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Maggie Peren • Réalisatrice

Un plaidoyer pour la liberté intérieure

par 

Maggie Peren vient de terminer le tournage de son dernier film, The Colour of the Ocean, un projet qui lui tient à coeur : "Quand j'ai vu We Feed The World [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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, en 2005, j'ai été interloquée par la manière dont on détériore l'existence des gens du Tiers Monde avec nos programmes alimentaires subventionnés et par le fait que ces gens sont tellement désespérés qu'ils fuient à travers l'Atlantique en bateau, vers l'Europe".

Peren nous livre avec The Colour of the Ocean un film très européen dont elle a aussi composé le scénario. Un bateau de réfugiés africains s'échoue sur la Grande Canarie, idylle des vacanciers, et ébranle l'ensemble de conceptions bien amarrées que beaucoup de gens appellent la vie : l'organisatrice de séjours allemande Nathalie remet en cause son existence apparemment stable et un policier espagnol s'échappe de la prison intérieure qu'il s'était construit. Peren transporte le spectateur dans cette île paradisiaque pour révéler les failles de cette apparente idylle, pas pour les superbes images qu'elle offre.

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À 36 ans, la réalisatrice a voulu faire son nouveau film avec un casting international, tournant en espagnol, en français et en allemand. Bien qu'il n'ait pas été facile de trouver des soutiens allemands pour une production trilingue tournée à l'étranger, Peren n'a pas regretté sa décision un seul instant : "Il était pour moi extrêmement important de raconter cette histoire de manière subjective, en d'autres termes, de trois points de vue différents, et pour ce faire, je devais adopter les points de vue africain, espagnol et allemand. Travailler avec trois nationalités différentes m'a naturellement beaucoup apporté. Après tout, plusieurs pays européens ressentent les effets de ce problème. Pendant le tournage, les Espagnols se sont montrés très intéressés et ont posé beaucoup de questions. Je suis sûre qu'ils vont aimer le film aussi".

Ce drame de réfugiés capte l'attention par le portrait réaliste qu'il trace, bien que Peren ait consciemment évité le réalisme direct. "Dès le début, il m'a semblé important de rejeter l'angle documentaire et de raconter les problèmes des réfugiés sur fond de parabole. En d'autres termes : chaque personnage représente un point de vue particulier", explique la réalisatrice. En adoptant les points de vue de ses personnages, elle immerge le public dans un microcosme de perspectives différentes et permet ainsi d'appréhender la complexité du sujet à partir des relations entre les gens.

Cette approche s'est déjà avérée efficace dans tous ses films et scénarios précédents - dans son premier long métrage, Special Escorts (2007), par exemple, où elle consacrait toute son attention à ses personnages principaux, poussés par les difficultés financières à créer un services d'escorte masculine pour les dames riches.

Peren préfère les nuances les plus subtiles de la gamme d'émotions présentée par ses personnages. Elle permet au spectateur de voir leurs imperfections, les place dans des situations quotidiennes complètement absurdes et montre des personnages qui ne peuvent pas changer ce qu'ils sont mais essaient de faire au mieux avec ce qu'ils ont. De fait, elle se rapproche beaucoup de la réalité. Les personnages de Peren ne vivent jamais des moments comiques ou dramatiques de manière superficielle : ils résultent toujours de la gravité de leurs actions et sont aussi toujours, d'une manière ou d'une autre, rattachés à leur libération : "C'est le fil rouge de mon travail : mes films et mes livres parlent tous de liberté. Special Escort ne parle pas seulement d'hommes qui offrent leurs services sur Internet et s'amusent en le faisant, mais aussi de la liberté intérieure qu'ils peuvent trouver dans ce qu'ils font".

Les personnages centraux de trouvent eux aussi une liberté intérieure qui leur permet d'accorder à leur tour cette liberté aux autres : "Mes personnages s'extraient toujours de leurs limitations pour trouver un terrain plus ouvert", conclut Peren.

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