Série Series 2021
Dossier industrie: Séries
Les professionnels européens de la série discutent la collaboration entre l’Espagne et la France à Série Series
par Manuela Lazic
Le pouvoir de la collaboration pour promouvoir la création de qualite etait le focus de cette discussion entre des producteurs et un scénariste travaillant sur des séries avec la France et l’Espagne
Le festival Série Series continue sa tradition de rassembler des professionnels de la série pour sa 10e édition. Dans une discussion intitulée “La Fiction Européenne: Quand l’Espagne rencontre la France,” des créatifs venant des deux pays ont expliqué pourquoi et comment ils continuent de travailler à travers ces frontières.
Alexandre Piel d’ARTE a parlé de l'évolution de la société depuis sa concentration sur la collaboration Germano-Française jusqu'à son expansion vers, tout d’abord, la création Scandinave, puis les cultures latines telles que l’Italie et l’Espagne. Il est important pour ARTE de ne pas influencer les créateurs espagnols avec son expérience française, allemande et scandinave, et au début de ces nouvelles collaborations, ARTE ne faisait qu’observer et apprendre de ses collègues espagnols. Éventuellement, la société a pris part au développement et à la création de séries telles que No Man’s Land et Hierro [+lire aussi :
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interview : Jorge Coira
interview : Olivier Wotling
fiche série] de Pepe Coira. Cette dernière a frappé Piel comme étant la série parfaite pour ARTE, puisque son personnage principal est un etranger arrivant sur une île mystérieuse et découvrant sa culture très spécifique en même temps que le spectateur. Cette évolution vers des histoires plus audacieuses et idiosyncratiques était inspirée par le travail de Sky Italia, qui à l'époque défiait les normes du format de la série. Piel a souligné que l'absence de tout élément francais dans Hierro était intentionnelle: travailler sur cette série était pour ARTE une opportunité de faire les choses différemment, plutôt que d’imposer son modèle sur une autre tradition, afin de respecter les idées originelles de ses créateurs et de vraiment soutenir la production européenne.
Nathalie Drouaire, Manager Internationale et de Coproduction a BrutX, a discuté des principes guidant la nouvelle plateforme SVOD créée par la compagnie globale de média Brut il y a seulement trois mois et demi. Les objectifs de la plateforme sont progressistes, avec l’intention de “bouger la ligne” sur l’environnementalisme et la diversité, ainsi que transgressifs, puisque son prix de souscription à 4.99€ par mois signifie que BrutX ne cherche pas à rivaliser avec les géants du streaming américains, mais plutôt à offrir une sélection de séries européennes audacieuses et de qualité. Par exemple, la plateforme a récemment acquis la série Veneno [+lire aussi :
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fiche série] de Javier Ambrossi et Javier Calvo, laquelle a créé un débat politique en Espagne où une loi sur les droits des personnes trans vient d'être passée.
Le scénariste Fernando Navarro a expliqué ce qui l’attire dans le travail à travers plusieurs pays et langues. Son dernier projet, la serie A Perfect Enemy [+lire aussi :
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interview : Kike Maíllo
fiche film], est basée sur un roman de l’ecrivaine francaise Amélie Nothomb, adaptée vers l’Anglais par une équipe espagnole, et interprétée par un casting international comprenant l’acteur polonais Tomasz Kot (Cold War [+lire aussi :
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Q&A : Pawel Pawlikowski
fiche film]) dans le rôle principal. Pour lui, c’est cette diversité qui donne aux productions européennes la chance de vraiment rivaliser avec les séries américaines, puisque les nombreuses connexions internationales que ce genre de production permet peut donner une grande portée même à un petit projet.
Nacho Manubens, CCO et partenaire a Federation Entertainment Spain, a expliqué comment la compagnie de production et distribution a grandi depuis la France et s’est étendue à l’Espagne, en insistant à la fois sur la créativité et le sense des affaires, travaillant sur des succès tels que Veneno.
Enfin, interrogés sur l’avenir du drame européen, tous les participants ont mis l’accent sur le pouvoir de la connexion. Manubens a soutenu que donner davantage de pouvoir de production aux créateurs pourrait conduire à des histoires toujours plus pertinentes, alors que Navarro a remarqué qu'à ce carrefour, les créatifs européens doivent insister sur l'indépendance et la liberté afin de défendre leur place face aux plateformes américaines et à leurs perspectives plus conservatrices. Piel a soutenu qu’il existe un risque d’avoir des idées de qualité plus basse du au temps nécessaire pour créer de bonnes séries, mais aussi que la coproduction, bien que peut-être plus difficile que la production nationale, pourrait être plus gratifiante puisqu’elle encourage une diversité de voix. Drouaire a défendu le besoin pour les écrivains de rester audacieux dans ce climat effervescent.
(Traduit de l'anglais)
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