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Industrie / Marché - Europe

Dossier industrie: Parité, diversité et inclusion

La place des femmes dans la production audiovisuelle européenne

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Organisations et centres de recherche du milieu se sont réunis en ligne pour partager les dernières statistiques, initiatives et pratiques en termes d'égalité des genres et d'inclusion

La place des femmes dans la production audiovisuelle européenne

Le mercredi 6 décembre, organisations et centres de recherche du milieu audiovisuel européen se sont réunis, en ligne, pour échanger sur l'état des lieux et les derniers développements dans l'industrie audiovisuelle et partager les dernières statistiques, les nouvelles initiatives, les bonnes pratiques et les opportunités à venir ainsi que les principaux défis à relever en termes d'égalité des genres, de parité, d'inclusion, de mixité et de diversité dans l'industrie audiovisuelle. Regardez le webinaire:

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Dans son discours d'introduction, Iris Zappe-Heller, directrice adjointe de l'Institut autrichien du film a souligné l'importance de maintenir l'égalité entre les hommes et les femmes parmi les priorités à l’agenda du secteur audiovisuel européen. Iris Zappe-Heller est la présidente du groupe de travail sur le genre et l'inclusion, de l'EFAD - Association des agences européennes du film et de l'audiovisuel. Le groupe de travail est un espace d'échange de bonnes pratiques, de renforcement des connaissances et de l'expertise sur un large éventail de sujets. Il collabore également avec d'autres organisations européennes telles qu'Eurimages, avec qui l'EFAD a créé une cartographie européenne de la diversité et de l'inclusion. L'EFAD a plaidé avec succès pour que l'Observatoire européen de l'audiovisuel établisse des statistiques européennes régulières, permettant des comparaisons d'une année sur l'autre. Presque tous les membres de l'EFAD s'intéressent activement à la question du genre et de l'inclusion, comme le montre l'étude du Lab de Femmes qui sera détaillée plus bas. Tout en reconnaissant les progrès accomplis, l'EFAD est consciente des défis à relever et du long chemin qu'il reste à parcourir pour promouvoir le genre et la diversité dans le paysage audiovisuel.

Les enjeux

Grâce aux outils tels que la cartographie, le baromètre et les rapports (notamment de l'Observatoire européen de l'audiovisuel et du Lab Femmes de Cinéma), les données statistiques présentées, démontrent non seulement une sous-représentation des femmes sur l’ensemble des postes du secteur audiovisuel européen (réalisatrices, scénaristes, productrices, directrice de la photographie, compositrices et montage) mais aussi une inégalité salariale et une disparité budgétaire entre les femmes et les hommes.

Ainsi, la présence des femmes reste faible à travers les différents métiers de l’audiovisuel, notamment au niveau des postes de direction, des prises de décision et dans le secteur de l’animation.

Pour la période 2018-2022, Patrizia Simone - analyste de l'industrie cinématographique du Département des informations sur le marché de l’Observatoire européen de l'audiovisuel (OEA) - souligne la sous-représentation des femmes dans le secteur, avec uniquement 26% de femmes réalisatrices et un pourcentage de 24% pour la part moyenne des femmes par film. Elle note la lente évolution vers l’égalité sur une durée de neuf ans (entre 2013 et 2022), au niveau de tous les rôles professionnels combinés dans l’industrie audiovisuelle.

Ce qui signifie que les femmes travaillent moins en moyenne et qu’il est souvent difficile pour les réalisatrices femmes de réaliser un second film après le premier. Les femmes disposent également de moins de chances et d’opportunités d’occuper un poste de réalisatrice principale. Les femmes sont davantage présentes et sont souvent plus susceptibles de travailler en équipe que leurs homologues masculins.

De plus, une disparité dans les budgets de production existe en fonction du genre. En moyenne, les films réalisés par des femmes ont des budgets inférieurs à ceux dirigés par des hommes. Une enquête menée en 2021 démontre qu’au niveau des longs métrages, le budget accordé aux femmes est de 20% plus bas que pour les fims réalisés par les hommes. Une corrélation peut donc s’établir entre la question du genre, le financement et les disparités budgétaires. Ainsi, plus les budgets sont élevés, moins ils sont susceptibles d’être accordés aux femmes. En revanche, étant donné que les documentaires restent moins coûteux, le pourcentage de femmes est plus élevé dans cette catégorie.

Il y également des différences notables à relever entre les pays de l’Union européenne. Les pays nordiques disposent d’une part plus importante des femmes dans l’industrie audiovisuelle. Même si le système des quotas est loin de constituer une tendance générale, trois pays européens (Autriche, Norvège et Grande-Bretagne) ont mis en place un système de quota hybride, inédit et ambitieux.

Les initiatives et les bonnes pratiques au niveau européen

Le groupe de réflexion, nommé le Lab Femmes de Cinéma, qui travaille sur les questions de parité et de mixité dans les industries du cinéma et de l'audiovisuel, a présenté une étude qualitative sur l'ensemble des mesures et politiques existantes visant à promouvoir la parité en Europe (menée depuis 2016 et avec une mise à jour annuelle), et ce en collaboration avec l'OEA, l'EFAD, soutenue par le Ministère de la Culture français et le CNC.

