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Mahesh Bhatt • Réalisateur, Inde

Je suis la culture… La culture n’est pas extérieure. Je suis son visage.

- Cineuropa s’associe au 5ème Forum d’Avignon en publiant les interviews de plusieurs personnalités du secteur culturel et créatif

Sur le thème "Culture : les raisons d’espérer. Imaginer et transmettre", le 5e Forum d'Avignon (du 15 au 17 novembre) a choisi d'opposer des raisons d'espérer au pessimisme ambiant.

Chaque année, le Forum organise et soutient des rencontres internationales à Avignon et à Essen - avec le Forum d’Avignon-Ruhr. Les propositions issues de ces échanges entre les acteurs de la culture, des industries de la création, de l’économie et des médias sont relayées dans les instances nationales et internationales.

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La culture / l’imagination créative vous donne-t-elle une raison d’espérer ?
Mahesh Bhatt : L’homme vit dans l’espoir et meurt dans l’espoir. La dure réalité, c’est qu’il n’y a là aucune oasis, la race humaine est bloquée face à un mirage. La culture est un mirage. Tout naît de la frustration. Que pouvons-nous espérer que nous n’ayons pas déjà ? Un meilleur futur ? Un monde libéré du conflit, de la misère, de la souffrance ? La culture peut-elle créer un tel monde ? L’homme peut-il imaginer ? Les 10 000 dernières années de l’histoire de la culture humaine, de l’imagination humaine qui se lit sur la surface de notre planète. Dîtes-moi, en tenant compte de cette histoire, aurait-on raisonnablement pu espérer un résultat différent ? La culture, comme toute autre chose, est une question de définition. Les différents pouvoirs en place dans l’Histoire, qu’ils aient été religieux, politiques ou économiques ont généralement maintenu un monopole sur la création et l’application des différents systèmes de définitions dans lesquels nous vivons. En ce sens, pourquoi attendrions-nous d’une culture née dans de tels systèmes qu’elle nous conduise dans un monde différent du nôtre ? Et pourtant, à l’inverse, si l’on regarde la culture ou le potentiel de l’imagination humaine davantage comme un moyen d’imaginer de nouvelles définitions ou de nouveaux modes de compréhension, alors elle offre peut-être un petit peu « d’espoir ». Mais pas d’espoir pour un monde moins douloureux, ou moins destructeur. Qui peut dire si l’inconnu nous offre autre chose que l’abysse que notre histoire a connu ? Mais si de véritables instances d’imagination peuvent nous projeter dans l’inconnu, ou peuvent nous y faire entrer, alors il y a peut-être une chance, ou un espoir, qu’une puissance trouve un moyen de s’exprimer au-delà des structures archaïques et peu solides de l’esprit humain.

Qu’est-ce qui l’incarne le mieux ?
Nous incarnons tous la culture. Le monde que nous voyons et le corps que nous sentons et touchons ne sont pas différents. Ce sont des structures qui nous ont été transmises à travers d’innombrables générations, des idées qui insèrent nos expériences dans les schémas à travers lesquels d’innombrables vies sont déjà passées. Si les cultures des sociétés qui nous ont précédés sont sorties d’un individu, alors l’organisme vivant qui se trouve derrière peut commencer à s’épanouir. Une telle personne n’est pas et ne peut pas faire partie du système de valeurs de la société.
Nous regardons désormais la culture comme une allusion, un lointain parfum du salut que nous cherchions autrefois dans la religion. Et comme nous ne l’avons pas trouvé dans les temples et églises chargés d’encens, nous ne le trouverons pas dans les musées, les cinémas, les galeries ou les salles de spectacle. Cette recherche d’une forme de salut n’est rien d’autre que la culture elle-même qui suit son cours dans nos vies. Nous ne nous rendons pas compte que c’est cette culture qui étrangle notre énergie vitale, l’empêchant de s’exprimer. L’énergie vitale ne peut jamais être « incarnée », ni contrôlée. Elle écrase et démolit les barrières qui l’entourent.


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