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Mihai Chirilov • Directeur artistique du Festival de Transylvanie

"Plus la sélection est éclectique et surprenante, mieux c'est"

par 

Cineuropa : Comme c'est le cas de beaucoup de festivals, votre budget s'est réduit cette année. Comment avez-vous surmonté la situation ?
Mihai Chirilov :
Avant cette édition 2013, le Festival de Transylvanie a subi la réduction de budget la plus sévère de son histoire, le Ministère de la Culture comme le Centre national de la cinématographie ayant donné moins d'argent. Ce n'est pas un problème de budget, c'est un problème de corruption : à la place du festival, les institutions étatiques financent des événements douteux – de manière générale, le cinéma n'est pas accepté comme un art en Roumanie, malgré le succès de la Nouvelle Vague roumaine à l'étranger. Heureusement, les collectivités locales ont compris l'importance de notre festival pour la ville de Cluj Napoca et continuent de nous soutenir. Il est vrai que leur engagement financier n'a pas bougé depuis six ans, alors que la manifestation s'est développée exponentiellement. Le festival a même pris tant d'ampleur que j'ai décidé de réduire de 20% le nombre de films présentés (pour arriver à 155 longs métrages et quelques 40 courts), ce qui a diminué nos frais – bien que cela ne fût pas mon objectif premier, ma préoccupation première étant de rendre l'événement gérable pour le public comme pour nous. Ce qui est sûr, c'est que nous voulons conserver l'esprit du festival, qui fait que les gens reviennent.

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Comment décririez-vous le programme de cette année ?
De plus en plus de films nous sont proposés chaque année et parfois, cela génère une certaine pression, mais j'ai appris à naviguer en eaux troubles. J'ai une équipe solide et bien que l'amas de travail puisse être rude, il reste agréable de fouiller et dénicher des joyaux. Je n'ai pas d'autre motivation que le cinéma et je ne privilégie pas spécialement de thèmes ou de motifs. Je les laisse me trouver. Ce que je favorise, c'est la diversité et les bons films. Je ne veux pas délimiter le public, je préfère jouer avec ses attentes. Plus la sélection est éclectique et surprenante, mieux c'est. Chaque année, j'invite un ou deux pays dans notre section Focus. Cette année, il s'agissait de la Grèce et la Slovaquie. La Grèce s'illustre bien ces dernières années ; il fallait saluer ce succès. Dans le cas de la Slovaquie, c'est différent, mais un programmateur aventureux n'attend pas trois ou quatre ans, il n'attend pas qu'un pays se confirme comme émergent : il le met en vedette directement.

Chaque année, vous présentez dans le cadre des Journées roumaines les productions nationales les plus récentes. Quel est l'état actuel du cinéma roumain ?
D'année en année, le nombre de films réalisés augmente légèrement, malgré la situation financière désastreuse du pays. Il est également gratifiant de voir que le cinéma roumain continue de surfer sur sa Nouvelle Vague et de rafler des prix, comme au dernier Festival de Berlin. Hélas, la plupart des films primés dans les festivals obtiennent des résultats médiocres au box-office, ce qui est regrettable. Le fait que la Roumanie n'ait pas beaucoup de cinémas est un gros handicap. Le pays n'a pas de stratégie pour optimiser l'impact et la présence des films roumains, ni de loi pour garantir la visibilité du cinéma national, notamment dans les multiplexes. Le Centre national de la cinématographie est une institution archaïque qui se trouve entachée chaque année par des scandales, des anomalies et des faits de corruption. L'apparition de comédies et de films de genre roumains compensent en partie nos lacunes, ce qu'on peut tout de même voir comme une petite victoire (au moins, le public voit quelques films roumains), mais il n'en reste pas moins que les jeunes réalisateurs ont la vie dure : s'ils veulent des subventions, il faut qu'ils attendent leur tour pendant des années, et parfois ils se trouvent même humiliés, comme l'a été Adina Pintilie au moment de son premier film (bien que son scénario ait reçu plusieurs prix, quand elle l'a présenté, il a été snobbé par le comité de sélection du Centre national de la cinématographie). Certains réalisateurs ont recours à d'autres alternatives. 

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