email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Nabil Ben Yadir • Réalisateur

“Avec l'humour, tout passe, même les sujets les plus tabous”

par 

- Rencontre de Cinergie avec un passionné de cinéma qui a débuté comme acteur avant de passer à la réalisation et de signer un premier long maniant la dérision avec un art consommé

Cinergie : Tu t'es lancé un défi de taille en débutant dans le registre de la comédie avec Les Barons [+lire aussi :
critique
bande-annonce
Interview avec le réalisateur et l'act…
interview : Nabil Ben Yadir
fiche film
]
. Pourquoi avoir préféré la difficulté ?

Nabil Ben Yadir : Au départ, je voulais simplement raconter une histoire, mon histoire. Mais le ton devenait lourd et j'avais l'impression de reproduire les codes des films sur les banlieues. Je commençais à tourner en rond. J'ai rencontré Laurent Brandenbourger : à deux, on a commencé à déconner et c'était parti. Dès que j'ai trouvé le ton dans lequel je me sentais vraiment à l'aise, rien ne pouvait plus m'arrêter. Et puis, avec l'humour, tout passe, même les sujets les plus tabous !

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

D'où te viennent tes blagues pourries ?
C’est de l’humour bruxellois, de mon quartier. Le temps ne passe pas dans le quartier, alors on se raconte des blagues. Elles peuvent durer des heures entières, ce qui compte ce n’est pas qu'elles fassent rire, mais qu'elles fassent passer le temps.

Comment t'es venue l'idée que tu te sentais capable de faire du cinéma, alors que tu ne sortais d'aucune école de cinéma ?
Avec mon diplôme d'électromécanicien, je n'avais pas le choix. Soit je réparais des machines à laver soit je tentais de faire du cinéma. Les machines à laver pouvaient attendre, il y en aura toujours à réparer. J'avais envie d'écrire, j'ai essayé, sans trop y croire. J'ai eu l'immense chance de rencontrer Diana Elbaum de la société de production Entre Chien et Loup qui a cru au projet et qui m'a soutenu jusqu'au bout, même si j'ai mis du temps pour terminer l'écriture.

Comment as-tu choisi tes comédiens ?
Mourade Zeguendi, je le connaissais quand on était gamins. Et quand je l'ai vu dans des grosses productions comme Dikkenek, je me suis dit qu'on avait quasiment le même parcours. On vient du même endroit et l'un comme l'autre, on essaye de faire notre petit bonhomme de chemin. Mounir Aït Hamou, c’est la première fois qu’il est à l’écran. C’est un pote qui m’accompagnait pour les castings parce que quand je partais à Paris, je n’aimais pas être seul. On castait, mais ce n’était pas vraiment ça. Puis je l'ai casté lui, et il était pris. Pour Hassan, le premier rôle, j'ai reçu un tas de 300 photos. J'en ai choisi 15. Nader n'y était pas : il avait envoyé une photo floue ! La directrice de casting estimait que 15 candidats, ce 'était pas suffisant. Alors j'ai repris un paquet de photos au hasard et il y avait la photo floue. Au moment du casting, dès que j'ai vu Nader Boussandel, j'ai su que c'était lui. Amelle Chahbi, qui n’avait jamais fait de cinéma, je l’ai rencontré au Jamel Comédie Club, lors d'une tournée à Bruxelles. C’est tellement rare de voir des filles avec beaucoup d’humour monter sur scène et faire un stand up. Pour le personnage de Malika, je voulais une comédienne qui soit la présentatrice télé parfaite, mais avec une petite note d’humour dans le regard. Elle m’a bluffé!

Comment as-tu travaillé avec les comédiens ? Tu leurs as proposé d’improviser sur des idées ?
Non, j’ai toujours peur de l’impro. Les dialogues du film sont très écrits. Si tout le monde met son grain de sel, son humour à lui, on finit par être perdu.

Le sketch que joue Amelle maquillée en garçon, n'a pas dû être facile
J'ai voulu indiquer par cette scène que même quand on est seul, que personne ne nous regarde, pour se parler sincèrement, on doit se maquiller, on passe par la comédie, on n'arrive pas à être simplement sincère, on sent toujours le poids du quartier, de la famille. Tu as toujours l’impression que tu trahis.

Mais ce n’est pas ton cas ?
Non, parce que moi je raconte l’histoire en disant "je". C’est ma vie, ce sont mes potes. Je vais un peu schématiser mais j’ai ouvert la porte et j’ai tourné dans ma rue. Les gens je les connais, les quartiers aussi. Il y a une espèce de Baronsmania à Molenbeek. Et je suis heureux d'avoir contribué à ce que maintenant on parle de Molenbeek aussi dans la page culture.

source : Cinergie

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy