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Radu Mihaileanu • Réalisateur

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- Dans le cadre du Forum d’Avignon 2013, Cineuropa a rencontré Radu Mihaileanu, réalisateur de Le concert et La source des femmes

Radu Mihaileanu • Réalisateur

Cineuropa s’est associé cette année au Forum d’Avignon. Dans le cadre du Forum 2013, qui s’est interrogé sur “les pouvoirs de la culture”, Cineuropa a rencontré le réalisateur franco-roumain Radu Mihaileanu.

Sa filmographie comprend Trahir (Grand Prix des Amériques en 1993), Train de vie (dévoilé à Venise en 1998 et Prix du public à Sundance en 1999), Va, vis et deviens [+lire aussi :
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interview : Radu Mihaileanu
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 [+](Panorama de la Festival de Berlin 2005 ; César 2006 du meilleur scénario), Le Concert [+lire aussi :
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interview : Radu Mihaileanu
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 [+] (César 2010 de la meilleure musique et du meilleur son) et La source des femmes [+lire aussi :
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fiche film
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 [+] (en compétition à Cannes en 2011).

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Cineuropa : Pouvez-vous nous parler de votre prochain film ?
Radu Mihaileanu : Très peu. Le film se passe entre la Tanzanie et les États-Unis. C’est une histoire un peu tragi-comique, comme d’habitude, sur l’état du monde d'aujourd’hui, les inégalités, la question de la nature du droit de la nature et des animaux. Je demande de quel droit l’homme est devenu tout puissant et un peu destructeur, et autodestructeur, mais sous forme de comédie, comme j’ai l’habitude de faire.

Vous êtes à la fois réalisateur et producteur de vos films. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
J’ai toujours produit mes films. Premièrement, parce que j’aime beaucoup produire – cela permet de suivre un film du début jusqu’à la fin, d’essayer de comprendre chaque petite seconde de la vie d’un film. Deuxièmement, parce que j'ai compris avec mon premier film (que je n’ai pas produit) que si on n’est pas producteur, on n’est pas non plus maître du destin de son film. Quand on n'est pas maître de l’économie du film, l’artistique s'en ressent : un film mal financé en souffre artistiquement ou alors à la fin, on a un beau  film qui n’arrive pas au spectateur. Si on ne contrôle pas, si on ne collabore pas au marketing du film et à toute la réflexion qui consiste à décider comment amener cet objet bizarre qu'est un film jusqu’au spectateur, le film ne sert à rien : c’est trois ans de travail pour rien. Donc j'aime ça : m’impliquer partout, être éditeur et pas seulement artiste. Car maintenant, je produis de plus en plus les films des autres. Je suis comme un collectionneur : je ne peux pas tout créer moi-même. Il y a d’autres gens à mes côtés qui sont pleins de talent et j’aime bien être juste leur ambassadeur, leur pont pour les faire arriver, eux avec leurs idées, jusqu'au spectateur.

Quels sont pour vous les pouvoirs de la culture ?
Je crois que le pouvoir de la culture est un pouvoir grandissant qui demain va être énorme. Ce que j’appelle culture n’est pas quelque chose d’élitiste – il ne s'agit pas de connaître les poètes ou philosophes par cœur, ce n’est pas ça la culture. La culture consiste à se forger, à travers la pensée très différente des autres ou la richesse de leurs modes d'expression (que ce soit en musique, en peinture... : les oeuvres sont des expressions artistiques de l’Autre), à travers la beauté universelle aussi, un regard et un avis et sur le monde qui nous entoure. C'est comme cela qu'on devient des êtres intelligents et pas manipulés. Aujourd’hui, le monde agit énormément sur la pensée des gens : ils croient se faire acteurs du monde, grâce à Internet et toutes les nouvelles technologies, mais ils ne se rendent pas compte que, par manque de culture, ils sont manipulés et ils ne sont pas vraiment acteurs. On a vu avec les scandales récents qu’il y a des services secrets, et pas qu’à l’étranger – il n'y a pas que les Américains qui savent tout sur vous et vous manipulent. Il faut donc que l’être humain grandisse et il ne suffit par pour cela de manger et d'être économiquement à l’aise : il faut être beaucoup plus intelligent et avoir un libre-arbitre beaucoup plus sophistiqué. La diversité est une richesse qui permet de prendre des décisions intelligentes, pas simplistes, jusque dans les urnes, en ne votant plus Berlusconi comme c'est le cas depuis des années par exemple, parce que les gens ne se rendent pas compte que Berlusconi est un assassin du peuple italien, et d’une partie de l’Europe. Les actes de cet homme sont pourtant l'expression de la médiocrité que dans laquelle on vit aujourd'hui, et pas qu'en Italie, or cette médiocrité n’est pas digne du XXIème siècle et des peuples européens, qui pourraient faire des choses beaucoup plus belles que ça.

Qu'avez-vous pensé du Forum cette année ?
C’est toujours un plaisir de venir ici, justement parce qu’il y a beaucoup d’intelligences présentes et d’avis différents à entendre. C’est ça qui est intéressant : de se rendre compte parfois qu’on n’a pas raison. C’est un événement riche et on y fait des rencontres formidables. Le Forum accueille des gens venus des quatre coins du monde et chacun parle de ses problèmes, et c'est formidable de penser ensemble, de s’aider mutuellement. Avignon est fait pour ça : pour réfléchir ensemble, à un très haut niveau, et pour faire d'inestimables rencontres.

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