11/10/2013 - La plateforme OLFFI, que Joëlle Levie vient de lancer, rassemble des informations sur les possibilités de financement en Europe

Face a la complexité de plus en plus grande de trouver des financements pour la production de longs métrages, Joëlle Levie a lancé la plateforme OLFFI, destinée aux professionnels de l’industrie cinématographique.

Cineuropa : Vous avez lancé la plateforme OLFFI (Online Film Financing). Quelles sont les raisons principales de la création de ce nouvel outil ?
Joëlle Levie : Pourquoi OLFFI ? L’idée de créer le site olffi.com vient de différents constats qu’Ilann Girard, en tant que producteur, François Farrugia, représentant de logiciels de production (Moviemagic), et moi-même anciennement directrice d’organismes publics, avons faits devant la complexité de plus en plus grande de trouver des financements pour la production de longs métrages. La coproduction devient à ce jour inévitable et il n’est pratiquement plus possible de financer un projet sans un ou deux coproducteurs de pays et de cultures différents. A l’exclusion des Etats Unis, le financement des films repose sur les aides publiques. Il en existe beaucoup en Europe et dans le monde qui sont dédiés à la production (plus de 250 incluant les crédits d’impôt). Où trouver l’information ? Sur les sites internet des fonds ? En quelle langue ? Avec quel niveau de détails ? Qui contacter ?

La plupart des sociétés de production sont des petites et moyennes entreprises indépendantes dont le chiffre d’affaires dépend entièrement de leur capacité à rassembler les financements nécessaires à la réalisation de leurs projets. Ces sociétés n’ont pas les ressources nécessaires pour engager quelqu’un  pour faire la recherche. De plus, les informations qui sont disponibles sur le net sont complexes à trouver, peu élaborées si ce n’est dans la langue du pays !
L’idée vient donc de là…créer un espace où l’information sur le financement pouvait être centralisée et donc très logiquement la création d’un site internet BtoB permettant aux professionnels d’avoir accès à des informations structurées en fonction de leurs besoins, comparables et mesurables.

A qui s'adresse cette plateforme?
La plateforme s’adresse à tous les professionnels du secteur cinéma (nous développerons l’aspect télévision l’année prochaine), que ce soient des producteurs, réalisateurs, consultants, professeurs, étudiants en cinéma et même les employés des organismes publiques qui doivent évaluer des projets de coproduction ou souhaitent comparer leur offre à celles de leurs homologues. Nous sommes convaincus que notre clientèle est internationale. Pour les européens tout comme les non européens, OLFFI EXPLORE est un moyen de voir comment les aides fonctionnent dans les différents pays et continents, de défricher le terrain lorsqu’ils souhaitent coproduire ou participer à un marché de coproduction.

Quel est votre sentiment sur l'évolution des systèmes de financements à l'audiovisuel en Europe?
Les systèmes de financement en Europe sont dépendants de facteurs divers : la réalité économique de leur pays, la compatibilité des programmes avec les directives européennes, notamment la Communication cinéma qui aura très certainement un impact sur plusieurs mécanismes de soutien, la volonté d’attirer des tournages étrangers (et donc de l’emploi) sur leur territoire.
Il y a donc trois grandes catégories de financement qui font face à des enjeux très différents : les fonds nationaux dont les budgets augmentent (pays nordiques) ou diminuent (Islande, Pays Bas…) et qui doivent donc réajuster leurs programmes, les fonds régionaux qui basent leur soutien en fonction des dépenses locales et enfin, les mécanismes fiscaux qui fleurissent dans les différents pays d’Europe, créant une réelle concurrence entre eux (de nouveaux mécanismes s’annoncent en 2014, que ce soit en Macédoine, Lithuanie, Georgie…).
Il est clair cependant que beaucoup d’organismes nationaux se posent la question aujourd’hui de leur rôle devant la difficulté des films qu’ils soutiennent à rejoindre leur public. Financent-ils trop de films ? Doivent-ils investir plus en aval (développement) et en amont (promotion, distribution) ? Comment se positionner devant les nouvelles fenêtres de diffusion comme la VàD, l’internet ?
Bien que leur priorité soit de soutenir les talents locaux et tout mettre en œuvre pour que les films soient vus, le soutien à la coproduction internationale est un des axes importants de leur politique.  Plusieurs programmes de soutien à la coproduction minoritaire sont ou se mettent en place.
Il y a donc plusieurs changements en vue dont on ne connaît pas encore les impacts. Il est certain néanmoins qu’il y a de l’argent pour financer les films en Europe … il sera de plus en plus difficilement accessible vu le nombre de sources de financement à réunir mais aussi compte tenu du nombre grandissant de réalisateurs, auteurs, producteurs qui sortent chaque année des écoles de cinéma. D’où l’importance de bien choisir ses partenaires, leur environnement culturel et financier mais surtout de prendre le temps de développer un projet qui par sa forme ou son sujet est susceptible de rejoindre un public et de séduire des partenaires étrangers.

Quelles sont les évolutions possibles du site?
OLFFI EXPLORE est le tout premier « module » d’OLFFI . La pointe de l’iceberg !!! Nous voulions « exister » le plus rapidement possible, d’où l’idée de cette base de données visuelle et ludique où l’information est structurée et organisée de façon identique. La valeur ajoutée d’OLFFI EXPLORE est d’offrir d’autres informations que les programmes d’aide. Nous y avons inclus la liste et les caractéristiques des différents accords de coproduction ainsi que de l’information utile pour un producteur qui veut aller tourner dans un pays étranger (visa, permis de travail, TVA…) sans oublier les commissions de films/bureaux d’accueil de tournage et associations professionnelles locales.
A cela s’ajoute une fonctionnalité de comparaison qui permet de comparer 3 programmes ou mécanismes fiscaux ensemble. Dès janvier 2014, OLFFI EXPLORE couvrira également les pays non européens.
Mais notre objectif est plus ambitieux et nous y travaillons depuis 2 ans déjà. Il s’agit d’une application qui permettra aux producteurs d’évaluer  l’éligibilité de leur projet à un programme donné incluant les tests culturels. Il s’agit d’OLFFI PROJECT. Loin de nous l’idée de nous substituer à l’évaluation des projets faite par les organismes de financement. Nous considérons OLFFI PROJECT comme un outil de repérage financier permettant une recherche des financements correspondant le plus adéquatement possible aux particularités d’un projet.  Pour rencontrer cet objectif, l’équipe d’Olffi a développé un « package » SaaS (Software as a Service) qui permet à un utilisateur de mesurer l’éligibilité de leurs projets aux différents tests culturels et modifier, dans la mesure du possible, le profil de ces projets afin de maximiser leur chance de réussite. OLFFI PROJECT peut être considéré comme une boîte à outils pour les producteurs leur permettant d’optimiser les aides et leur compatibilité. Nous envisageons un premier lancement OLFFI PROJECT avec une quarantaine de programmes pour Cannes 2014.