→ Intégrer la parité dans une recherche globale de diversité

Le Lab Femmes de Cinéma souligne que 15 pays de l’U.E ont mis en œuvre des mesures ou prévoient de mettre en œuvre des mesures pour intégrer la parité dans une recherche plus large sur la mixité. Daphné Tepper (directrice des politiques, secteur Media, Entertainment & Arts d'UNI Europa) note qu’à l’avenir il serait utile d’aussi collecter, analyser et publier de façon plus systématique des données relatives au niveau de rémunérations des femmes et des hommes dans le secteur de l’audiovisuel afin de promouvoir la transparence, d’évaluer les écarts et de mettre en œuvre des actions pour éliminer ces écarts.

→ Intensifier les mesures de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS)

Le Lab Femmes de Cinéma note que 16 pays de l’U.E se sont engagés à lutter contre les VSS. Pour Dácil Roca (membre du conseil, MIA Mujeres en la Industria de la Animación), le mouvement #metoo a incontestablement permis de rendre visible la réalité de la position des femmes dans l’industrie de l’animation et de l’industrie audiovisuelle au sens large, et a fait émerger  une demander du public de voir plus de contenus écrits, réalisés et produits par des femmes.

Soutien à la parentalité

Le Lab Femmes de Cinéma indique que seulement 6 pays de l’U.E travaillent sur ce sujet, en tenant de créer un environnement créatif plus égalitaire. La plupart d'entre eux n’ont commencé que très récemment. Daphné Tepper note également que ce sont le plus souvent les femmes qui continuent de prendre des pauses dans leurs carrières (notamment dû à la maternité) et que, lorsqu’elles réintègrent le marché du travail, l’écart salarial se creuse car elles ont du mal à rattraper le retard liés à la prise de responsabilités et aux promotions.

Exiger la parité dans le processus de candidature

Le Lab Femmes de Cinéma observe que 13 pays de l’U.E utilisent les demandes de financement comme un outil pour promouvoir la parité et la diversité afin de collecter des données ou de sensibiliser les candidats sur ces questions. Par exemple, en exigeant une meilleure répartition salariale et une composition genrée au sein des équipes de travail, la distribution des fonds publics peut permettre de (re)lancer une stratégie sur la question de l’égalité et de lutter ainsi contre les inégalités existantes dans le milieu audiovisuel.  

Développer un soutien de carrière pour les réalisatrices

Le Lab Femmes de Cinéma indique que 10 pays de l’U.E mettent l'accent sur le coaching, le mentorat, les formations et les événements de réseautage. Autrement dit, il s’agit de mettre en place un écosystème de soutien pour aider et encourager les cinéastes à rester dans l’industrie ! Le travail en cours pourra contribuer à améliorer la situation davantage pour les nouvelles générations, notamment en production. La mise en place de plus de bourses d’études pour les réalisatrices en devenir et dans le cadre d’un cursus éducatif peut également encourager le développement de carrière chez les jeunes femmes.

Travailler sur les biais inconscients

Le Lab Femmes de Cinéma souligne que 10 pays de l’U.E travaillent sur ce type d'initiative, dont 4 depuis 2023 et met en exergue l’importance de lutter contre les stéréotypes genrés, toujours présents dans le milieu du travail.

Développement d'outils de promotion pour l'égalité et la diversité

D’autres initiatives ont été mises en place pour promouvoir l’égalité et la diversité dans le secteur audiovisuel européen. Eurimages, le fonds culturel du Conseil de l’Europe qui soutient des co-productions à travers le continent européen et le Canada, a adopté en 2013 sa première stratégie pour la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes et a élargi son périmètre d’actions à la diversité en 2022. En 10 ans, les efforts ont porté leurs fruits. Les projets dirigés par des femmes soutenus par Eurimages sont passés de 7 à 48%. Différents types d’actions ont permis d’atteindre ces résultats tels que la priorité systématique portée aux projets portés par des femmes, les bonus financiers accordés à ces projets ou les bourses d’études attribuées aux femmes réalisatrices dans les écoles de cinéma.

Conclusion

Force est de constater que la présence féminine n’a pas changé de manière significative, tous genres de films confondus, au cours de la dernière décennie et que les femmes restent encore une minorité sur les lieux de travail et travaillent sur moins de films.

Les différentes interventions sont unanimes sur la nécessité de consolider la question de l'égalité des genres en parvenant à un véritable équilibre au sein de l’industrie audiovisuelle et de continuer à favoriser les actions concrètes, pertinentes et efficaces afin de soutenir l'évolution de la présence féminine dans ce secteur d’activité. Comme souligné par Dácil Roca il est crucial de continuer à organiser des débats et de poursuivre les échanges sur ces questions, en incluant toutes les parties prenantes afin de parvenir à une industrie audiovisuelle plus inclusive et plus diversifiée.

Bien que les questions de parité et de diversité soient de plus en plus abordées par les politiques, un appel est lancé pour maintenir la pression.

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