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Cannes 2025

Dossier industrie: L’Europe et le reste du monde

À Cannes, le CNC célèbre le succès de son Aide aux cinémas du monde

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CANNES 2025 : Une présentation constituée de plusieurs études de cas a mis en avant l'efficacité et le vaste impact de cette aide de l'institution française

À Cannes, le CNC célèbre le succès de son Aide aux cinémas du monde
Joaquim Sapinho (à gauche) lors du débat

L'année dernière au Festival de Cannes, le CNC avait organisé une table ronde sur les spécificités et l’expansion de son Aide aux cinémas du monde (ACM) (lire l'article). En guise de prolongement, cette année, il a présenté six études de cas sur des films qui ont obtenu des financements dans le cadre de l'ACM, et qui ont tous fait partie de la sélection officielle de Cannes cette année. En tout, seize films cofinancés par l'ACM ont été projetés cette année sur la Croisette, dont huit en compétition, et ce chiffre conséquent se reflétait dans l'intitulé de la discussion : "L'ACM, le succès d'une initiative de financement unique de portée mondiale".

En présence de Jérémie Kessler, directeur des affaires européennes et internationales au CNC, et de son directeur-adjoint Michel Plazanet, l'assistance a eu la chance d'en apprendre plus sur les conditions de production de différentes coproductions des quatre coins du monde. Le premier film évoqué a été Magellan [+lire aussi :
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de Lav Diaz (Cannes Premiere), accompagné par son producteur portugais Joaquim Sapinho de Lib Films. Sapinho s'est chargé de la coproduction internationale du film, qui a réuni les efforts de cinq pays, à savoir le Portugal, l’Espagne, les Philippines, Taïwan et la France. Le producteur, qui collabore étroitement avec le réalisateur Albert Serra et sa société de production Andergraun Films, a révélé que le film n'aurait pas pu se faire sans ce soutien de la France. La contribution financière de l'ACM est limitée à 300 000 €, ou 500 000 € pour les projets dont le budget dépasse les 2,5 millions d’euros. Pendant la présentation, le montant exact de la contribution de l'ACM n'était pas toujours indiqué, notamment dans le cas du film de Lav Diaz, dont le budget total s'est monté à 2,3 millions d'euros, mais le producteur a clairement souligné que le soutien français sur ce projet est bien au-delà du financement : "Nous avons pu bénéficier de l’expertise française au sein de l’équipe. Nous avions des techniciens français sur le plateau, et des Français à la post-production aussi – pour les effets spéciaux, par exemple". Sapinho a en outre profité de l’occasion pour louer les valeurs que défend le CNC : "Ses principes sont clairs : c'est une institution européenne et fondée sur le dialogue. Ce programme est important pour traiter de toutes sortes de changements et difficultés de nature sociale ou politique".

Le producteur Alexandre Mallet-Guy, de Memento, a parlé des Aigles de la République [+lire aussi :
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interview : Tarik Saleh
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de Tarek Saleh, une coproduction entre la Suède, le Danemark et la France sélectionnée en compétition. Ce dernier volet de la trilogie égyptienne du réalisateur suédois a été réalisé pour un budget total de 8,6 millions d'euros et tourné en Turquie. Mallet-Guy a dit que le film aurait aussi pu voir le jour sans l'ACM, mais que la contribution du CNC a aidé à compléter les fonds nécessaires à confectionner ce pamphlet frontal contre le régime en place actuellement en Égypte – "Nous avons reconstruit l'Égypte en Turquie, puisqu'il n’était pas possible de tourner là-bas. Le réalisateur a même reçu des menaces de mort". La France a néanmoins eu une part importante dans le projet : "Nous avons dépensé plus de 2 millions d’euros et 35 % du budget en France. Les costumes et l'image ont été confiés à des équipes françaises, quatre des acteurs principaux sont français". C’est la septième fois qu’un projet de Mallet-Guy et Memento accède à l'ACM. Le producteur a expliqué que les partenariats avec les pays nordiques sont très avantageux pour la France, et il espère s'impliquer dans d'autres coproductions.

Once Upon a Time in Gaza [+lire aussi :
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interview : Tarzan Nasser
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était en lice dans la section Un Certain Regard. Ce film des jumeaux Arab et Tarzan Nasser a été produit par Marie Legrand des Films du Tambour, qui s'était également occupée des deux premiers longs-métrages des deux frères palestiniens, mais aussi citoyens français. Leur petit dernier est une coproduction qui réunit la France, l'Allemagne, la Palestine et le Portugal. Legrand pense qu'ils vont continuer a raconter des histoires en lien avec Gaza, leur terre natale. Pour elle, les 400 000 € reçus grâce à l'ACM (un des plus gros montants accordés, ce qui est un signe sans équivoque de l'engagement du CNC à soutenir des coproductions d’auteurs et la diversité dans le paysage audiovisuel : "Il est très rare qu'une coproduction internationale de ce type obtienne ce genre de soutien, surtout quand elle n’est pas en français". Le tournage s'est effectué en Jordanie puisqu'il n'était pas possible d'aller à Gaza, ce qui a compliqué les choses dans la mesure où la Jordanie n'a pas de littoral, mais les scènes  requérant une vue sur la mer ont pu être tournées au Portugal.

Les autres études de cas présentées portaient sur les prétendants à la Palme Résurrection [+lire aussi :
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, du Chinois Bi Gan, Valeur sentimentale [+lire aussi :
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, de Joachim Trier, et Renoir [+lire aussi :
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interview : Chie Hayakawa
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de Chie Hayakawa. La productrice Juliette Schrameck, de Lumen, a mis en avant l'excellent rapport qu'ont les producteurs français avec leurs collègues scandinaves : "Trier est très influencé par la culture française. Son coauteur a fait ses études en France, à la Fémis". De fait, la production de son nouveau film a impliqué plusieurs collaborateurs français et recouru à l’expertise française. Le témoignage des coproducteurs du deuxième long-métrage de la Japonaise Chie Hayakawa était du même ordre. Le film a été réalisé pour 1,9 million d'euros, un budget d’autant plus modeste considérant le fait que c’est une coproduction entre quatre pays : la France, le Japon, les Philippines et Singapour. "Pour un film indépendant japonais et une jeune réalisatrice, c’est un budget énorme. Surtout que c’est un scénario original et non une adaptation littéraire, alors que les adaptations dominent le marché au Japon", a précisé la productrice Eiko Mizono-Gray, de Loaded film. L'ACM a été fondamentale pour cette production.

Ces témoignages sont la preuve que l'ACM peut vraiment faire la différence pour financer un projet, et donner lieu à des collaborations artistiques extrêmement fructueuses ainsi que des liens de travail solides.

(Traduit de l'anglais)

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