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Marcel Jean • Festival International du Film d'Animation d'Annecy

Un québecois à la tête d’Annecy

par 

- Ne cachant pas son enthousiasme, Marcel Jean voit dans sa nomination l’opportunité fantastique de participer activement à la réflexion sur la création

Le Festival International du Film d'Animation d'Annecy, le plus important de sa catégorie, vient d'annoncer la nomination du québécois Marcel Jean comme délégué artistique. Il remplace Serge Bromberg, en poste depuis 14 ans. Critique, auteur, producteur prolifique à l'ONF, Marcel Jean est parmi les plus grands connaisseurs du secteur de l'animation. Ne cachant pas son enthousiasme, il voit dans sa nomination l’opportunité fantastique de participer activement à la réflexion sur la création. Rencontre.

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Cineuropa: Comment le festival est-il parvenu à occuper la place qu'on lui connaît?
Marcel Jean: C'est le destin d'Annecy d'être un événement majeur. En 1960, c'était le seul festival du genre, donc un lieu fondateur participant à l'élaboration du concept même de cinéma d'animation. Mon prédécesseur Serge Bromberg est un connaisseur du cinéma des premiers temps, mais aussi un homme de spectacle, qui a mis à contribution ses formidables talents de communicateur et de performer pour aller chercher la participation du public.

Parlez-nous de ce public.
Il est actif, enthousiaste, jeune et avide. J'ai l'intention de l'inviter à se prononcer. Nous travaillons sur un concept dans lequel le public jouera un rôle central: il sera appelé à faire l'évènement plutôt qu'à y assister.

Vous avez manifesté votre désir de renouveler certaines formules connues du festival. Des exemples ?
La formule du pays à l'honneur a fait son temps. Cela ne veut pas dire qu'à l'avenir on ne se penchera pas sur une cinématographie en particulier, mais on ne le fera plus de manière systématique. Il faut aussi repenser notre façon de programmer les productions destinées aux écrans personnels: téléviseurs, ordinateurs, téléphones portables... Est-ce que ces productions doivent être vues dans une salle de cinéma? J'en doute. J'ai la ferme intention de revoir le contenu du catalogue: je veux des textes qui viennent soutenir le travail des programmateurs, des textes plus denses et longs, davantage de contenu. Aussi, le festival devra se déployer plus largement sur le web. J'en fais un objectif.

Tous les secteurs de l'animation se retrouvent à Annecy: studios, indépendants, télévision. Quels sont les prochains défis de cette cohabitation ?
Annecy est le seul festival qui rassemble ces gens évoluant dans des espaces différents, mais qui partagent beaucoup sur le plan technique ou qui ont souvent été formés dans le même cadre de référence. Des individus transitent: quand on voit Benjamin Renner passer de La queue de la souris à Ernest et Célestine [+lire aussi :
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, quand on suit les parcours de Mark Baker ou d'Igor Kovalyov, qui sont de très grands auteurs de courts métrages et qui ont contribué à ce que la télévision a fait de mieux... Le festival doit consolider ses bases pour éviter l'implosion, mais il ne peut pas rejeter inconsidérément de larges pans de la production s'il veut continuer à faire la cartographie du milieu de l'animation.

Comment percevez-vous la compétition à Annecy?
Je voudrais que les longs métrages en compétition soient des premières, au moins sur le territoire français. Mais nous n'avons pas encore les moyens d'exiger cela sans nous priver d'éléments qui contribuent à élever le niveau général, comme cela a été le cas du Tableau de Jean-François Laguionie cette année. Je suis partisan de la sélection de films forts, sans considérations géographiques. S'il faut que seuls quatre ou cinq pays soient présents en compétition, soit: on n'aide personne en retenant des films pour des raisons diplomatiques. Il faut que la compétition reflète ce que l'industrie livre de meilleur. Mais elle doit aussi offrir une place aux objets inclassables, qui ébranlent les certitudes (expérimental, jeux vidéos, machinema).

Où en sont les nouveaux venus de la création européenne?
La mondialisation fait son effet partout: il y a moins d'écoles nationales. Il y a bien l'Estonie, mais ce n'est plus très nouveau. Les Britanniques, qui ont eu leur âge d'or, connaissent des temps difficiles, après avoir perdu le soutien de la télévision. Ce qu'on remarque, c'est la position privilégiée de la France, qui a un réseau d'écoles qui fait l'envie de tous, des possibilités de financement variées et des chaînes de télévision qui ont encore les moyens de jouer un rôle. La Pologne et la République tchèque retrouvent peu à peu leur dynamisme après deux décennies d'incertitude. L'Europe n'a pas encore son Miyazaki. Michel Ocelot est sans doute le plus important réalisateur de longs métrages d'animation européen, mais il est un peu prisonnier du succès de Kirikou. Autrement on attend des nouvelles des frères Guillaume, on regrette que Marjane Satrapi n'ait pas eu le goût de rempiler... Côté production, je pense le plus grand bien d'Autour de minuit. Nicolas Schmerkin est quelqu'un de sérieux et de créatif. Je lève mon chapeau à Ron Dyens, de Sacrebleu, qui empile les films qui cartonnent, le dernier en date étant le jouissif Tram de Michaela Pavlátová. J'aime l'audace et l'éclectisme qu'il y a à produire une série centrée sur la sexualité féminine.

Sur la durée du festival: 6 jours en juin, est-ce trop court ?
À divers titres (producteur, journaliste, programmateur) j'assiste au festival depuis 1997 et je n'ai jamais eu l'impression qu'il m'aurait fallu un jour ou deux de plus. C'est une expérience intense, c'est vrai. Les festivaliers doivent faire des choix, c'est aussi vrai.

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