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Egil Ødegård • Producteur

"Of Horse and Men, un film qui veut mettre en évidence l'animal en l'homme"

par 

- Rencontre avec Egil Ødegård, coproducteur norvégien du film islandais Of Horses and Men

Egil Ødegård • Producteur

A quelques jours de la sortie dans les salles norvégiennes de Of Horses and Men [+lire aussi :
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interview : Benedikt Erlingsson
interview : Egil Ødegård
fiche film
]
, premier long-métrage du réalisateur islandais Benedikt Erlingsson, Cineuropa a rencontré  Egil Ødegård, le coproducteur norvégien du film. Ødegård, qui est aussi réalisateur à ses heures, dirige la société de production Filmhuset.

Cineuropa: Pourquoi avoir accepté de financer Of Horses and Men ?
Egil Ødegård : D'abord j'ai d'emblée beaucoup aimé le scénario, cette rivalité amoureuse dans un cadre rural, où la nature tient un rôle important, au même titre que les chevaux et les humains. Ensuite je connais bien le producteur principal Friðrik Þór Friðriksson, un Islandais avec lequel j'ai souvent collaboré. Et puis, grâce à ma fille, cavalière émérite, j'ai appris à aimer les chevaux dont j'avais peur, je l'avoue, il n'y a pas si longtemps. Enfin, j'aime beaucoup l'Islande et les Islandais, ces petits frères rebelles des Norvégiens. Mes aïeux pratiquaient la pêche sur les côtes islandaises, et j'ai, moi-même, le goût de la mer, ayant vécu, enfant, dans un phare dont mon père était le gardien.

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Le tournage du film s'est bien passé ?
Ving-huit jours de tournage, ving-huit jours de beau temps, une chance! On a commencé à préparer les chevaux un an à l'avance avec des vétérinaires, des spécialistes pour les entraîner. Aucun cheval n'a été blessé ni tué au cours du tournage. Les seules chutes bénignes, ce sont les acteurs qui en ont été les victimes. Pour rassurer les spectateurs, lors de la première à Reykjavik, on a fait venir sur scène un des chevaux apparemment malmenés dans le film.

Et les acteurs ?
La plupart sont islandais. Charlotte Bøving, qui interprète le personnage féminin principal, est danoise. Elle a obtenu le prix d'interprétation pour ce rôle au Festival d'Amiens. En tout cas, condition indispensable pour ce film, tous ont un bon rapport aux chevaux.

Qu'est-ce qu'un bon producteur ?
A mon avis, un bon producteur doit être humble: ce ne sont pas ses visions qui sont projetées sur l'écran. Il doit être lucide, être à même de voir quand ses propres idées aident le projet et quand elles le freinent. Il doit être honnête avec le réalisateur dans l'intérêt du film, savoir reconnaître ses torts, mais aussi être ferme et têtu quand il sent qu'il a raison et qu'il trouve, par exemple, les exigences des créateurs déraisonnables.

Le titre est important?  
Oh oui! Il doit plaire sans être trompeur. Un exemple: le titre anglais du film dont nous parlons fait référence au célèbre roman de Steinbeck, Des souris et des hommes, mais ne rend pas tout à fait compte du titre original islandais Hross i oss (Le cheval en nous). Je ne voudrais pas qu'on croit que Of horses and men est un western, un simple film d'action. A mon sens, par son humour implicite, il s'apparente aux films de Bent Hamer.

Le film s'inspire-t-il d'expériences vécues par Benedikt Erlingsson ?
C'est vrai qu'il entretient une relation personnelle très forte avec les chevaux, mais il s'inspire surtout des sagas anciennes, de la tradition orale islandaise, et aussi d'anecdotes, authentiques ou pas, glanées ici et là dès la petite enfance.

Of horses and men a déjà obtenu plusieurs récompenses. 
Oui, et trois de ces prix sont des prix du public, tel celui obtenu au Festival de Tromsø, où j'ai vu le film pour la première fois dans une grande salle. C'était émouvant de voir les réactions des spectateurs face à ce film avare de mots, car le réalisateur a choisi de laisser parler les regards, les silences, les tensions sous-jacentes. Il  voulait éviter de faire un film trop beau. Il tient à nous montrer une nature sauvage, primitive, dans le sens noble du terme; il veut mettre en évidence l'animal en l'homme, mais de façon positive. Nous sommes censés être civilisés depuis des millénaires, mais il reste encore en nous bien des forces primales, primaires. Il n'y a pas de mépris dans cette approche, mais beaucoup de tendresse pour les personnages. Je crois qu'on peut dire de Of horses and men qu'il est un film à la fois local, parce qu'il est ancré dans une réalité concrète bien précise, et global dans la mesure où il présente un caractère universel. Le public, quel qu'il soit, n'aura aucun mal à le comprendre. 

C'est un film à gros budget?
Non, environ 12 millions de couronnes (1,5 millions d'euros). Il aurait coûté 18 millions s'il avait été réalisé avant la crise économique en Islande. En Norvège le coût aurait été nettement supérieur. Filmhuset, ma société de production, qui existe depuis 1974, est associée à Europafilm, ma société de distribution, la plus ancienne de Norvège. Fondée en 1933, Europafilm est restée dans la même famille pendant trois générations, et la quatrième me l'a vendue. Nous souhaitons produire des films de qualité, de préférence européens. J'ai produit mon premier film à l'âge de 28 ans, et cela fait une vingtaine d'années que je suis producteur: c'est captivant, mais fatigant car j'ai un faible pour les films qui exigent beaucoup de moi. Je n'envisage pourtant pas de changer de métier.

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