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Nicolas Winding Refn • Réalisateur

L’essor et la mort de la mythologie

par 

- Nicolas Winding Refn évoque la relation entre l’action et la spiritualité, et entre la religion et la mythologie dans son film Le guerrier silencieux (Valhalla Rising)

Cineuropa: Le guerrier silencieux (Valhalla Rising) [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Nicolas Winding Refn
fiche film
]
démarre de manière très dynamique, avec beaucoup de luttes et de sang, mais il finit apparemment par perdre de son élan. Il y a beaucoup d'"espaces vides". C’est une évolution un peu inattendue.

Nicolas Winding Refn : C’est de l’espace. J’ai toujours voulu tourner un film de science fiction. Ce n'est pas le cas ici car le film n’a rien à voir avec la science, mais c’est de la fiction mentale. Ce genre de fiction permet de puiser dans les souvenirs car c’est depuis longtemps ce qui se rapproche le plus d’un "drug movie". C’est presque comme si votre battement de cœur devait ralentir. Le film commence de manière très frénétique, avec de la violence et de l’action, mais peu à peu, il commence à éclore. Et vous devez seulement accompagner le mouvement. Si vous essayez de lutter contre lui ou si vous commencez à l’analyser, vous vous perdez. Vous devez simplement vous laisser aller. Lorsqu’on fixe quelque chose pendant trop longtemps, on commence à regarder au-delà de l’objet, dans le vide. C’est presque comme de la méditation ou de l’hypnotisme. Le film est construit de cette manière.

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Est-ce que 90 minutes suffisent vraiment à atteindre cet effet-là ?
Je suis un très grand fan des films de 90 min. Cela fonctionne, car c’est la durée d’une phase de sommeil. Par conséquent, je crois que c’est une durée tout à fait naturelle pour un film. Dernièrement, il y a eu un excès de films beaucoup trop longs. C’est comme si les gens devaient en avoir pour leur argent, et on finit par en faire trop. Moi je suis partisan du contraire. Je crois en la simplicité. La qualité passe avant la quantité.

Le personnage principal One Eye est un guerrier païen, n’est-ce pas ?
Non. Il n’est rien. Il n’a pas de religion. C’est un monolithe. On ignore d’où il vient. On se rend compte que One Eye n’est qu’un esclave quand un Viking païen dit à un autre : "il t’a appartenu pendant cinq ans, personne ne l’a jamais possédé aussi longtemps et maintenant, c’est à moi de l’avoir". Ce n’est que lorsqu’il s’enfuit et qu’il commence à utiliser des outils et des armes qu’il devient un guerrier. Puis, grâce à sa capacité de prédire l’avenir, ses pouvoirs surnaturels, il devient un dieu. Et enfin, il devient un homme. C’est très abstrait et cela va au-delà des traditions. Un des défis dans la réalisation d'un film de Vikings, c'est qu’il existe des notions préconçues, des clichés presque, sur la culture Viking. On croit que les Vikings sont tous des païens, qu’ils croient en Odin, etc. Je ne voulais pas faire un film de Vikings comme les autres, j’ai donc tourné un film sur les Vikings chrétiens qui se rendent à Jérusalem. En plus, beaucoup de gens ont une approche beaucoup trop terre à terre de Valhalla. Mais on ne peut pas suivre cette direction. On ne doit pas trop se poser de questions sur l’origine de One Eye. Il apparaît et c’est tout. Il n’y a pas d’histoire derrière ce personnage. Il n’a même pas de nom. C’est le garçon qui le surnomme One Eye.

A quelle époque exactement se déroule le film et quelle est la relation de One Eye avec son époque?
Le film se déroule au XIème siècle, alors que le christianisme se répand très rapidement. Une grande confusion règne dans les croyances. Les gens passent du paganisme, qui est une forme rudimentaire de religion, à une religion monothéiste organisée. Et One Eye apparaît à cette époque là. Il voyage avec le spectateur parce qu’il est ce qu’on le fait devenir. Certaines personnes sur le bateau le voient comme un sauveur, d’autres encore croient qu’il est le diable. Tout comme la religion, ils l’utilisent dans leurs propres intérêts. Le film se termine avec One Eye qui retourne vers son propre esprit : les montagnes, la pierre. Il retourne à ses origines et il va revenir à nouveau, car One Eye est une entité qui apparaît à un moment de chaos religieux. Valhalla Rising représente la montée de la mythologie et en même temps sa décadence, puisque le christianisme va complètement anéantir l’ancien système de croyances fondé sur les mythes.

Pourquoi avez-vous choisi de tourner en Ecosse?
C’est en Ecosse qu’on nous a offert le plus d’argent. Nous avons reçu une somme considérable de la part du Scottish Screen pour tourner dans le pays. Il était très dur de se rendre dans lieux isolés où je voulais tourner. J’étais complètement obsédé par les zones les plus étranges, les plus inhumaines et je voulais justement que le tournage se déroule sur ces lieux-là. Il n’y avait rien là-bas, ni même des animaux. Rien que des hommes et la nature.

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