentent 3,9 % du nombre de films vendus, mais seulement 0,9 % des recettes.
Ce regain des ventes internationales des films français qui correspond à une activité des salles ayant progressivement repris des couleurs dans le monde post-pandémie, est marqué par une progression de 10% des ventes des droits combinés (intégrant plusieurs types d’exploitation) qui représentent les trois quarts des recettes perçues en 2023 et qui incluent désormais souvent tous les droits délinéarisés. À contrario, les ventes de droits délinéarisés seuls sont nettement en baisse à 5,9 % des recettes totales. Une tendance néanmoins contrastée puisque si les droits VOD ont été multipliés par 9 et les droits AVOD par 5 (pour des montants anecdotiques), les droits SVOD (vidéo à la demande par abonnement) sont en recul de 12,4 % par rapport à 2022 et les droits délinéarisés combinés ont chuté de 67,0 %. Enfin, malgré la dynamique positive soulignée par les exportateurs, les recettes liées aux droits d’adaptation sont en recul à 0,9 M€ en 2023 contre 3 M€ en 2022.
Au niveau de territoires, l’Europe de l’Ouest représente 47,7 % des recettes des ventes des films français dans le monde en 2023, soit 60,6 M€ en hausse de 19,8 % et à un niveau dépassant la moyenne 2017-2019. À signaler dans cette zone un fort rebond de l’Allemagne (19,1 M€, +91 % sur un an), une baisse de l’Italie (7,9 M€, -11 % sur un an) et une stabilité de l’Espagne (7,0 M€, +3 % sur un an).
L’Europe centrale et orientale passe au second rang mondial des zones d’exportation avec des recettes en forte hausse sur un an (+57 % à 21,9 M€) et un dynamisme d’achat sur l’ensemble des territoires (notamment la Pologne et la Hongrie) qui est également porté par une "bulle russe" (les ventes de produits culturels n’étant pas soumis à l’embargo).
Si l’Amérique du Nord est encore la 3e zone d’exportation des films français, la perte de vitesse est très nette avec une part de marché (10,9%) à son plus bas niveau historique pour 13,9 M€ de recettes de ventes en 2023 (44,5 % de moins qu’en 2022). La rationalisation de investissements de streamers et une reprise de la fréquentation des salles (dont beaucoup ont fermé) assez lente aux États-Unis expliquent les difficultés d’exportation des films français dans une zone où les prix d’achat de films d’auteurs ont fortement baissé.
L’Asie enregistre des signes de reprise à 11,1M de recettes (14,5% de mieux en un an), mais le marché est encore fragile et en retrait de 25 % par rapport à la période pré-pandémique. Le rebond le plus significatif est signé par la Corée du Sud (+75 % en un an) alors qu’il est beaucoup plus mesuré au Japon (+8,8 %) et en Chine (+7,8 %) qui privilégient leurs productions cinématographiques locales. À noter également l’émergence de nouveaux territoires favorables à l’exportation des films français comme le Vietnam, l’Indonésie ou encore les Philippines.
Enfin, il faut signaler des difficultés persistantes en Amérique Latine (6,8M de recettes) et un regain au Moyen-Orient (2,4M de recettes) alors que l’Océanie et l’Afrique représentent respectivement 2M et 400 000 de recettes de ventes pour les films français en 2023.
Des recettes de ventes à mettre en lien avec les 42,7 M€ d’entrées (soit 271,4 M€ de recettes) enregistrées en 2023 par les films français dans les salles internationales selon les données affinées par Unifrance (lire la news).
Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.